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Coffret Grigori Tchoukhraï incluant « La Ballade du soldat » en version restaurée

coffret Grigori Tchoukhrai

Note artistique globale : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Note technique globale :etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise (3,5/5)

Synopsis

Communisme convaincu, Grigori Tchoukhraï, diplômé de l’Institut national du cinéma en 1952, débute sa carrière à la Mosfilm où il va réaliser ses trois premiers films réunis dans ce coffret, dont le magnifique drame humaniste La Ballade du soldat qui lui vaudra une réputation internationale en 1960.

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Le Quarante et unième : la guerre civile en Russie. Un détachement de l'Armée Rouge en mission de reconnaissance dans les sables désertiques d'Asie centrale. Marioutka est l'unique femme au milieu de ces rudes soldats. Elle en est aussi le premier tireur d'élite et a déjà inscrit quarante tués dans les rangs adverses à son tableau de chasse. Au cours de l'opération, les rouges s'emparent d'un lieutenant de la Garde Blanche. Le prisonnier sera la quarante-et-unième victime de Marioutka. En attendant, les voici seuls face à l'immensité des sables, du ciel et de la mer, en proie à des sentiments aussi violents que contradictoires…

La Ballade du soldat : Le soldat russe Aliocha Skvortsov est l'un de ces millions d'hommes dont l'abnégation a permis de remporter la victoire sur les fascistes. Ni monsieur muscle ni conquérant, c'est un simple garçon qui est à deux doigts de prendre la fuite à la vue du premier char ennemi. Il parvient cependant à se maîtriser et détruit même deux tanks coup sur coup. L'exploit d'Aliocha est récompensé par une courte permission qui va lui permettre de rendre visite à sa mère. Pendant le trajet, il croise une foule de gens en difficulté et tâche de se rendre utile à chacun. Si bien que lorsqu'il arrive enfin dans son village natal, il ne dispose plus que de quelques minutes pour embrasser sa maman, échanger quelques brèves paroles et reprendre le chemin du front d'où il ne reviendra jamais…

Ciel pur : au cours de la Seconde Guerre mondiale, la jeune ouvrière Sasha noue une idylle amoureuse avec un aviateur, Alexeï. Ils se marient. Un jour, Alexeï ne rentre pas d'une mission : on le croit mort. Pourtant, il reparaît après la fin des hostilités. Prisonnier des Allemands, il a réussi à survivre. Mais on ne le croit guère et il est catalogué comme traître à la patrie. Exclu du Parti, on lui retire également ses décorations. Déchu, il sombre dans l'alcoolisme. Quelques années après le décès de Staline, il est réhabilité et peut, à nouveau, exercer ses talents d'aviateur et s'attaquer à un nouveau record.

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• Titre français : Le Quarante et unième - La Ballade du soldat - Ciel pur
• Titre original : Sorok pervyy (Сорок первый) - Ballade o soldate (Баллада o сoлдате) - Chistoe nebo (Чистое Небо)
• Support : DVD
• Genre : drame, guerre
• Année : 1956, 1959, 1961
• Réalisation : Grigori Tchoukhraï
• Casting : (1) Izolda Izvitskaïa, Oleg Strijenov, Nikolaï Krioutchkov (2) Vladimir Ivachov, Jeanna Prokhorenko, Antonina Maksimova (3) Nina Drobysheva, Evgenly Urbansky, Natalya Kuzmina, Vitally Konyaev
• Durée : 1 h 27 mn 10 - 1 h 24 mn 21 - 1 h 44 mn
• Format vidéo : 4/3
• Format ciné : 1,37/1 couleur (1, 3) noir et blanc (2)
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 2.0 monophonique russe
• Bonus : présentation du réalisateur (11 mn 23) et des films (9 mn 14, 9 mn 20, 9 mn 16) par Joël Chapron - entretien de 2001 avec Grigori Tchoukhraï (13 mn 47, 35 mn 11, 13 mn 10) - Le Quarante et unième (1926, réalisation Iakov Protazanov, 51 mn 33)
• Éditeur : Potemkine & agnès B.

