La Passion de Jeanne d’Arc : de l’art du très gros plan (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(4,5/5).
Synopsis :
En 1431 débute le procès de Jeanne dans le château de Rouen, devant un tribunal ecclésiastique au service de l'occupant anglais. Enchaînée, avec une simplicité désarmante, elle explique ses gestes devant une foule qui a décidé de la condamner avant même le début de son jugement…
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• Titre original : La Passion de Jeanne d’Arc
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame, historique, biopic
• Année : 1928
• Réalisation : Carl Theodore Dreyer
• Casting : Renée Jeanne Falconetti, Eugene Silvain, André Berley, Maurice Schutz, Antonin Artaud, Michel Simon
• Durée : 1 h 36 mn 57
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 musique
• Bonus : Parcours d'un film supplicié, documentaire inédit de Roland-Jean Charna avec les témoignages de Jean Sémolué, Hervé Dumont et Vincent Pinel (54 mn 23)
• Éditeur : Gaumont
Commentaire artistique
Difficile de ne pas ressentir toute la douleur qu’exprime ce visage mémorable qui envahit l’écran et qui ne lâche plus le spectateur de La Passion de Jeanne d’Arc, film que Carl Theodor Dreyer, fameux cinéaste danois, réalisa en France en 1928 invité par la Société Générale des films. Considéré comme un des plus beaux films du monde, son élaboration ne se fit pas sans difficulté et le choix du sujet aurait été décidé par un tirage au sort (cf., bonus). Le scénario, que le réalisateur écrit avec Joseph Delteil dont l’ouvrage « Jeanne d’Arc » (1925) sert de référence, ne concerne que le procès de la Pucelle, un des rares documents authentique sur cette jeune fille mystérieuse qui se ne cesse de se dérober aux historiens tout en étant revendiquée par bien des courants ! D’emblée le cinéaste se refuse à faire un film historique et cherche à poursuivre des recherches cinématographiques qu’il avait déjà expérimentées dans son film précédent, Le Maître du logis (1925). Cette intention explique les partis pris artistiques : décors schématiques d’Herman Warm et Jean Hugo, refus d’accessoires et sobriété absolue (parois peintes en blanc), esthétisme de la photographie en très gros plans des visages d’acteurs au naturel, cadrages biscornus opérés par Rudolph Maté, linéarité du récit limité à quelques rares lieux presque en huis clos (prison, salle de torture, cellule, échafaud). Décidé à extirper l’âme de ses personnages par des plans si rapprochés que tous les détails des traits du visage (y compris les défauts de la peau) remplissent le cadre, Carl Theodor Dreyer conçoit cette passion, à l’instar de celle de Jésus-Christ, comme une introspection éloignée de toute hagiographie (Jeanne d’Arc vient d’être canonisée en 1924) qui s’appuie scrupuleusement sur les minutes (ici très condensées) du procès et évacue toute possibilité de surnaturel. L’objectivité de ce compte-rendu, renvoyant dos à dos la souffrance de Jeanne et l’obstination des ecclésiastiques, semble être contredite en contrepoint par tous ces visages omniprésents aux trognes parfois incroyables, qui masquent à peine le penchant du cinéaste. Cette passion indicible, douloureuse de bout en bout jusqu’au sacrifice final admirablement filmé, n’aurait pas eu une telle intensité sans l’extraordinaire composition de son interprète Renée Falconetti, une actrice de théâtre qui livra, dans toute le réalisme crû de ses très gros plan, le portait si bouleversant de Jeanne qu’elle en est devenue une icône. Le reste du casting caractérise à la perfection les hommes d’église et les soldats qui entourent Jeanne ; on reconnaîtra Antonin Artaud en doyen bienveillant. La stylisation du film, l’expressivité des acteurs à la limite de l’outrance et l’audace de sa mise en scène déconcertèrent le public. Pourtant Carl Theodor Dreyer semble avoir pleinement réussi son souhait d’entrainer le spectateur dans les profondeurs de l’émotion grâce à un montage vertigineux et un tournage dans l’ordre chronologique. Le film conserve toujours intacte la puissance de son évocation. Chef-d’œuvre incontestable, le film a failli disparaître à jamais (cf., bonus) mais une copie en très bon état du négatif original non censuré retrouvée miraculeusement dans un asile norvégien en 1981 a permis de le reconstituer comme en témoigne cette belle édition haute-définition accompagnée d’une grandiose musique à l’orgue enregistrée à Lyon. Une expérience cinématographique exceptionnelle et unique.
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Commentaire technique
Restauration par Gaumont en 2015 avec aide du CNC à partir d’un contretype numérique tiré par La Cinémathèque française lors de la reconstruction du film en 1985. Les négatifs originaux ayant disparus, la version a été effectuée à partir d’une copie nitrate en très bon état conservée au Danske Filmuseum de Copenhague et retrouvée en 1981 dans un asile d’Oslo. Les cartons danois ont été remplacés, en respectant leur place intentionnelle, par des cartons en français traduits par Maurice Drouzy.
La musique nouvelle a été composée par Karol Mossakowski et enregistrée en 2016 par Mathilde Genas sur l’orgue Cavaillé-Coll de l’auditorium de Lyon.
Image : copie HD, hormis un grain omniprésent, la précision de l’image est absolument sidérante avec une restitution exceptionnelle de la texture de la pellicule panchromatique utilisée au tournage et magnifique sur les visages, cadence de projection respectée et stabilisation du cadre, légère fluctuation du contraste par ailleurs excellent dans le cadre image, superbe contraste, étalonnage lumineux, noirs denses, gamme de gis régulière, majorité des défauts de pellicule disparus ou atténués, seule bémol pour le cinéphile pur et dur le léger recadrage (disparition des angles arrondis)
Son : mixage musical à l’orgue en 2.0 enregistré à Lyon avec une belle ampleur et une incroyable dynamique mais qui aurait pu bénéficier (pour la réverbération de ce magnifique instrument) d’un mixage 5.1…
Notre avis
Image : (4,5/5)
Mixage sonore : 
(4/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : http://www.imdb.com/title/tt0019254/
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