Actualités Blu-ray/DVD « Frantz » : du mélo au récit initiatique…

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. Cette présence à la suite de la défaite allemande va provoquer des réactions passionnelles dans la ville.

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• Titre original : Frantz
• Support : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 2016
• Réalisation : François Ozon
• Casting : Pierre Niney, Paula Beer, Ernst Stötzner, Marie Gruber, Anton von Lucke, Johann von Bülow, Cyrielle Clair, Alice de Lencquesaing
• Durée : 1 h 53 mn 40
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,39/1 noir et blanc et couleur
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 français et allemand
• Bonus : essais costumes & lumière (3 mn 59) - scènes coupées (12 mn 32) - projets d’affiches (2 mn 28) - Frantz Mostra de Venise 2016 (5 mn 37')
• Éditeur : Francetvdistribution

Commentaire artistique

François Ozon avertit, qu'en s’inspirant librement du film L’Homme que j’ai tué (1932, Broken Lullaby) d’Ernst Lubitsch, il a voulu réaliser un « film sur le mensonge ». Son film et celui de Lubitsch trouvent leurs racines dans une pièce de théâtre que Maurice Rostand, fils ainé de l’écrivain et militant pacifiste, tira de son roman homonyme en 1930. Frantz n’est cependant pas un calque filmé de la pièce, ni un remake du film de Lubitsch : le réalisateur a décidé de narrer la même intrigue du point de vue de la fiancée allemande et non de celui du soldat français repentant comme l’avait imaginé Maurice Rostand. Ce choix s’explique par un enjeu dramaturgique plus fort puisqu’on ne découvrira le secret d’Adrien que vers le milieu du film et que dans la suite de l’histoire, le destin d’Adrien et d’Anna sont radicalement modifiés. François Ozon n’hésite pas à jouer avec les codes du mélodrame, jouant sur la corde avec le malentendu initial et la culpabilité, sacrifiant la crédibilité de son histoire à une peinture des sentiments plus exacerbés que nature : son film implique une réelle adhésion émotionnelle à la psychologie de ses personnages et à la construction de l’histoire qu'il faut comprendre comme un apprentissage amoureux allant du temps de l’illusion romantique de la jeune fille à la trivialité de la passion de la femme. Frantz est en effet surtout la révélation d’une jeune comédienne allemande, Paula Beer, au talent incontestable et très photogénique de surcroît. Pierre Niney, qui compose le personnage tourmenté d’Adrien avec la dextérité d’un comédien expérimenté, lui confère toute la part de mystère et d’ambiguïté nécessaire et parvient à éviter l’affectation que pouvait susciter un tel rôle en restant dans la tonalité du jeu de Paula Beer et de tout un casting, allemand et français, assumant l’intensité de rôles équivoques. Filmé en Allemagne et en France avec un réel souci d’authenticité, secondé par un tournage en noir et blanc (la couleur n’intervient ponctuellement que pour souligner certaines émotions), Frantz s’inscrit dans la lignée de ces grands mélodrames sublimant les passions par une esthétique signifiante, ici superbement maitrisée. Triomphe de l’illusion du cinéma et de l’éducation sentimentale, Frantz trouve toute sa justification scénaristique et romanesque dans ce tableau « Le suicidé » peint par Manet en 1877, une métaphore picturale sur le mensonge pour ce très beau film à la thématique complexe, qui, du malentendu au drame hérité de la Première Guerre, ne cesse de dépeindre l’accomplissement de son héroïne.

Commentaire technique

Copie HD très bien définie, excellent contraste, noir et blanc équilibré avec des noirs profonds et des gris nuancés, couleurs naturalistes, teintes nuancées ; mixage français et allemand 5.1 aux dialogues centrés dynamiques, excellente spatialisation avec une répartition naturaliste des bruitages (trains) et de la musique, surrounds très efficaces