Actus Blu-Ray/DVD « Cosmos » : l’ultime film d’Andrzej Zulawski

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Witold a raté ses examens de droit et Fuchs vient de quitter son emploi dans une société de mode parisienne. Ils vont passer quelques jours dans une pension dite de famille où les accueille une série de présages inquiétants : un moineau pendu dans la forêt, puis un bout de bois dans le même état et enfin des signes au plafond et dans le jardin. Dans cette pension il y a aussi une bouche torve, celle de la servante, et une bouche parfaite, celle de la jeune femme de la maison dont Witold tombe éperdument amoureux. Malheureusement, elle est fraîchement mariée à un architecte des plus convenables. Mais cette jeune femme est-elle, elle aussi, également convenable ? La troisième pendaison, celle du chat, est l’œuvre de Witold. Pourquoi ? Et surtout… la quatrième sera-t-elle humaine ?

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• Titre original : Cosmos
• Support : blu-ray
• Genre : comédie dramatique
• Année : 2015
• Réalisation : Andrzej Zulawski
• Casting : Sabine Azéma, Jean-François Balmer, Jonathan Genet, Johan Libéreau, Victoria Guerra, Clémentine Pons, Andy Gillet
• Durée : 1 h 41 mn 54
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français, portugais, anglais
• Piste sonore : DTS-HD MA 5.1 français
• Bonus HD sur BRD : bande annonce (1 mn 38)
• Bonus SD sur DVD : sur le tournage de Cosmos (7 mn 22) - conférence de presse du Festival de Locarno avec Andrzej Zulawski (30 mn 50) - Q&A rencontre avec Andrzej Zulawski au Festival de Locarno 2015 (44 mn 11) - cérémonie de remise des prix au Festival de Locarno 2015 (2 mn 39) - présentation de Cosmos au Lisbon & Estoril Film Festival ’15 (7 mn 16) - revue de presse en DVD-ROM
• Éditeur : Alfama Films

Commentaire artistique

Sur une initiative du producteur Paulo Branco, Andrzej Zulawski s’est lancé le défi de porter à l'écran l’ouvrage "Kosmos" de son compatriote Witold Gombrowicz, auteur polonais réputé dont le style surréaliste est considéré comme inadaptable. Il aura fallu attendre quinze années pour que le cinéaste, qui n’avait pas peur de lutter contre les totalitarismes de tout bord, décide de renouer avec le cinéma ; ce sera son ultime opus (il décède en février 2016). Les spectateurs qui ne sont pas familiers de ces auteurs, Gombrowicz et Zulawski, risquent d’être franchement décontenancés par un film spécialement singulier qui se veut, dans une certaine mesure, fidèle à la prose moderniste et vigoureusement rythmée du romancier : la pseudo narration d’un récit, en apparence linéaire et anodine (deux jeunes gens passent quelques jours dans une pension familiale non loin de la mer), donne lieu à un découpage dynamique de séquences hétéroclites et absurdes qui se juxtaposent. Le réalisateur a choisi de situer le récit dans un univers atemporel qui serait en grande partie proche de notre société actuelle avec quelques connotations de son cru, inexistantes dans le roman, telles que les allusions littéraires à Sartre et Stendhal ou l’introduction de la technologie actuelle de la télévision et de l’ordinateur. Le film excelle dans sa galerie de personnages typés, qu’il faudra considérer sous l’angle narquois du romancier, servi par des duos de comédiens étonnants, que ce soient les parents décalés joués par Jean-François Balmer et Sabine Azema inénarrables, les filles délicieusement interprétées par les charmantes Victoria Guerra et Clémentine Pons ou les jeunes gens instigateurs de l’aventure incarnés avec fougue par Jonathan Genet et Johan Libéreau. Une grande partie des dialogues baroques est empruntée directement au roman et surprendra dans la bouche des comédiens dont Zulawski obtint une diction bien insolite ; la palme de l’excentricité revient, sans conteste, à Jean-François Balmer et son latin décalé et à Sabine Azema qui surjoue avec délectation la bourgeoise hystérique. Le degré de jubilation que ce film engendre dépendra beaucoup de la capacité du spectateur à dépasser le vernis superficiel de la comédie. Les choix du réalisateur (cf., surtout ne pas manquer le DVD aux suppléments très instructifs), qui refusait de qualifier son œuvre d’intellectuelle et préférait insister sur son caractère burlesque, peuvent s’avérer abscons et susciter l’incompréhension, voire le rejet pur et simple. Certaines séquences outrancières semblent abonder dans l’hermétisme et exigent une grande disponibilité du public afin d’être perçues comme l’entendait Zulawski, une transposition imagée d’un conte existentiel en devenir qui emprunterait sa structure aux codes de l’enquête policière. Si l’on veut bien admettre cet univers loufoque, dont la mise en scène assume le caractère factice (couleurs saturées, éclairages de studio, jeu décalé des comédiens), Cosmos peut prétendre avoir réussi la transposition de l’écrit à l’image mais le résultat reste cependant mitigé en raison de son décalage constant qui finit par égarer le spectateur. Une œuvre qui ne laisse pas indifférent.

Commentaire technique

Copie HD extrêmement bien définie, les gros plans des acteurs sont chirurgicaux, le contraste est excellent et l’étalonnage remarquable, colorimétrie chatoyante, tons chauds soutenus ; mixage français 5.1 doté d’une belle dynamique, les dialogues sont clairs et bien équilibrés, la spatialisation sans excès utilise les surrounds avec une totale efficacité.