Commentaire artistique

Le Quarante et unième Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Premier long métrage de Grigori Tchoukhraï, cette adaptation de la nouvelle de Boris Lavrenev emporta à l’unanimité le prix spécial de Cannes en 1957. Jury et critiques ont été séduits par le drame humain qui se superpose au message politique, une première dans le cinéma soviétique reflétant un changement majeur avec l’arrivée au pouvoir de Nikita Khrouchtchev qui desserra l’étau de la dictature stalinienne. Certes la personnalité de l’héroïne Marioutka n’est pas exempte de doctrine révolutionnaire mais son personnage est doté d’une profonde humanité qui la conduira à l’acte impensable, aimer son pire ennemi, un russe blanc issu de l’aristocratie ! Difficile de ne pas être ému par cette poignante histoire d’amour malgré sa tournure mélodramatique, dont le manque de réalisme est souligné par une conclusion inattendue, des sentiments plus grands que nature et des péripéties quasi chimériques telles que la traversée du désert de Karakorum, la rencontre avec les nomades, la vie en Robinson sur une île déserte. En dépit (ou peut être grâce à cette aspect) de sa dramaturgie ouvertement lyrique, le film ne peut que susciter l’admiration : la photographie de Serguei Ourousevskiy (futur chef opérateur de Quand passent les cigognes) sublime les magnifiques décors naturels tandis que l’interprétation d’Izolda Izvitskaïa et Oleg Strijenov transmet à l’intrigue une rare intensité. La mise en scène de Grigori Tchoukhraï d’une redoutable efficacité parvient adroitement, malgré un récit clairement conforme aux idéaux bolchéviques, à orienter son film vers une romance attachante qui semble oublier son origine révolutionnaire ! De l’art de dénoncer, sans l’avouer, les dérives potentielles de l’idéologie. Pour mieux savourer la version exaltée et sentimentale de Tchoukhraï, on aura intérêt à découvrir la version muette de Protazanov (1926) donnée en supplément : malgré une copie fatiguée, la différence de traitement est manifeste, cet écart provenant tout autant du style propre à chacun des deux grands réalisateurs soviétiques que du contexte de production de chaque version.

La Ballade du soldat Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)

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Primé au festival de Cannes en 1960, ce drame poignant était intentionnellement conçu comme un film se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale mais loin des combats. Ce traitement consistant à décrire les difficultés de la vie à l’arrière du front et de brosser le portrait d’un anti-héros déplaira aux officiels. Néanmoins, bien que contraint par la Mosfilm de montrer la guerre à l’écran, le cinéaste dirigera à sa manière une séquence d’ouverture peu crédible dont il renforcera l’onirisme par de savants cadrages. À l’encontre de l’exaltation du héros prôné par l’idéologie communiste, Grigori Tchoukhraï préfère en effet nous montrer le destin de personnages jeunes et ordinaires perdus dans la tourmente de l’Histoire. Une fois passé l’exploit involontaire du soldat Aliocha qui ouvre le film, le cinéaste s’ingénie à nous raconter les rencontres de son protagoniste durant son voyage de permission. Le périple culmine avec le voyage en train et l’idylle inavouée qu’il aura avec Choura, une jeune fille jolie et spontanée. Le réalisateur ne s’embarrasse pas d’un récit alambiqué et prévient à l’avance le spectateur de l’issu tragique de cet amour platonique. Cette simplicité assumée s’avère pleinement efficace puisque le destin de ce soldat ordinaire laisse dans les mémoires une trace manifeste et invite à dénoncer l’absurdité des guerres capables de briser les plus beaux rêves. C’est donc bien une histoire humaniste qui au cœur de cette ballade à laquelle l’exceptionnelle photographie de Vladimir Nikolaev et Era Savelieva apporte son esthétisme fascinant. On apprendra dans les suppléments du DVD que deux facteurs contribuèrent au succès populaire du film : un accident de tournage qui provoquera le choix décisif des deux jeunes acteurs, inexpérimentés mais parfaits, pour remplacer les comédiens retenus à l’origine et l’intervention, après sondage, d’Alexeï Adjoubei, rédacteur en chef des Izvestia, beau-frère de Khrouchtchev… qui obtiendra la sortie du film dans toute l’URSS ! Plus de cinquante ans après sa sortie, La Ballade du soldat confirme que l’humanisme surpasse tous les conflits et toutes les idéologies.

