Test Yamaha A-S3200 : ampli Hifi très haut gamme à vumètres pour chatouiller Accuphase, Luxman ou McIntosh
Depuis que Yamaha s'est sérieusement remis à la Hifi en éléments séparés haut de gamme (cela date de 2007) et ne se contente plus uniquement de minichaînes, le constructeur n'a cessé d'étoffer sa gamme par le bas et par le haut. Il est ainsi redevenu l’un des plus gros vendeurs d'intégrés Hifi stéréo. L'A-S3200, modèle de seconde génération, représente un des points d'orgue de sa gamme. Équipé de vumètres et fonctionnant en configuration symétrique, il se présente comme un concurrent direct des modèles de marques de référence comme Accuphase, McIntosh ou Luxman. Mais en a-t-il la trempe ?
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Yamaha A-S3200
Type : ampli intégré stéréo
L'avis de ON-mag :
Prix au moment du test : 6000 €
La gamme d'amplis Hifi Yamaha compte aujourd'hui plus d'une douzaine de références s'étendant du petit intégré A-S201 (que l'on trouve à moins de 200 €) jusqu'au système préampli/bloc de puissance C-5000/M-5000 (à 14 000 €). L'A-S3200 que nous testons ici est son plus gros modèle d'intégré. Positionné à 6000 €, il s'inscrit à la lisière entre la Hifi haut de gamme et l'audio High End.
Une conception intemporelle pour un ampli luxueux, mais sobre, à l'abri de l'obsolescence numérique
Le Yamaha A-S3200 est un appareil qui en impose immédiatement. Ses dimensions sont conséquentes et son poids atteint presque 30 kg. Disponible en finition noire ou aluminium naturel, il adopte un look que l'on pourrait presque qualifier d’austère et qui, en tous les cas, semble directement inspiré des seventies. Néanmoins, l'appareil ne fait l'impasse ni sur le luxe ni sur le confort d'utilisation. Ses joues sont habillées de deux panneaux de bois massif revêtus d'une belle laque piano. La façade est signée de deux sobres et beaux vumètres et toutes ses commandes sont en aluminium usiné avec beaucoup de précision, alternant finition mate (pour une meilleure préhension) et semi-brillante à micro stries concentriques.
Sur la droite de la fenêtre des vumètres est implanté le gros potentiomètre de volume et, en dessous, se trouve une rangée d'une dizaine de boutons rotatifs et clés à bascule. Outre le sélecteur de source, sont disponibles un sélecteur de sortie haut-parleurs (A, B, A+B…), un sélecteur de gain (-6, 0, +6, +12 dB) pour la sortie casque et un sélecteur de modes d'affichage pour les vumètres. Des réglages de tonalité grave et aiguë, ainsi que de balance, sont également présents. À cela s'ajoutent une fonction de mise en sourdine (Mute) et le choix de la sensibilité (MM ou MC) pour l'entrée Phono.
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Les fonctions sont donc celles que l'on aurait pu rencontrer sur un appareil d'il y a trente ans. Le Yamaha A-S3200 s'inscrit volontairement dans cette intemporalité. Il n'intègre ni DAC, ni lecteur de musique en réseau et son fonctionnement est purement analogique. Il choisit une approche à l'abri de l'obsolescence numérique et on peut imaginer que dans 30 ans, il sera toujours opérationnel.
La connectique du Yamaha A-S3200 est donc très classique et pro. Elle comporte 6 entrées Ligne dont deux symétriques sur prises XLR et 4 asymétriques sur prises RCA. À cela s'ajoutent une entrée Phono, une sortie monitoring, une sortie préampli et une entrée directe vers les étages de puissance, toutes sur prises RCA. Les sorties haut-parleurs, sur d’énormes borniers dorés, sont doublées, divisées en deux groupes (A et B).
Une puissance raisonnable, mais un appareil conçu pour piloter des enceintes difficiles et très exigeantes
Le Yamaha A-S3200 n'est pas un intégré extrêmement puissant, mais sa conception est résolument haut de gamme et il est capable de délivrer beaucoup de courant afin d'être en mesure d'alimenter des enceintes exigeantes et difficiles. Il fournit 2 x 100 watts en régime continu sous 8 ohms tandis que ses capacités dynamiques atteindraient 2 x 300 watts sous 2 ohms.
Le châssis repose sur des pieds en laiton massif plaqué argent. Outre ses joues en bois, il possède une façade et un panneau supérieur en aluminium usiné de 6 mm d'épaisseur. L'intérieur est très propre et méticuleusement organisé. Les cartes de traitement des petits signaux sont rangées à l'arrière. Celles des entrées symétriques bénéficient d'un blindage. L'étage Phono est en composants discrets aussi bien pour sa section MM que sa section MC.
