The Deadly Affair (M.15 demande protection) : adaptation méritoire de John Le Carré (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Samuel Fennan, employé au Ministère des Affaires Etrangères, accusé d'amitiés communistes, est retrouvé mort. Tout pousse à croire à un suicide mais Charles Dobbs, en charge de l'enquête pour le Ministère de l'Intérieur et qui a rencontré Fennan la veille de sa disparition, ne croit pas qu'il se soit ôté la vie. Ses supérieurs veulent classer l'affaire mais Dobbs insiste et finit par démissionner afin d'avoir les mains libres pour mener son enquête.

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• Titre original : The Deadly Affair
• Support testé : blu-ray
• Genre : thriller, espionnage
• Année : 1966
• Réalisation : Sidney Lumet
• Casting : James Mason, Simone Signoret, Maximilian Schell, Harriet Andersson, Harry Andrews, Kenneth Haigh, Roy Kinnear
• Durée : 1 h 47 mn 01
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : présentation du film par Bertrand Tavernier (25 mn 33) - par François Guérif (6 mn 25) - par Patrick Brion (9 mn 12) - bande annonce (2 mn 29) - galerie de photographies (1 mn 45)
• Éditeur : Sidonis Calysta Films

Commentaire artistique

Le film dirigé par Sidney Lumet adapte « L’appel du mort », premier roman que John Le Carré publia en 1961 et dans lequel l’écrivain britannique peaufine son futur style avec une intrigue fondée sur l’espionnage durant la guerre froide et sa galerie de personnages à la psychologie complexe mais aux personnalités passe-partout (anti James Bond). Fort bien écrit, le scénario de Paul Dehn - qui avait déjà adapté L’Espion qui venait du froid l’année précédente - parvient à transposer la structure « mille-feuilles » du roman, à explorer les nombreuses orientations de l’intrigue, ne négligeant pas le suspense bien que le film soit très bavard, et à traduire toute l’intensité du drame. La générique est prestigieux avec la composition toute en finesse de James Mason qui incarne George Smiley, héros récurrent chez John Le Carré, rebaptisé ici Charles Dobbs pour des questions de copyright… L’acteur est entouré efficacement par la talentueuse Simone Signoret et la séduisante Harriet Andersson. Dans des rôles secondaires indispensables, Maximilian Schell, Harry Andrews et Roy Kinnear font preuve d’une belle dose de crédibilité dans leurs compositions respectives. Bien que le réalisateur soit américain et le casting international, la transposition s’accommode parfaitement des mœurs britanniques et de l’atmosphère londonienne. Les ambiances bénéficient d’ailleurs d’une photographie tout à fait particulière à la tonalité froide et grisâtre obtenue par le directeur de la photographie, Freddie Young, par un travail sur le négatif pour en atténuer la saturation colorée. La mise en scène très classique ne suscita pas les louanges et John Le Carré ne fut guère satisfait de l’adaptation ; pourtant, outre la noirceur de l’intrigue, M. 15 demande protection en VF (un stupide contresens) est nettement plus captivant que bien des films d’espionnage basique. L’évocation très nuancée réussit à donner une réelle véracité au portrait de son protagoniste principal, dont on devine aisément qu’il monopolise l’attention de Sidney Lumet, avec toutes les qualités et les failles de son humanité, empêtré entre ses déboires conjugaux et son enquête personnelle. Le thème de la trahison, adroitement souligné par une scène-clé avec une représentation d’une pièce de Shakespeare, concerne bien des personnages de l’histoire et parvient à compenser un relatif manque d’action. Bien que l’on regrette certains bonus présents sur le blu-ray américain qui vient de paraître (notamment les interviews de James Mason en 1967 et de Sidney Lumet en 1983), l’édition française restaurée mérite d’être vue afin d'apprécier cette adaptation de John Le Carré associant la clarté de la narration à la magistrale interprétation de James Mason

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Commentaire technique

Image et son restaurés

Image : copie HD, définition variable, parfois avec un bon piqué sur les gros plans, granulation perceptible mais atténuée numériquement, bon contraste, étalonnage froid, colorimétrie terne, couleurs manquant de vivacité, tons tirant vers les marrons-gris (respectant le travail de Freddie Young directeur de la photographie)

Son : mixage monophonique anglais clair et dynamique, pas de défaut, VF ancienne plus grave avec dialogues trop présents