Ciel pur Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Moins convaincant, ce troisième long-métrage atteste pourtant de la constance du réalisateur, communiste confirmé, à dénoncer les excès du stalinisme. Sur une trame déjà vue ailleurs, le retour du mari qu’on croyait mort, le film traite du thème de la trahison selon un parti-pris mélodramatique discutable : ce choix qui avait assuré l’excellence du film Le Quarante et unième, et dans une moindre mesure celui de La Ballade du soldat, apparaît plus redevable du cliché dramatique que du pamphlet politique. Ce n’est pas la qualité de l’interprétation solide d’Evgenly Urbansky et du jeu délicat de Nina Drobysheva qui sont à mettre en cause mais plutôt un déséquilibre dans le balancement de l’histoire, clairement organisée en deux époques, soulignées par une esthétique plutôt gratuite : le temps de l’histoire d’amour avec l’as de l’aviation et celui du retour du héros maudit considéré comme un traître. Cette dichotomie très artificielle plombe la vraisemblance du propos bien que le message du cinéaste sur les méfaits du stalinisme soit directement illustré par le sort de ce héros exclu du parti noyant sa déchéance dans l’alcool. Le final, happy end peu crédible, doit être alors compris comme une acceptation du nouvel élan idéologique de Khrouchtchev des années 60, décidé à tourner la page du stalinisme. Mais, ce n’est pas un mystère (cf., bonus), on sait que le cinéaste aura bataillé avec la censure pour réaliser son film dont le thème était loin de faire l’unanimité. Malgré un style empesé, rythmé de clichés chers au parti, Ciel pur reste à découvrir ne serait-ce que pour le courage dont fit preuve son auteur et qui mérite la considération.

Commentaire bonus

Outre la présentation par un spécialiste du cinéma soviétique, les trois films sont accompagnés d’une interview du cinéaste réalisée peu avant sa mort où il raconte avec un « style très slave » les différents tournages. Le Quarante et unième est accompagné de la version de 1926 d’Iakov Protazanov, un supplément opportun qui permettra de comparer les deux approches de la nouvelle de Boris Lavrenev.

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Commentaire technique

Le Quarante et unième : copie SD correcte, nombreux points blancs, bon contraste mais très variable selon les plans, colorimétrie chaude, tons très saturés, dominante magenta, couleurs peu réalistes du Sovcolor ; mixage russe monophonique clair et dynamique, aiguës manquant de clarté, sonorités datées
La Ballade du soldat : copie SD magnifique, extrême précision, très détaillée, excellent contraste, gamme de gris équilibrée, noirs profonds, blancs nuancés, défauts disparus ; mixage russe monophonique clair et dynamique, légers défauts mais très ténus
Ciel pur : copie SD correcte, assez bien définie, grain, colorimétrie chaude à dominante magenta, fins de séquences rougeâtre, teintes peu naturelles du Sovcolor, quelques défauts ; mixage monophonique clair, pas de résonnance

• Colorimétrie : saturées, couleurs peu réalistes dues au procédé instable du Sovcolor, excellent noir et blanc
• Étalonnage : chaud
• Contraste : excellent
• Compression : pas de défaut
• Définition : bonne
• Mixages : mixages russes monophoniques clairs et sans défaut majeur

Liens Web

IMDb:
Le Quarante et unième : http://www.imdb.com/title/tt0049783/
La Ballade du soldat : http://www.imdb.com/title/tt0052600/
Ciel pur : http://www.imdb.com/title/tt0053712/

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

 

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