Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Fauré et ses disciples

Cet album porte l'attention sur Fauré pédagogue. Autour de sa Seconde sonate pour violon et piano, sont réunies des œuvres, dans cette même formation, de ses disciples, élèves ou amis, Georges Enesco, Maurice Ravel et Lili Boulanger. Fauré et les siens, en somme, que cette originale proposition, parfaitement défendue. 

On sait que Gabriel Fauré remplaça Massenet à sa classe de composition du Conservatoire de Paris avant d'en être nommé directeur. Parmi ses élèves on note quelques-uns des meilleurs talents de la jeune génération, comme Florent Schmitt, Charles Koechlin ou Georges Enesco. Ce dernier a été un des élèves les plus doués du maître. Ses trois Pièces pour violon et quatre mains, de 1900, sont un bel exemple d'un talent précoce qui ne se limitera pas à la célébrité du violoniste. ''Pastorale'', marqué ''Doucement balancé'', semble devoir au maître vénéré sa longue mélodie modale. ''Menuet, Modéré'', est d'inspiration classique, doté d'un épisode médian délicatement rythmé. Enfin ''Nocturne'', Très lent et rêveur, reste de veine romantique, dont un bref passage central passionné tout en contraste. La coda est plus ouvragée encore. Lili Boulanger reçut des leçons privées de Fauré, en raison d'une amitié familiale. Les deux pièces données ici sont représentatives de son art. Elles sont complémentaires : autant Nocturne (1911) est rêveuse, dans le goût impressionniste, autant Cortège (1914) est enjouée dans le joli balancement de son écriture violonistique brillante.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Autre élève célèbre de Fauré au Conservatoire, Ravel compose en 1897 une Sonate pour violon et piano qui y sera créée par Enesco, avant de sombrer dans l'oubli. Elle ne sera retrouvée qu'en 1975. Son unique mouvement, Allegro moderato, est proche de l'esthétique franckiste quant au développement cyclique : une courte mélodie au charme tout fauréen, constamment ouvragée par le violon dans un écrin pianistique magistralement conçu. Son expressivité postromantique ne cache pas le fait qu'elle est bien de son époque, et essentiellement ravélienne, même si son auteur la renia quelque peu. La transcription pour violon et piano par le violoniste polonais Paul Kochanski de la Pavane pour une infante défunte décuple la pureté mélodique d'une œuvre bien connue, le violon assurant la fonction mélodique, fidèlement par rapport à la version orchestrale. Enfin la Berceuse sur le nom de Fauré (1922), douce mélodie poignante dans sa mélancolie, est un hommage sincère au grand maître, dans la digression apparemment sans fin que lui assigne son auteur.   

La Sonate N°2 pour violon et piano en Mi mineur op.108 (1916) appartient à la dernière période créatrice de Fauré, si riche dans le domaine de la musique de chambre. Sa modernité n'est sans doute pas étrangère à l'évolution du langage harmonique chez ses illustres élèves. Le long flot mélodique modulant reste pour autant l'apanage du vieux maître. Ainsi du premier mouvement, empli d'exaltation, partagé entre deux pôles, le thème sombre et fiévreux établi au piano et celui lumineux et tendre porté par le violon. À l'Andante, au fil d'un long épanchement avec des passages affirmés menés par le piano sertissant les arabesques du violon, la sérénité s'obtient par degrés successifs, la grande douceur dissimulant à peine un élan qu'on sent passionné. Au finale, le discours combien fluide, d'un souffle inextinguible, est traversé d'épisodes mélodieux et vigoureux, reprise des thèmes du premier mouvement, pour conclure dans une sorte d'ivresse sonore.

De ces œuvres diverses mais que rapproche une même exigence artistique, la violoniste Gaëtane Prouvost et la pianiste Dana Ciocarlie offrent des exécutions immaculées, d'un style irréprochable. Qui mettent parfaitement en valeur les modes de création personnels à chacun des quatre compositeurs, dont ce programme se veut l'illustration. Ce que restitue une prise de son claire, naturelle quant à l'équilibre entre les deux voix.
Texte de Jean-Pierre Robert

Plus d’infos

  • Gabriel Fauré : Sonate pour violon et piano op.108
  • Lili Boulanger : Nocturne. Cortège
  • Georges Enesco : Pièces pour violon et quatre mains
  • Maurice Ravel : Sonate pour violon et piano op. posthume. Pavane pour une infante défunte (arr. pour violon et piano de Paul Kochanski). Berceuse sur le nom de Fauré
  • Gaëtane Prouvost (violon), Dana Ciocarlie, Mara Dobresco (piano)
  • 1 CD EnPhases : ENP 012 (Distribution : Outhere Music)
  • Durée du CD : non précisée (+/- 65 min)
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5) 

CD disponible sur Amazon

LA SUITE APRÈS LA PUB


Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


Maurice Ravel, Gabriel Fauré, Lili Boulanger, Dana Ciocarlie, Georges Enesco, Gaëtane Prouvost, Mara Dobresco

PUBLICITÉ