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Blu-ray : Trois films de Raoul Ruiz à (re)découvrir en haute définition

Blu ray Trois films Raoul Ruiz

Note artistique globale : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Note technique globale : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue(5/5)

Synopsis

Installé à Paris après le coup d’état de Pinochet, Raoul Ruiz réalise dans les années 80 plusieurs films d'aventures et d’imagination. C’est le succès en 1996 de Trois vies et une seule mort, avec Marcello Mastroianni, sélectionné au Festival de Cannes qui lui apporte une plus grande notoriété. Ses films suivants, très empreints de son univers onirique, Généalogies d'un crime et Le Temps retrouvé, mobilisent les plus grands interprètes français du moment.

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Trois vies et une seul mort : tantôt riche personnage qui aide un jeune couple, professeur en Sorbonne qui devient clochard ou maître d'hôtel, Marcello Mastroianni campe un personnage affecté par le syndrome de la multiplication de la personnalité. Pris dans le tourbillon de ce conte fantastique, Mastroianni vit trois vies et assume trois destins qui ne cesseront de s'entrecouper tout au long du film.

Généalogies d’un crime : à Vienne quelque temps avant la guerre, Hermine Helmut von Hug, psychanalyste pour enfants, est persuadée que son neveu âgé de cinq ans a des tendances homicides. Elle décide donc d'étudier l'évolution inexorable des penchants criminels de son neveu. Celui-ci commet finalement le crime tant attendu : il tue sa tante.

Le Temps retrouvé : en 1922, Marcel Proust sur son lit de mort regarde des photos et se remémore sa vie. Sa vie, c'est son œuvre et les personnages de la réalité se mélangent avec ceux de la fiction et la fiction prend peu à peu le pas sur la réalité. Tous ses personnages se mettent à hanter le petit appartement de la rue Hamelin et les jours heureux de son enfance alternent avec les souvenirs plus proches de sa vie sociale et littéraire.

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• Titre original : Trois vies et une seul mort - Généalogies d’un crime - Le Temps retrouvé d’après l’œuvre de Marcel Proust
• Support : blu-ray
• Genre : comédie, drame
• Année : 1996, 1997, 1999
• Réalisation : Raoul Ruiz
• Casting : (1) Marcello Mastroianni, Melvil Poupaud, Chiara Mastroianni, Anna Galiena, Arielle Dombasle, Marisa Paredes, Feodor Atkine, Pierre Bellemare, Smain (2) Catherine Deneuve, Michel Piccoli, Melvil Poupaud, Andrzej Seweryn, Bernadette Lafont (3) Marcello Mazzarella, Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart, Vincent Perez, John Malkovich, Chiara Mastroianni, Marie-France Pisier, Pascal Greggory, Arielle Dombasle, Edith Scob
• Durée : 2 h 05 mn 56 - 1 h 53 mn 56 - 2 h 42mn 30
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1 (1, 2) - 1,85/1 (3)
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 français
• Bonus : (1) Raoul Ruiz, contre l’ignorance fiction ! (2016, 62 mn 54, réalisation Alejandra Rojo) (2) entretien avec Raoul Ruiz (juin 2009, 25 mn 16) (3) bonus de 2016 : entretien avec Bernard Génin, critique de cinéma (21 mn 52), Antoine Compagnon, professeur au collège de France (11 mn 40), Gilles Taurand, scénariste (21 mn 21), Jorge Arriagada, compositeur (18 mn 58), Jérôme Prieur, écrivain et réalisateur (14 mn 49), CM Proust vivant (2000, 22 mn 05, réalisation Jérôme Prieur) présenté par son réalisateur (9 mn 34) - film sur DVD
• Éditeur : Blaq out

Commentaire artistique

Trois vies et une seul mort Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Dominée par l’immense acteur Marcello Mastroianni pour son avant-dernier film, cette comédie surréaliste qui ne manque pas de piquant doit son intrigue facétieuse aux talents conjugués de Raoul Ruiz et Pascal Bonitzer. Ancrée dans un Paris diversifié et omniprésent, l’intrigue démultiplie les pistes et coups de théâtre ne laissant aucune chance au spectateur de prévoir le fil de l’histoire. Les surprises, les retournements et un jeu subtil avec l’espace-temps ponctuent une narration qui n’a rien de linéaire, Raoul Ruiz jongle avec la logique et nous plonge dans un récit poétique au dépaysement assuré. Entre fantastique et fantaisie son film possède une photographie magnifique qui sert parfaitement son propos et met en valeur l'ensemble des interprètes qui entourent la star, dont plusieurs excellentes actrices, sa fille Chiara, Marisa Paredes et Anna Galiena. Telle une mosaïque ou un brillant puzzle intellectuel, les diverses séquences s’imbriquent subtilement et les diverses facettes de l’histoire, narrée avec entrain par Pierre Bellemare, finissent par former un tout dans une conclusion sidérante. Pour apprécier le film, il conviendra de se laisser porter par un récit imprédictible et ingénieux dont on se gardera de vouloir démêler la réalité de la mystification. Intemporel et malin.

