Rue des Cascades : une restauration exemplaire pour un drame précurseur (en DVD et VOD)

Note artistique : (4/5).

Synopsis :

Hélène, séduisante veuve et mère du petit Alain, tient un café-épicerie à Ménilmontant. Lorsqu’elle essaie de refaire sa vie avec Vincent, un Antillais de vingt ans, Alain témoigne d’abord de l’hostilité à ce dernier avant d’être conquis par sa gentillesse et de devenir son ami. À cause d’un drame de la jalousie où son amie Lucienne est assassinée par son mari, Hélène prend conscience de sa différence d’âge avec Vincent et décide de mettre fin à leur liaison.

LA SUITE APRÈS LA PUB

• Titre original : Un Gosse de la butte (Rue des Cascades)
• Support testé : DVD
• Genre : drame
• Année : 1964
• Réalisation : Maurice Delbez
• Casting : Madeleine Robinson, René Lefèvre, Lucienne Bogaert, Daniel Jacquinot, Serge Nubret, Suzanne Gabriello
• Durée : 1 h 28 mn 14
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : Dolby Digital 2.0 monophonique français
• Bonus : entretien inédit avec Maurice Delbez réalisateur (42 mn 59) - retour rue des Cascades (7 mn 44) - essais filmés des enfants (7 mn 05) - générique de travail (0 mn 10) - générique d’exploitation (1 mn 20) - Ménilmontant-Belleville, terres d’accueil ?, film de Patrice Spadoni, produit par Canal Marches (14 mn 50) - bande annonce (3 mn 57)
• Éditeur : M6 Vidéo SND

Commentaire artistique

Deux raisons majeures, indépendamment de la qualité artistique du film, suffiraient à justifier le sauvetage du drame Rue des Cascades que Maurice Delbez réalisa en 1964 et que le distributeur Columbia ne conserva qu’une semaine à l’affiche ! La première raison est celle de son scénario incroyablement en avance sur son temps : adaptant le roman de Robert Sabatier « Alain et le nègre », Jean Cosmos et le réalisateur ont traités, sous la forme d’une vision angélique innocente d’un jeune garçon, Alain, de problèmes de société qui sont loin d’être évacués aujourd’hui : la mixité des couples, le racisme, la tolérance et l’émancipation. Avec son réalisme cru et ses dialogues bien sentis, le film ne fait mystère d’aucun tabou, ancrant son histoire dans le quartier populaire parisien de Belleville touché par l’immigration des années 60. La seconde raison réside dans sa valeur documentaire : le film a été tourné en décors naturels pour tous ses extérieurs et livre au spectateur actuel un témoignage inégalé sur l’état physique d’un Paris populaire où les constructions sordides voisinent avec les friches : la superbe photographie en noir et blanc de Jean-Gorges Fontenelle, dans l’esprit des grands photographes de l’époque, nous plonge dans l’environnement pittoresque et suggestif de la rue des Cascades. La restauration admirable du film (l’éditeur qui aurait dû opter pour le support blu-ray mais se rattrape heureusement par des bonus conséquents), qui permet d’apprécier totalement la dimension documentaire de ses images et le modernisme de son scénario, profite grandement à son intérêt cinématographique. La distribution adulte est irréprochable, dominée par la composition subtile de Madeleine Robinson entourée par Serge Nubret, futur Mr. Univers, et Suzanne Gabriello dans son premier long-métrage. René Lefèvre et Lucienne Bogaert rivalisent de faconde dans leurs rôles de clients pittoresques du bar. Côté enfants, Maurice Delbez embaucha cinq garçonnets et une fillette au naturel confondant : Daniel Jacquinot qui incarne Alain, le candide de l’histoire, est tout simplement excellent dans le seul film auquel il participa. Féministe et progressiste Rue des Cascades ruina son réalisateur et effraya les exploitants des années 60 qui n’anticipèrent pas que peu après, en 1968, tous les audaces présentées dans le film allaient trouver leur acceptation ! Il n’est que justice que d’avoir pu ressusciter ce film « maudit » dont la restauration exemplaire autorise enfin à savourer l’indéniable avant-gardisme.

Commentaire technique

Restauration et numérisation financées par le CNC, le Forum des Images et 155 donateurs du site de crowfunding Celluloid Angels : les négatifs, image et son, étaient en très mauvais état (déchirures, moisissures, surface gondolée, perforations abimées…). Un important travail de restaurations manuelles a sauvé les négatifs (Daems) qui ont été numérisés en 4K puis ont subi une restauration numérique et un nouvel étalonnage (HIVENTY et FILMO).

LA SUITE APRÈS LA PUB

Image : copie SD, incroyable définition pour un DVD digne d’un blu-ray, superbe contraste, étalonnage homogène, échelle de gris régulière, noirs profonds, blancs nuancés, défauts de pellicules disparus

Son : mixage français monophonique clair et dynamique, bien équilibré, sans bruit de fond, de défaut, de distorsion