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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : les sonates pour violon de Brahms, pages combien inspirées

Cette nouvelle intégrale des Sonates pour violon et piano de Brahms nous vient d'un fameux duo suisse qui pour l'occasion fête ses trente ans d'activité. Ces interprétations, forgées à une haute complicité artistique, se distinguent parmi les plus accomplies.

Assurément modèles du genre, les trois sonates pour piano et violon que Brahms compose entre 1878 et 1888, montrent un égal souci d'écriture pour chacun des instruments. Dans son perspicace essai accompagnant le CD, la violoniste Rachel Kolly rappelle combien Brahms n'approuvait pas la tendance de certains interprètes à exagérer les indications musicales de ses partitions, singulièrement en termes de ralentissement de tempos, risquant d'alourdir le texte musical. De fait, les présentes interprétations s'en tiennent à un bienvenu juste milieu. Ajouté au souci de différenciation des trois œuvres. Ainsi la Sonate N°1 pour piano et violon en Sol majeur op.78 respecte-t-elle son caractère intensément lyrique, et ce dès le premier mouvement qui, pris retenu à son début, développe une belle fluidité, merveilleusement chantante, non sans une douce mélancolie dans ses harmonies changeantes et ses élans passionnés. Mais point de velléité de tonalité automnale et d'austérité comme dans certaines autres versions. Le sentiment élégiaque se communique à l'Adagio, très pensé aussi dans son dramatisme sous-jacent puis son thème de marche funèbre revenant par trois fois. Le finale Allegro molto moderato, très libre, ne se départit pas de cette douce simplicité qui caractérise toute l'interprétation de cette première pièce. 

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La Sonate N°2 en la majeur op.100 est placée sous le signe du merveilleux poétique, combien illustré dans la thématique sinueuse de l'Allegro amabile introductif et une rythmique bien contrastée, alors que le développement retrouve la manière élégiaque qui caractérisait l'œuvre précédente. Ce qu'il est convenu de considérer comme une romance sans parole atteint une sérénité refusant tout épanchement romantique. L'Andante, fusion chez Brahms entre mouvement lent et scherzo, alterne réflexion et vivacité au fil de ses divers épisodes, entre balancement capricieux et extase. Le finale Allegretto grazioso, quoique prolongeant le sentiment de bonheur émanant des deux mouvements précédents, est pourvu de passages plus sombres où l'on admire le fin legato de la violoniste. Malgré une explosion soudaine de passion au médian, le calme revient « pour terminer l’œuvre dans une expression de dignité triomphante », souligne Rachel Kolly.

En quatre mouvements, la Sonate N°3 en Ré mineur op.108 se signale par la place plus importante accordée au piano. La présente exécution fait montre d'une jeunesse d'esprit communicative. L'Allegro initial est mû par une force intérieure tout sauf démonstrative, même dans les contrastes dynamiques du développement, et considérant sa richesse thématique et le travail harmonique extrêmement dense. Une rêverie magistrale pare l'Adagio qui s'élève vers les cimes, joliment déclamatoire dans le dire du violon, d'un lyrisme chaleureux. Le court intermède suivant, marqué Presto e con sentimento, offre un paysage fantasque, d'une légèreté immatérielle dans la scansion originale imprimée par le clavier. Impétueux, le finale Presto agitato n'est que jaillissement mélodique sous l'archet enjoué de la violoniste et le magistral toucher du pianiste, poursuivant une course haletante d'une fougue parfaitement maîtrisée.

Outre une complicité artistique certaine, partageant le goût de la mesure et le raffinement de l'exécution, et alors que ce même programme brahmsien est le parfait écho de leurs débuts à Zurich en 1994, on admire la sonorité claire du violon de Rachel Kolly jouant un Strad « ex-Hamma » de 1732 et le pianisme tout en nuances de Christian Chamorel. En guise de bis obligé, ils jouent le mouvement Scherzo de la Sonate dite F-A-E. La prise de son, dans la fameuse Salle de musique de La Chaux-de-Fonds, procure immédiateté et parfait équilibre entre les deux voix.
Texte de Jean-Pierre Robert 

Plus d’infos

  • Johannes Brahms : Sonates pour violon et piano, N°1, op.78, N°2, op.100, N°3, op.108. Scherzo en ut mineur (Sonate F-A-E)
  • Rachel Kolly (violon), Christian Chamorel (piano)
  • 1 CD Indésens Calliope Records : IC032 (Distribution : Socadisc)
  • Durée du CD : 69 min 38 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5) 

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