Généalogies d’un crime Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

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Sur un scénario co-écrit avec Pascal Bonitzer, Roul Ruiz confronte le spectateur à une palette d’explications et de pistes possibles à propos d’un crime inévitable et prédéterminé dont il aura beaucoup de difficulté à démêler le potentiel de la réalité, la manipulation de la prédestination. Le récit s’inspire du destin de la psychanalyste Hermine von Hug von Hugenstein qui sera tuée en 1924 par son neveu Rolf âgé de 18 ans qu’elle suivait en analyse, un meurtre qui fera date sur le bienfondé de ce suivi et dans le débat opposant médecins et psychanalystes. Catherine Deneuve incarne cette femme avec aplomb tout en jouant un autre personnage. C’est tout le débat psychanalytique de l’affrontement entre le libre arbitre et le fatalisme qui est ici abordé avec toute l’intensité du jeu cinématographique d’une dramatisation brillamment scénarisée et d’une certaine causticité burlesque envers la profession. Bénéficiant d’un casting peu commun, le cinéaste va s’amuser à disposer de ses protagonistes en un puissant jeu intellectuel dont il possède seul les ficelles et nous entraine, avec un sens aigu du suspense, dans les méandres d’une logique bien singulière combinant mélange de style et génie de l’allusion. Au centre de l’intrigue, il est surtout question d’un thème très actuel sur les expériences génétiques, sur le clonage et la démultiplication de l’apparence, une démarche qui semble allait à l’encontre de l’analyse psychanalytique. Cet excellent amalgame de divertissement et de cérébral n’a pris aucune ride.

Le Temps retrouvé Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Réputé inadaptable visuellement, l’univers de Marcel Proust sur la mémoire et le temps a cependant intéressé plus d’un cinéaste. Le projet de transposer La recherche à l’écran, amorcé très longtemps auparavant, avait failli être réalisé dans les années 70 par Luchino Visconti, puis par Joseph Losey à partir de scénarii d’exception (D’Amico et Pinter). Finalement c’est Raoul Ruiz qui va mettre en scène le scénario de Gilles Taurand avec une pléiade d’acteurs et d’actrices du cinéma hexagonal dont le talent semble parfois inapproprié à leur personnage ; retenons le jeu très subtil d’Emmanuelle Béart, l’entrain de Marie-France Pisier et la présence de Marcello Mazzarella qui compose un Proust plus vrai que nature. Malgré des moyens conséquents, le cinéaste ne renonce pas à son univers et dirige un œuvre très personnelle dont admirera, avant tout, la beauté plastique. Si on n’est pas familier de Proust, cette illustration partielle des romans est un réel plaisir visuel : décors, costumes, accessoires (nombreux), dialogues concourent à un spectacle remarquable sur la société bourgeoise des années 1915. Mais qu’en est-il de la pertinence de la transposition ? Il a été remarqué que les contraintes de la technique cinématographique s’accommodent mal de la vision « proustienne » plus portée sur le trouble de l’émotion et de la mémoire que sur la vision d’une réalité tangible : le cinéma montre, parfois suggère, alors que la littérature décortique l’impalpable. Et si, effectivement, le film de Raoul Ruiz évoque admirablement l’époque où vivait Proust, l’adaptation reste néanmoins discutable car elle simplifie grandement le récit (qui compte plus de 500 personnages !), privilégie certains caractères et fait intervenir l’auteur dans son œuvre. Comme l’indique Antoine Compagnon, professeur au collège de France dans un des bonus, le film est une sorte de patchwork de citations, un digest en quelque sorte, bien incapable de restituer toute la complexité de La recherche. Le meilleur atout de la mise en scène est sa restitution à l’écran la notion temporelle chère à l’auteur avec des effets de style propre à en matérialiser les impressions (juxtaposition de scènes, mouvements de caméra ou dispositifs scéniques en mouvement…). Malgré tout, cette expérience cinématographique risque de lasser le spectateur, rendu forcément dubitatif par ce manque de clarté et ce flot d’allusions que seuls les connaisseurs pourront apprécier. Avec le recul, et dûment averti, il est fort possible d’apprécier cette appropriation de Proust par Ruiz et de la considérer comme un témoignage intéressant du cinéma singulier de ce réalisateur.

Commentaire bonus

Les bonus sont inégaux selon les titres mais globalement nouveaux (2016) par rapport aux éditions vidéo antérieures des films. Bien doté, Trois vies et une seul mort offre un documentaire passionnant d’Alejandra Rojo. Généalogies d’un crime est le seul à disposer d’un bonus de 2009, un entretien intéressant avec Raoul Ruiz. Le Temps retrouvé est le plus chargé en suppléments véritablement instructifs et absolument captivants.

Commentaire technique

Tous les films ont été restaurés en HD.

Trois vies et une seul mort : définition remarquable, excellent contraste, palette chromatique saturée et chatoyante, couleurs chaudes, léger grain ; mixage français 5.1 clair, très dynamique, spatialisation modérée et frontale, surrounds mesurés, dialogues très distincts
Généalogies d’un crime : définition irréprochable, excellent contraste, colorimétrie chaude et chatoyante, teintes saturées, zéro défaut ; mixage français 5.1 aux dialogues très clairs, belle dynamique, spatialisation naturelle et modérée, surrounds assez discrets
Le Temps retrouvé : copie extrêmement bien définie, superbe contraste, étalonnage chaud, colorimétrie chatoyante et somptueuse, teintes saturées, pas de défaut ; mixage français 5.1 dynamique, mise en avant des dialogues, spatialisation mesurée, ambiances discrètement naturelles, surrounds efficaces

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• Colorimétrie : superbe palette chromatique, teintes saturées avec de la consistance
• Étalonnage : irréprochable
• Contraste : splendide
• Compression : pas de défaut constaté
• Définition : exceptionnelle
• Mixages : mixage dynamique aux dialogues clairement distincts, spatialisation naturaliste

IMDb:
Trois vies et une seul mort : http://www.imdb.com/title/tt0117968/
Généalogies d’un crime : http://www.imdb.com/title/tt0119242/
Le Temps retrouvé d’après l’œuvre de Marcel Proust : http://www.imdb.com/title/tt0189142/

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleue(4,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)



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