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L'alimentation et les blocs latéraux de puissance avec leurs gros radiateurs de dissipation thermique en aluminium massif sont montés sur un second châssis interne entièrement cuivré. Le montage est disposé de façon symétrique. Au centre trône le gros transformateur d'alimentation de 623 VA fabriqué sur cahier des charges, dont les spires sont copieusement amorties par de la résine. Il est suivi de 4 capacités de filtrage de 22 000 µF sous 63 V chacune. Les étages de puissance sont polarisés en classe A/B et sont bien de topologie symétrique. Chacun utilise un pull-pull de transistors Mos-Fet à forte capacité en courant (Sanken MLE20).
On remarque le soin apporté à la régulation thermique de l'appareil afin de garantir un fonctionnement très stable, à l'isolation entre les différents étages contre les interférences et vibrations, à la qualité du câblage. Les bornes des condensateurs principaux sont, par exemple, raccordées par le biais de vis en laiton et les câbles internes menant aux borniers haut-parleurs sont de gros calibre (2,7 mm). Tous les composants sont triés sur le volet (condensateur à film PP et PPS). C'est un superbe ouvrage, tout à fait à la hauteur du prix.
Une énergie dévorante, des graves vigoureux pour un ampli Hifi qui ne manque pas d'emphase
Le Yamaha A-S3200 ne possède pas de bouton de mode "Direct" désactivant les réglages de tonalité. Cependant, ce mode est bien présent, il s'enclenche automatiquement lorsque les réglages de tonalités grave et aigu sont en position neutre, et apporte clairement à l'écoute une sensation de définition supplémentaire.
Dès les premières secondes, cet ampli Yamaha témoigne de sa conception très haut de gamme. Sa restitution sonore est racée et hyper rapide. Les attaques sont fulgurantes. Le grave a un impact hyper vigoureux. Il se dégage de l'A-S3200 une énergie rarement rencontrée sur d'autres amplis, toutes catégories de prix confondues. La signature sonore Yamaha est portée à son paroxysme, cela ne s'endort pas une minute. Il faut que la source et les enceintes acoustiques suivent, car sinon, le son peut facilement devenir un peu clinquant et trop incisif. De par son énergie et sa fougue débordantes, le Yamaha A-S3200 donne l'impression de disposer d'une énorme réserve de puissance, bien supérieure à celle annoncée sur le papier. Pour les audiophiles qui n'aiment pas la mollesse, cet intégré stéréo très haut de gamme a des arguments chocs ; quant aux autres, il ne les laissera assurément pas indifférents.
N'en tirez pas la conclusion que le Yamaha A-S3200 est une brute épaisse et sans cœur. Au contraire, dès les plus bas niveaux d'écoute, il est en mesure de délivrer une restitution sonore vivifiante et entraînante. Il est précis, transparent, sait parfaitement révéler les petites nuances. Ses timbres ne manquent pas de couleur et son équilibre tonal n'est, par ailleurs, pas totalement neutre. On peut le qualifier de très légèrement physiologique (en "V") avec des basses très percutantes et des aigus qui filent très haut. Cette légère emphase se manifeste aussi dans la construction de l'image stéréophonique. On reconnaît là un ampli dont les concepteurs sont également des maîtres du son 3D multicanal en Home Cinéma. Avec le Yamaha A-S3200, la scène sonore est très large, très ample tout en gardant beaucoup de consistance en son centre. Certains appareils procurent une impression de profondeur plus marquée. Le Yamaha A-S3200 excelle dans un rendu holographique donnant l'impression de disposer d'enceintes surround sur les côtés.
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En résumé
Le Yamaha A-S3200 est un ampli intégré stéréo, purement analogique, d'une conception résolument très haut de gamme, hors du temps et pensé dans les moindres détails. Sa puissance de 2 x 100 watts peut presque sembler modeste sur le papier, mais à l'écoute, il impose sa vision sonore avec une fougue et une énergie déroutantes. C'est un appareil qui a un sacré tempérament et avec lequel la musique ne semble jamais édulcorée.
Le Yamaha A-S3200 décortiqué par ON-mag
Spécifications
- Type : ampli intégré stéréo
- Puissance : 2 x 100 watts sous 8 ohms, 2 x 150 watts sous 4 ohms
- Puissance dynamique : 120/150/200/300 watts sous 8/6/4/2 ohms
- Facteur d'amortissement : ≥250 à 1 kHz sous 8 ohms
- Connectique : 4x entrées Ligne sur RCA, 2x entrées Ligne sur XLR, entrée Phono MM et MC sur RCA, sortie monitoring sur RCA, sortie préampli et entrée ampli sur RCA, doubles borniers haut-parleurs, sortie casque sur jack 6,35 mm, 3x mini jack pour Trigger et Remote
- Poids : 24,7 kg
- Dimensions 45 x 18 x 46,4 cm
- Prix : 6000 €
Site web du constructeur : fr.yamaha.com
Notre avis
- Construction : (5/5)
- Équipement : (3,5/5)
- Performances : (5/5)
- Musicalité : (4/5)
- Intérêt : (4/5)