Actualités DVD « Homo Sapiens » : ni documentaire, ni Science-Fiction, un constat sans appel sur le legs actuel de l’humanité…

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Une école, un hôpital, une salle de spectacle, une prison… Ces bâtiments construits par les Homo sapiens ont été désertés et la nature y a repris ses droits. Ils accueillent désormais les vents, les pluies, la faune et la flore sans résistance. À travers une série de plans fixes, Nikolaus Geyrhalter tend ces paysages vers le spectateur comme des miroirs. Libre à celui-ci d'y projeter ses fantasmes, d'imaginer le scénario qui a donné lieu à l'éclipse de ses semblables. Mais comme tout film de science-fiction, Homo Sapiens nous parle avant tout du présent. Ces créations humaines dont les degrés de décrépitude varient, sont aussi, indirectement, des créations naturelles. Elles resituent l'être humain dans un cadre qui l'englobe bel et bien, et vis-à-vis duquel sa position reste à définir.

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• Titre original : Homo Sapiens
• Support testé : DVD
• Genre : documentaire expérimental
• Année : 2016
• Réalisation : Nikolaus Geyrhalter
• Casting : oiseaux, mouches et architectures en ruines
• Durée : 1 h 30 mn 14
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 bruits naturels
• Bonus : entretien avec Nikolaus Geyrhalter Cinéma du Réel 2016 (5 mn 05) - bande annonce (1 mn 34) - livret de 24 pages
• Éditeur : Blaq out

Commentaire artistique

Nikolaus Geyrhalter n’a pas oublié son passé de photographe : l’esthétisme de son nouveau film est proprement ébouriffant, chaque image - le film est construit en une succession de plans fixes - procure une réjouissance visuelle qui contraste avec les lieux filmés, vestiges rouillés envahis par la végétation et par l’humidité d’activités humaines abandonnées. Sous ses faux airs de film de science-fiction post-apocalyptique, Homo Sapiens propose, tout en laissant au spectateur la liberté d’interpréter ces images sans commentaire ni musique, une réflexion sur l’humanité, sur son empreinte dans la nature, sur son devenir et sur son passé. C’est au prix de cinq ans de recherches dans tous les coins du globe que l’équipe du film a pu offrir une variété de lieux abandonnés des hommes et des institutions qui ne cessent de surprendre par les histoires qu’elles suggèrent et d’émerveiller par la beauté ténébreuse de leurs ruines encore empreinte d’humanité. Grâce à un savant montage, découlant d’un travail très sophistiqué de Michael Palm sur le rythme des séquences, et une juxtaposition habile de lieux « insolites », la curiosité du « spectacle » ne faiblit pas, la vision étant sans cesse renouvelée d’un endroit à un autre soutenu par une discrète mise en scène portant sur les sons (mis en forme par Peter Kutin), les éléments (vent, pluie, oiseaux…), voir l’éclairage retouché en numérique. La fausse neutralité du film, d’ailleurs assumé comme subjectif, est contredite par la somptuosité des sites retenus : lac salé en Argentine, île désertée près de Fukushima, mosaïque du monument de Buzludzha en Bulgarie. Sans véritable histoire, mais structuré en post-production, le film dépasse son apparence de documentaire en suggérant une ou plusieurs fictions qui naitraient de la succession d’images jamais troublées par la moindre respiration humaine et pourtant loin d’être désincarnées. Clairement écologique, Home Sapiens ne doit pas être compris seulement comme une critique de l’action humaine et une évocation de la disparition possible de l’humanité, suggérée par des ruines vides de toute présence humaine, mais aussi comme une enquête sur la trace que nos sociétés légueront aux futures générations. Esthétique, archéologique et fascinant, Homo Sapiens nous place en observateur de nos propres incohérences : un spectacle somptueux sur un héritage discutable que les nombreuses interrogations suscitées par ce film sans parole n’essayeront pas de clarifier. Magnifique et effrayant.

Commentaire technique

Copie SD d’une très belle définition (qui fait regretter l’absence du format blu-ray), superbe contraste, étalonnage et colorimétries naturels, teintes nuancées réalistes ; mixage naturaliste 5.1, aucun dialogue, bruits ambiants extraordinairement présents avec une spatialisation spectaculaire, recréée souvent pour le film (mouches, pigeons, bruissements, vent, mer…), et une répartition sophistiquée sur les surrounds

Notre avis

Image : (4,5/5)
Mixages sonores : (5/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)