Soudain l’été dernier : une adaptation inspirée de Tennessee Williams (en blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5).

Synopsis :

Le docteur Cukrowicz vient de prendre ses fonctions à Lions View, un hôpital psychiatrique de La Nouvelle-Orléans, mais est rapidement découragé par le manque de moyens octroyés à l'établissement. C'est alors qu'il reçoit une étrange proposition de la part de Violet Venable, une riche notable qui vient de perdre son fils Sebastian dans des circonstances étranges. Celle-ci est prête à lever un fonds d'un million de dollars si le Dr Cukrowicz accepte de pratiquer une lobotomie sur sa nièce Catherine qui, selon elle, aurait perdu la raison depuis la mort de son cousin…

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• Titre original : Suddenly, Last Summer
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1959
• Réalisation : Joseph L. Mankiewicz
• Casting : Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn, Montgomery Clift, Albert Dekker, Mercedes McCambridge, Gary Raymond
• Durée : 1 h 54 mn 16
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 1.0 monophonique anglais, français
• Bonus HD : Le Prédateur et la proie, entretien avec Michel Ciment, historien du cinéma (25 mn 36), bande annonce (2 mn 43)
• Éditeur : Carlotta Films

Commentaire artistique

La pièce de Tennessee Williams, récemment montée au Théâtre de l’Odéon, a été adaptée par Gore Vidal pour le cinéma et réalisée par Joseph L. Mankiewicz. Les thèmes essentiels de la folie et de l’homosexualité, accessoirement la prostitution et le cannibalisme, abordés par le dramaturge et exprimés par les trois protagonistes principaux sont magistralement transposés à l’écran par la grâce d’une mise en scène exemplaire et l’immense talent des stars engagées. Le film manie hardiment les symboles et les sous-entendus au gré d’une intrigue au fort potentiel psychanalytique : la pièce comme le film ont d’ailleurs été l’objet de savantes analyses aptes à décrypter les clés de compréhension. Au-delà de l’affrontement entre la veuve Violette et sa nièce Catherine arbitrée par le neurochirurgien Cukrowicz, occasion de superbes numéros d’acteur, le récit fonctionne par métaphores freudiennes avec le récit « codé » de Violette sur son fils Sébastien dont elle dénie l’homosexualité et auquel elle voue un amour incestueux, le symbole de la prédation plusieurs fois répétés et l’inversion des situations au fil du récit. Film de dialogues plus que d’action, la réalisation ne respecte par le découpage de la pièce, use de flash-backs multiples et réussit habilement à accentuer la sensation d’huis-clos par de longues séquences en décors de studio magnifiquement photographiés en noir et blanc par Jack Hildyard. La mise en scène brillante parvient à souligner toute la complexité du drame, à en extirper les éléments les plus dissimulés et à dénouer l’écheveau de mensonges qui règlent la vie des personnages. Les trois interprètes font assaut de professionnalisme et si Montgomery Clift accuse les séquelles d’un récent accident automobile, Katherine Hepburn et Elizabeth Taylor, pourtant toutes deux affectées par des problèmes de couple, monopolisent l’attention dans leurs deux grandes scènes respectives. Malgré les ciseaux de la censure, la mémorable scène finale où tout se clarifie témoigne d’une virtuosité rare : la version cinématographique de Soudain l’été dernier n’a rien perdu de sa puissance dramatique.

Commentaire technique

Image : copie HD, nouveau master restauré 4K, très belle définition sur les gros plans, granulation, excellent contraste, étalonnage homogène aux noirs francs et gris bien dégradés, défauts disparus (comparez avec la bande annonce…)

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Son : mixage anglais monophonique clair, sans bruit de fond ni distorsion, VF moins convaincante pour ce film de dialogues qui gomme totalement le jeu des acteurs…