Le Rideau Rouge et Quand tu liras cette lettre… : deux classiques Gaumont restaurés (en Blu-ray et DVD)

Note artistique globale : (3,5/5)

Synopsis

Le Rideau rouge : Bertal, directeur de théâtre, homme particulièrement odieux avec ses partenaires de scènes et l'équipe technique, est assassiné dans sa loge avant une représentation de Macbeth. Or, la police découvre petit à petit que le meurtre s'est opéré de la même manière que dans la pièce de Shakespeare…

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Quand tu liras cette lettre… : alors qu'elle s'apprêtait à faire ses vœux religieux et rentrer dans un couvent, Thérèse apprend la mort de ses parents. Elle renonce à sa vocation pour veiller sur sa sœur Denise. Naïve, cette dernière va s'amouracher de Max, un homme cynique et sans scrupule qui joue de ses charmes pour manipuler ses victimes et arriver à ses fins.

• Titre original : Le Rideau rouge - Quand tu liras cette lettre…
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1952, 1953
• Réalisation : André Barsacq - Jean-Pierre Melville
• Casting : (1) Michel Simon, Pierre Brasseur, Monelle Valentin, Jean Brochard, Olivier Hussenot, André Versini (2) Juliette Gréco, Philippe Lemaire, Irène Galter, Yvonne de Bray, Yvonne Sanson, Daniel Cauchy, Claude Borelli, Roland Lesaffre, Robert Dalban, Fernand Sardou
• Durée : 1 h 24 mn 33 - 1 h 46 mn 50
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français, anglais
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : (1) Une Amitié au long cours avec Jean-Louis Barsacq fils du réalisateur et Jacqueline Blancart-Cassou (47 mn 29, réalisation Mathieu Marois et Roland-Jean Charna) - Le Rideau rouge restauré (3 mn 19) (2) Quand tu liras cette lettre... Post-scriptum avec Olivier Bohler (25 mn 19, réalisation Céline Gailleurd) - Quand tu liras cette lettre... restauré (3 mn 04) - bande annonce (3 mn 45)
• Éditeur : Gaumont

Commentaire artistique

Le Rideau rouge Note artistique : (4/5)

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Écrit et dialogué par Jean Anouilh, complice de toujours du cinéaste André Barsacq qui le réalisa, Le Rideau rouge porte un sous-titre explicite, Ce soir on joue Macbeth. En effet au cœur de cette intrigue policière, la tragédie de Shakespeare est intimement liée au meurtre d’un directeur de théâtre et c’est à une diabolique mise en abyme entre théâtre et cinéma, avec en quelque sorte un spectacle dans le spectacle, que nous convient les auteurs et les acteurs de ce drame. Au spectateur du film de faire la part subtile de ce qui lui revient en tant que celui qui regarde Le Rideau rouge par rapport à celui (en fait lui-même) qui assiste à la représentation de la pièce Macbeth jouée sous ses yeux ! C’est à une double fiction que nous invite le film en mêlant intiment la dramaturgie de deux formes de média aux codes bien différents, cinéma et théâtre. Pour son unique film, André Barsacq sait de quoi il retourne puisqu’il était lui-même un grand metteur en scène de théâtre et monta nombre de pièces de son ami de toujours Jean Anouilh dans le théâtre de l’Atelier qu’il dirigeait. C’est d’ailleurs précisément dans ce théâtre, loin des studios, qu’il réalise Le Rideau rouge, véritable mise en abyme jusque dans son tournage, et pousse l’habileté jusqu’à respecter dans le film les règles d’unité de lieu, d’action et de temps tout en conférant à son Macbeth la mobilité d’un tournage de cinéma. Si à l’analyse le film d’André Barsacq révèle uns structure très compliquée d’emboitements multiples, il constitue au premier degré un excellent divertissement pour qui aime le genre policier. Et même si le mystère du crime n’est pas très difficile à élucider, la qualité de l’interprétation procure une réelle satisfaction d’autant plus que toute l’essence de ce polar ingénieux réside dans le plaisir de voir jouer une tragédie shakespearienne par une troupe d’excellents acteurs.

Quand tu liras cette lettre… Note artistique : (3,5/5)

Mélodrame tortueux avec Juliette Greco en nonne déterminée et Philippe Lemaire en beau gosse sans scrupule, Quand tu liras cette lettre… est réalisé par Jean-Pierre Melville sur un scénario efficace et des dialogues de Jacques Deval (qui tient brièvement le rôle du juge). Après plusieurs films qui l’avaient classé comme auteur intellectuel, le réalisateur dirigeait une production franco-italienne commerciale et ne se faisait aucune illusion, jugeant son travail comme très conformiste. Effectivement ce n’est pas du grave et sombre Melville mais l’auteur est sans doute trop sévère avec lui-même car sa mise en scène est loin d’être banale et use habilement d’une intrigue aux péripéties complexes et au suspense bien menée. Les thèmes récurrents chez ce cinéaste, la tragédie et le poids de la destinée, sont excellemment employés, la collusion entre la passion charnelle et la spiritualité étant le moteur inexorable de cette ténébreuse histoire splendidement filmée en noir et blanc par Henri Alekan qui livre une vision inédite et plombée de la Côte d’Azur. On se souviendra longtemps de la silhouette noir longiligne de Juliette Greco et de son visage aquilin admirablement parfait pour incarner cet ange exterminateur. À ses côtés, le beau jeune premier (et futur mari de la comédienne) Philippe Lemaire, jouant avec classe le salaud intégral, et divers seconds rôles pittoresques (Robert Dalban, Fernand Sardou) participent de l’atmosphère bien lugubre qui baigne cette histoire. Car, en effet, cette noirceur absolue qui caractérise le cinéma de Jean-Pierre Melville parvient à démarquer cette production commerciale de ses semblables. Un film sans doute mineur mais qui mérite indéniablement d’être redécouvert.

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Commentaire technique

Le Rideau rouge

Image : copie HD, restaurée et numérisée en 2K par Eclair (image) et L.E. Diapason (son) en 2017, excellente définition rarement prise en défaut, léger grain, très bon contraste, défauts gommés, étalonnage équilibré, noirs denses, gamme de gris régulière

Son : mixage monophonique français clair, sans résonnance ou distorsion, spectre resseré

Quand tu liras cette lettre…

Image : copie HD restaurée en 2017, très belle définition, superbe contraste, étalonnage homogène, noirs profonds, gamme de gris équilibrée, défauts (taches blanches, rayures) supprimés

Son : mixage français monophonique clair et distinct, équilibré, aigus limités, sans distorsion ou bruit de fond

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