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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : William Christie et The Fairy Queen, cent fois sur le métier

À l'occasion de la nouvelle production de The Fairy Queen et de la tournée internationale lancée cet été à Thiré par William Christie, le label Harmonia Mundi réédite opportunément sa superbe version du semi-opéra de Purcell, parue en 1989. Un must !

Outre Monteverdi, Haendel et Rameau, Henry Purcell a toujours compté au nombre des compositeurs volontiers honorés par William Christie. Et The Fairy Queen figure régulièrement au répertoire du maître. Ce fut une des premières productions scéniques des Arts Florissants, après le fameux Atys de Rameau à Paris en 1987. Elle verra le jour deux ans plus tard au Festival d'Aix en Provence. À la même époque paraissait cette version discographique qui, 35 ans plus tard, n'a rien perdu de son aura et de la verve que lui insuffle un chef alors dans ses quarantièmes rugissants. Christie remettra l'opéra sur le métier en 1992, notamment à Caen, puis en 2009 au Festival de Glyndebourne, dans une mise en scène de Jonathan Kent, qui sera donnée ensuite à l'Opéra Comique en 2010. Il faut dire que cette œuvre de Purcell permet de laisser libre cours à la fantaisie. Ce semi-opéra est en fait une succession de cinq masques, c'est-à-dire de scènes en rapport avec la trame de la pièce du grand Will, chacun d'eux étant relié thématiquement à la pièce. Ce sont successivement : le monde des fées et de l'illusion, qui comporte le tableau comique du Poète ivre et de la Première fée ; puis le mystère de la nuit, à travers un '' Prelude'' sur un sémillant duo de flûtes à bec avec effets d'écho, suivi des entrées des personnages de la nuit, du mystère, du secret et du sommeil. Le troisième masque conte l'amour sous toutes ses formes, avec diverses danses dont celle joyeuse et agitée ''pour les fées'' et celle caricaturale ''pour les hommes verts'', et le dialogue hilarant entre Coridon et Mopsa. Un finale endiablé conduit Titania à s'endormir aux côtés de Bottom. L'hommage au soleil et le train des saisons sont l'objet du quatrième masque. Il est introduit par une ''symphony'' grandiose dont les séquences sont très différentiées. On y trouve ensuite l'entrée glorieuse et l'air de Phoebus, puis l'apparition des saisons vantant chacune son potentiel, objet de configurations instrumentales originales. Le dernier masque voit la réunion de l'amour et de la raison avec, entre autres, ''The Plaint : O let me ever, ever weep'', un des sommets de la partition, pour soprano, puis l'épisode du chinois et de la femme chinoise conduisant à l'entrée de l'Hymen et à une étincelante conclusion parée d'une chaconne entraînante.   

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De cette partition extrêmement variée, William Christie propose une approche revisitée à la française, eu égard aux liens qui existaient à l'époque en musique baroque dans les deux pays. Dès le ''Prelude'' de la First Music, on est emporté dans un tourbillon d'allégresse. Les différences de climats et d'atmosphères sont volontiers creusées et la musique bondit et rebondit avec la plus belle vivacité. Ses musiciens des Arts Florissants brillent, parmi lesquels on trouve des noms qui ont depuis lors compté, tel Bruno Cocset, violoncelle, et pour certains fondé leur propre ensemble, comme Hugo Reyne, flûte, et surtout Christophe Rousset au clavecin et à l'orgue, en l’occurrence ici. La battue est souple et svelte et le souci du détail signifiant toujours en évidence. La distribution vocale est à l'unisson, ingénieusement répartie entre sopranos, hautes-contre, ténors, baryton et basses. On y remarque aussi des noms célèbres à l'époque (Nancy Argenta, Lynne Dawson, Charles Daniels, Jérôme Correas) ou ceux de la jeune classe du moment, dont plus d'un a depuis lors mené brillante carrière (Véronique Gens, Sandrine Piau, Jean-Paul Fouchécourt). Leur ensemble est d'une parfaite cohésion et le plaisir des échanges est communicatif comme émouvante l'émotion distillée par les solos.

L'enregistrement live possède clarté et relief, dans une acoustique un peu sèche, avec une discrète mise en espace et quelques effets joliment managés (échos). Si les voix sont parfois mises en avant, l'équilibre général avec l'orchestre reste satisfaisant.
Texte de Jean-Pierre Robert 

Plus d’infos

  • Henry Purcell : The Fairy Queen, semi-opéra en cinq actes. Livret d'un auteur inconnu d'après la pièce de William Shakespeare ''A Midsummer Night's Dream''
  • Nancy Argenta, Lynne Dawson, Isabelle Desrochers, Willemijn Van Gent, Véronique Gens, Sandrine Piau, Noémi Rime, sopranos
  • Charles Daniels, Jean-Paul Fouchécourt, Mark Le Brocq, Christophe le Paludier, hautes-contre
  • Bernard Loonen, François Piolino, Thomas Randle, ténors
  • François Bazola, baryton
  • Jérôme Correas, George Banks-Martin, Bernard Deletré, Thomas Landers, Richard Taylor, basses
  • Les Arts Florissants, dir. William Christie
  • 2 CDs Harmonia Mundi : HAF 8901308.09 (Distribution : [PIAS])
  • Durée des CDs : 128 min 42 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5, réédition)

CD disponible sur Amazon



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