Actualités Blu-ray/DVD « Tokyo Sonata » : famille en voie de destruction…

Note artistique : 4/5)

Synopsis

Portrait d'une famille japonaise ordinaire. Le père, licencié sans préavis, le cache à sa famille. Le fils ainé est de plus en plus absent. Le plus jeune prend des leçons de piano en secret. Et la mère, impuissante, ne peut que constater qu'une faille invisible est en train de détruire sa famille.

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• Titre original : Tokyo Sonata
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 2008
• Réalisation : Kiyoshi Kurosawa
• Casting : Teruyuki Kagawa, Kyôko Koizumi, Yû Koyanagi, Kai Inowaki, Haruka Igawa, Kanji Tsuda, Koji Yakusho
• Durée : 2 h 00 mn 14
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 japonais
• Bonus : Making of (58 mn 09) - bande annonce (1 mn 42) - DVD du film
• Éditeur : ARP Editions

Commentaire artistique

Plusieurs prix, dont celui du Jury section « Un certain regard » à Cannes, récompensèrent Tokyo Sonata, ce film qui marquait un tournant dans la carrière du cinéaste Kiyoshi Kurosawa réputé pour ses films fantastiques. Le titre fait référence à une série télévisée japonaise narrant la vie d’une famille dans sa banalité quotidienne et qui convient bien à l’intention du réalisateur soucieux de traduire à l’écran une certaine confusion produite par la crise existentielle qui touche ce foyer symbolisant la société nipponne. Au centre de la famille, la figure du père qui n’existe qu’en affirmant violemment son autorité relève d’une conception archaïque où l’omerta sur les activités extérieures du chef de famille est la règle. A l’opposé la mère, cloitrée dans sa demeure, ignore tout de l’extérieur mais constitue le pivot majeur de l’existence du foyer familial. Le scénario a imaginé deux fils tout aussi symboliques, un ado en rébellion que la société finit par isoler et un aîné qui cherche la liberté à tout prix, même au péril de sa vie, en s’engageant pour aller combattre en Irak ! Si la destinée de tous ces personnages relève avant tout de la peinture sociale, Kiyoshi Kurosawa ne s’interdit pas quelques touches de fantastique, voire d’horreur dont il a le secret (plan de certains objets, mouvement de caméra, bruits, etc.), ni quelques scènes délirantes avec même une note d’humour incongrue lorsqu’il imagine un lamentable hors-la-loi qui servira de déclencheur extérieur à la destruction de la famille. Dans le rôle du père, Kiyoshi Kurosawa retrouve Teruyuki Kagawa qu’il avait dirigé dans Hebi no michi en 1998 : l’acteur compose avec crédibilité ce personnage banal et impuissant qui ne cesse de tergiverser entre ses mensonges et sa soif d’autorité mais qui s’avère capable de rédemption par la musique. C’est d’ailleurs d’elle que viendra le possible sauvetage de la cellule familiale en pleine décomposition comme le suggère la très belle scène finale qui réconcilie parents et enfant sur le « Clair de Lune » de Debussy. Dans le rôle de la mère, Kyôko Koizumi, que l’on retrouvera en 2012 dans Shokuzai du même cinéaste, apporte toute la subtilité et la sensibilité d’une interprétation remarquable. La mise en scène méticuleuse de Kiyoshi Kurosawa, qui privilégie les cadrages soignés et une certaine sobriété dans la mise en scène, n’est pas sans rappeler le cinéma d’Ozu, le maître de l’épure, mais le propos est ici foncièrement différent. Avec ce film le réalisateur japonais démontrait qu’il était tout aussi à l’aise dans l’évocation du drame existentiel de la société nipponne, liée par ses codes, son culte du secret et ses violences latentes, que dans l’exploitation plus démonstrative et envoûtante de la veine fantastique qu’il exploitera dans ses œuvres suivantes, Shokuzai (2012), Real (2013) et Vers l’autre rive (2015).

Commentaire technique

Copie HD bien définie, excellent contraste, étalonnage et colorimétrie naturalistes sauf en intérieur, teintes tranchées sans dominante, couleurs réalistes exceptées certains parti pris d’éclairage artificiel ; mixage japonais 2.0 clair et dynamique, spatialisation frontale discrète, mis en avant de certains sons, des dialogues et de la musique

Notre avis

Image : (4/5)
Mixage sonore : (4/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)