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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Concertos de violon de Vivaldi ''Pour Anna Maria''

Pour le onzième volume des concertos de violon de Vivaldi, dans le cadre de la monumentale ''Édition Vivaldi'', Fabio Biondi et son ensemble Europa Galante rendent hommage à une des interprètes fétiches de l'époque, Anna Maria, célèbre violoniste à l'Ospedale della Pietàde Venise.

Au sein de la gigantesque production que Vivaldi a consacré aux concertos de violon, ceux composés pour la violoniste Anna Maria méritent une attention particulière. Cette jeune artiste était alors la plus célèbre musicienne de l'institution vénitienne Ospedale della Pietà pour laquelle le musicien travaillait régulièrement. Elle jouait le violon mais aussi quantité d'autres instruments comme le violoncelle, le luth ou le clavecin et même la mandoline. Au violon, sa réputation de virtuosité était telle que Vivaldi a écrit pour elle quelque 24 concertos. Dont il existe pour certains plusieurs éditions actuellement conservées dans diverses bibliothèques européennes. Dans ce maquis éditorial, Fabio Biondi a choisi six œuvres écrites entre 1710 et 1720, peu connues, dont toutes démontrent le sens aigu de la technique de jeu de l'interprète dédicataire. Ainsi en est-il du Concerto RV 229 en Ré majeur qui voit se succéder un premier mouvement où le soliste attaque dès les premières mesures avant le ritornello des cordes, un Largo d'une éloquente mélancolie, le violon accompagné par l'archiluth, et un finale doté d'une cadence logée dans le registre haut perché du violon. Le Concerto RV 363 en Si bémol majeur porte le sous-titre ''Il corneto da posta'', à l'image de l'imitation du signal de cor de postillon en forme de sauts d'octaves répétés. Ce thème parcourt toute l’œuvre, dans un premier Allegro comme un finale très rythmés et surtout un Adagio chantant où le soliste évolue sur de légers pizzicatos ppp des cordes.

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Le Concerto RV 207 en Ré majeur se distingue par un Allegro vibrionnant dès le ritornello d'entame, le soliste grimpant rapidement dans le registre suraigu, un Largo dont les cordes jouent ''tutti pizzicati'', laissant au violon un beau cantabile mélancolique, et un finale présentant des traits originaux dans l'ornementation des cellos sonnant comme des basses. Au Concerto RV 260 en Mi bémol majeur, l'Adagio, en un arioso introverti du violon sur un accompagnement solennel, est entouré de deux Allegros presque motoriques, sertissant l'écriture très élaborée réservée au violon qui se voit attribuer une cadence au finale. Moins virtuose, le Concerto RV 261, dans la même tonalité, voit un second violon intervenir auprès du soliste à l'Allegro initial, lequel est suivi d'un Adagio dépouillé mais richement ornementé, et d'un finale bondissant.

Plus intéressant est le cas du Concerto RV 179a en Do majeur. Cette œuvre existe dans plusieurs éditions, dont la plus célèbre est celle connue sous le numéro RV 581, conservée à Turin. On a retenu celle du manuscrit de Venise, restaurée par Olivier Fourès. Outre l'ajout d'une variante du Largo central, tirée de la version RV 581. Il s'agit d'une œuvre conséquente dont l'écriture est très élaborée quant à la partie soliste. À l'aune de l'Allegro ma poco débuté par une introduction lente, laissant place à une partie de violon fluide et ouvragée dans un tempo mesuré jusqu'à une courte cadence. Le Largo solennel au ripieno forme un magistral écrin à la cantilène du violon, légèrement plaintive, d'un lyrisme intense. Ce morceau est quelque peu plus développé dans la version du Concerto RV 581 et encore plus richement ornementé dans la partie de violon, laquelle aurait été écrite par Anna Maria elle-même. Le finale est allègre et dense, le violon ayant tout loisir de s'épancher, ce que suit une intéressante cadence. 

Comme dans un précédent volume de la collection des concertos de violon, ''La Boemia'', l'interprétation de Fabio Biondi convainc par sa rigueur dépourvue de manière anguleuse, autant qu'elle éblouit par sa grande maîtrise technique et son sens des couleurs. L'effectif peu nombreux d'Europa Galante - une quinzaine de musiciens dont sept violons - mais sonnant avec plénitude, contribue à des exécutions fluides et souples. Ce que l'enregistrement, à Padoue, restitue avec relief et immédiateté.
Texte de Jean-Pierre Robert 

Plus d’infos

  • ''Concerti per violino « Per Anna Maria »''
  • Antonio Vivaldi : Concertos pour violon RV 229, RV 363 ''Il corneto da posta'', RV 207, RV 260, RV 261, RV 179a ; Largo du même, ext. de RV 581
  • Europa Galante, Fabio Biondi, violon et direction
  • 1 CD Naïve Édition Vivaldi vol. 71 : OP 7368 (Distribution : Believe Digital)
  • Durée du CD : 62 min 54 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5)



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