Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : une version inédite des Sept dernières paroles du Christ en Croix de Haydn

Cette nouvelle version des Sept dernières paroles du Christ en Croix de Haydn est une première au disque puisqu'elle propose la nouvelle édition conçue par La Chapelle Rhénane, pour quatuor à cordes et quatuor vocal. Qui en offre une exécution aussi habitée que techniquement accomplie.

Les Sept dernières paroles du Christ en Croix, une des œuvres les plus secrètes de Haydn, qui la considérait parmi ses meilleures, a connu une histoire peu ordinaire. Elle fut composée à l'origine, en 1786, pour orchestre, puis adaptée, l’année suivante pour quatuor à cordes. En 1792, un certain chanoine Joseph Friebert rédige un texte en allemand et fait exécuter une version chorale en 1795. Ce que Haydn ne désapprouve pas. Au contraire, il remet l’œuvre sur le métier en enrichissant la version orchestrale originelle d'une seconde introduction, placée au médian, et en remaniant les parties vocales. Pour cette dernière tâche, il se fait aider par le baron van Swieten (qu'on connaît pour avoir aussi travaillé avec Mozart). D'une forme purement instrumentale, Les Sept dernières paroles du Christ en croix ont donc connu rapidement la forme d'un oratorio. La postérité a retenu ces divers modèles. Redécouverte en 1959, la version orchestrale a depuis lors été enregistrée plusieurs fois, dont l'une par Riccardo Muti. Alors que celle en forme d'oratorio l'était régulièrement, notamment par Nikolaus Harnoncourt. Sans parler des nombreux disques pour les seules quatre cordes.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Benoît Haller de la Chapelle Rhénane a imaginé une autre possibilité : réunir chant et partie instrumentale en un double quatuor instrumental et vocal. Sa version reprend les sept sonates, leur introduction et la conclusion, auxquelles est ajoutée une seconde introduction, placée entre les paroles IV et V, telle que figurant dans la version pour orchestre. Conçue à cet égard pour ensemble d'instruments à vent, celle-ci a donc été transcrite pour quatuor à cordes. Comme il a fallu opérer quelques adaptations dans les parties vocales pour les passages où les voix solistes se superposent brièvement aux parties chorales de la version oratorio. Mais l'ossature de l’œuvre est inchangée et son pouvoir émotionnel intact, voire peut-être décuplé : une succession singulière de mouvements lents que conclut l'épisode dit ''Il terremoto'' (Le tremblement de terre), allegro agité libérant toute la tension précédemment accumulée. L’œuvre refuse pourtant l'uniformité, car faite de contrastes dans le dosage des tonalités et des rythmes. Chaque sonate est précédée de l'énoncé de la parole correspondante de l’Évangile, psalmodiée par les quatre voix, à l'exception de la Vème, confiée au baryton-basse. Puis chacune des paroles est déclinée aussi bien par le chant que par le quatuor à cordes. Pour la réalisation, les voix sont utilisées tantôt à l'unisson, tantôt en soliste, dont une partie plus saillante de soprano et à un moindre degré de baryton basse, ou l'une ou l'autre en répons. À ceux qui s'étonneraient de l'audace de cette transcription, il peut être opposé qu'à l'époque de Haydn le procédé était coutumier, voire une preuve de vitalité de l’œuvre considérée. 

Une réalisation très soignée et un superbe travail collectif légitiment le concept. Le ressenti est indéniablement plus intimiste que dans la mouture utilisant l'appareil orchestral ou dans une exécution d'oratorio. Tandis que la version pour quatuor à cordes est enrichie par la mise en relief du texte biblique auquel l’œuvre fait essentiellement référence. La délicatesse avec laquelle ce texte, chanté en allemand, est délivré, grâce à une prononciation pas trop accentuée, en préserve l'intensité dans un climat de recueillement. Grâce aux deux voix de soprano, Hélène Walter et Salomé Haller, comme du ténor Benoît Haller et du baryton basse Pierre-Yves Cras. Le Quatuor 1781, Guillaume Humbrecht, Koji Yoda (violons), Satryo Aryobimo Yudomartono (alto) et Jérôme Vidaller (violoncelle) contribuent à la réussite par un jeu lui aussi tout en nuances.

Ils sont servis par une prise de son dans l'acoustique très aérée de l'église de Saverne, qui fait légèrement prédominer les voix.
Texte de Jean-Pierre Robert  

Plus d’infos

  • Franz Josef Haydn : Les Sept dernières paroles du Christ en croix. Version inédite pour quatuor vocal et quatuor à cordes
  • La Chapelle Rhénane
  • Quatuor 1781
  • 1 CD Paraty : 7231138 (Distribution : [PIAS])
  • Durée du CD : 51 min 35 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

CD disponible sur Amazon

LA SUITE APRÈS LA PUB


Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


Haydn, La Chapelle Rhénane, Quatuor 1781

PUBLICITÉ