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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : les œuvres pour chœur et orchestre de Brahms

Belle idée de regrouper les diverses œuvres que Brahms a écrites pour chœur et orchestre. Certaines sont connues, comme la Rhapsodie pour alto ou Le Chant du destin, d'autres moins, tels Nänie ou les Liebeslieder-Walzer. Un autre attrait de l'album réside dans la direction de la cheffe Marzena Diakun qui s'est déjà imposée, notamment à Paris lors de concerts avec l'Orchestre Philharmonique de Radio France.

L'intérêt de Brahms pour le genre choral, en particulier les chœurs de femmes, se manifeste dès sa jeunesse avec les Vier Gesänge für Frauenchor op.17 de 1859 (Quatre chants pour chœur de femmes) avec accompagnement de deux cors et harpe. Outre cet instrumentarium singulier, qui marque la prédilection du compositeur pour le cor, on remarque la diversité de ces pièces : un chant d'amour, un Lied d'après Shakespeare (la ''chanson du clown'' tiré de la La Nuit des rois), puis une mélodie douce sur un poème d'Eichendorff, enfin un chant tragique d'après Ossian (''Le chant de Fingal'' évoquant le désespoir de celle pleurant la mort de son bien-aimé). À la fin de années 1860, le musicien livre coup sur coup trois pièces chorales. Les Liebeslieder-Walzer (Valses sur des chansons d'amour) op.52 pour quatuor vocal et orchestre sont un arrangement de l'auteur d'après un original pour piano à quatre mains. Sont données six des huit morceaux orchestrés. On signalera le N°1 ''Rede, Mädchen'' (Parle, jeune fille), sur un tempo de Ländler, le N°2 ''Am Gesteine rauscht die Flut'' (Le flot se jette contre les rochers), très agité, ou le N°5, comme un soupir amoureux.  

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La Rhapsodie pour alto, chœur d'hommes et orchestre op.53 (1870) reste la plus emblématique du genre choral chez Brahms. Elle reprend trois des strophes d'un poème de Goethe, ''Harzreise im Winter'' (Voyage hivernal en Harz). Dans la même veine romantique désespérée que Les souffrances du jeune Werther, est conté le voyage d'un jeune homme esseulé, illustrant successivement la dureté d'une solitude hivernale, la souffrance de celui qui « voit naître sa haine des hommes », enfin une prière d'espoir qui se transforme en hymne de sérénité. Alors que les deux premières strophes sont confiées à la voix soliste d'alto et à l'orchestre, celle-ci est rejointe dans la dernière par le chœur d'hommes, créant un effet saisissant. Le Schicksalslied pour chœur et orchestre (Chant du destin) op.54, d'après Hölderlin, se situe dans la lignée du Requiem allemand. Il comprend aussi trois séquences : les félicités célestes, une humanité en souffrance, et dans un postlude orchestral, l'atteinte de la compassion et de l'espoir, là où Brahms exprime sa bonté profonde.

Plus tard, Brahms reviendra au genre, pour traiter le même thème du destin. La cantate Nänie pour chœur mixte et orchestre op.82 (1881), d’après Schiller, évoque les lamentations funèbres ou ''noeniae'' romaines. Le thème de la mort est là encore traité par une musique dans le ton plus mélancolique que tragique. Enfin Gesang der Parzen (Le chant des Parques) op.89 (1882), pour chœur mixte et orchestre, d'après Iphigénie en Tauride de Goethe, résume sans doute la pensée profonde de Brahms : quelles que soient les difficultés de la condition humaine, et en l'occurrence ici le dédain des dieux abandonnant les hommes à leur triste destin, la bonté doit triompher. Et la musique se faire au final rassérénante.

La cheffe Marzena Diakun, à la tête de l'Orchestre et du Chœur de la Communauté de Madrid, dont elle est Directrice artistique, fait un magistral travail pour dévoiler cette face plus secrète de Brahms : profondément humain, d'une gravité qui jamais ne sombre dans un tragique sans issue. La contribution des chœurs comme de la mezzo-soprano Agnieszka Rehlis, est exemplaire. Ils sont captés dans une acoustique vaste, souvent plus mis en avant que l'orchestre.
Texte de Jean-Pierre Robert 

Plus d’infos

  • Johannes Brahms : Schicksalslied pour chœur et orchestre op.54. Vier Gesänge pour chœur de femmes et accompagnement de deux cors et de harpe op.17. Liebeslieder-Walzer op.52 (extraits). Rhapsodie pour une voix d'alto, chœur d'hommes et orchestre op.53. Nänie pour chœur et orchestre op.82. Gesang der Parzen op.89
  • Agnieszka Rehlis, mezzo-soprano
  • Orquesta y Coro Comunidad de Madrid, Josep Vila I Casaňas, chef de chœur, dir. Marzena Diakun
  • 1 CD Ibs Classical : IBS5132023 (Distribution : UVM)
  • Durée du CD : 73 min 10 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise (4/5) 

CD disponible sur Amazon

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Brahms, Marzena Diakun, Josep Vila I Casañas, Agnieszka Rehlis, Orquesta y Coro Comunidad de Madrid

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