CD : intégrale des Quatuors à cordes de Brahms par les Novus

L'ensemble coréen Novus se confronte aux quatuors à cordes de Brahms, un univers exigeant qui a valu à son auteur le qualificatif d'austérité. Réputation sans doute excessive à en juger par le lyrisme dont ces œuvres sont également pourvues. Ce que les quatre musiciens se plaisent à défendre en y apportant une touche de classicisme viennois.
C'est après divers essais que Brahms aborde de front le genre du quatuor à cordes, en composant, en 1873, ses deux premiers quatuors op.51. Le Quatuor op.51. N°1 en Ut mineur passe pour une œuvre austère, à l'aune de son premier mouvement d'une belle ampleur dans son écriture complexe. S'il débute par un thème dramatique se développant avec véhémence, de manière presque orchestrale, très vite s'installe une manière modulante plus mélodique. Ce qui se poursuit avec la Romanza, poco adagio, associant deux motifs, l'un lyrique, l'autre pathétique. L'Allegretto, intermezzo en forme de scherzo, offre un thème tournoyant sur lui-même dans une tonalité sombre, ce qui contraste avec le passage Trio animé sur un pseudo rythme de valse. Le finale, composé de pas moins de six thèmes, témoigne d'une belle hardiesse d'écriture et d'une énergie que les Novus ne se font pas faute de déployer avec brio.
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Le Quatuor op.51 N°2 en La mineur, dédié à Joseph Joachim, en apparence dans la même veine mélancolique que le précédent, tranche cependant par une ambiance poétique plus accentuée. Quoique d'une écriture plus dense et pétrie d'audaces harmoniques. Comme il en est de l'Allegro non troppo et de son premier thème bâti sur un motif de trois notes, celle de la devise du violoniste Joachim, évoluant telle une conversation animée. Tant l'Andante moderato, sorte de Lied d'esprit schubertien, qu'interrompt un épisode dramatique, que le Quasi minuetto, façon scherzo d'une grande liberté formelle, cette fois proche de Mendelssohn, trouvent les présents interprètes à leur meilleur. Le finale, rondo dansant aux allures tziganes, mêle énergique détermination et joie franche, au fil d'un discours qui peut dérouter, mais dont les Novus savent garder le fil.
Le Quatuor N°3 op.67 en Si bémol majeur (1876) est d'essence plus intimiste. D'inspiration folklorique, son esprit pastoral le rapproche du classicisme viennois. Ce qui se manifeste dès le Vivace rythmé et joyeux, offrant la robustesse d'une danse de Ländler, comme chez Haydn. L'élégiaque Andante, en forme de Lied de style romance, se pare d'une section rêveuse. L'Agitato allegretto est un scherzo dans le caractère de l'intermezzo typiquement brahmsien, offrant à l'alto le premier rôle dans son thème modulant mais aussi rythmé. Le Poco allegretto con variazioni final est bâti sur un motif de chanson populaire presque banal énoncé par les deux violons, lequel s'enrichit au fil de huit variations où chaque voix est traitée de manière presque concertante. On ne cesse d'être étonné par la richesse d'écriture, culminant dans une coda fiévreuse.
Le Novus Quartet, fondé en 2007, lauréat de concours prestigieux, l'ARD de Munich (2012), le Mozart de Salzbourg (2014) ou de celui de musique de chambre de Lyon, a déjà montré des choix éclectiques, jouant aussi bien Beethoven que Chostakovitch, Tchaïkovski que Schubert et Berg. De ces trois partitions exigeantes, ils proposent des interprétations d'une extrême probité instrumentale, clarté des voix, justesse du phrasé, associant ardeur et intensité. Plutôt que de s'inscrire dans une manière romantique prononcée, ils préfèrent une approche classique faite de transparence. Ce à quoi contribue une prise de son soignée, en Corée, d'un beau relief.
Texte de Jean-Pierre Robert
Plus d’infos
- Johannes Brahms : Quatuors à cordes N°1 op.51/1, N°2 op.51/2 & N°3 op.67
- Novus Quartet
- 2 CDs Aparté : AP366 (Distribution : [Integral])
- Durée des CDs : 67 min + 36 min
- Note technique :
(5/5)
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