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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Les Variations Goldberg sous les doigts du claveciniste Jean-Luc Ho

Voici une magistrale interprétation des Variations Goldberg qui se veut proche de l'idée que pouvait s'en faire Bach. Jean-Luc Ho les joue au clavecin, sur un instrument, copie d'époque, d'une grande plastique sonore.

L'une des grandes œuvres pour clavier de la dernière période créatrice de JS Bach connaît, ces temps, un regain d'intérêt chez les labels discographiques. Les versions se multiplient à l'envi, que ce soit au piano, au clavecin, voire dans des formats plus étranges comme le quatuor à cordes. Gage de la prodigieuse postérité de cette ''Aria avec différentes variations pour un clavecin à deux claviers'' en Sol majeur BWV 988, qui forme le quatrième et dernier volume du Clavier Übung, écrite en 1741 par Bach. De l'extrême richesse d'écriture contrapuntique du Cantor aussi, de son ingéniosité sans limite : à partir d'une aria plaisante en forme de sarabande, Bach en distille le contenu en une succession de variations à un ou deux claviers, dont des canons de forme différente, ces derniers disposés toutes les trois variations. Sans parler de la fantaisie dispensée, eu égard au caractère très divers des pièces. Bach enrichit singulièrement le procédé de la variation, évitant toute monotonie, en recourant à des figures diverses toutes aussi originales les unes que les autres : gigue, fugue, ouverture à la française, jusqu'à la chanson populaire, comme dans la dernière variation, intitulée ''Quolibet'', sorte de quiproquo musical.

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Jean-Luc Ho les interprète au clavecin. Dans un style bien différent de la récente version de Fazil Say, au piano. Pour lui, « l’œuvre est défi pour les pianistes et clavecinistes, ravissement pour le spectateur ». Car « en concert, les Variations Goldberg se regardent autant qu'elles s'écoutent ». Jolie formule pour souligner combien est puissant le ressenti d'une exécution, en particulier au clavecin. Rappelant qu'au-delà « de la force de la démonstration », ce qui « fait la spécificité de ces Variations : la récréation, le jeu, la plaisanterie, le tour de force de la main et le tour de force de l'esprit combinés ». Car l'interprète jongle sans cesse avec les deux claviers et les croisements de mains, affrontant martèlement d'accords, arpèges rapides, et « explore comme jamais l'indépendance des claviers ». Ho joue un clavecin construit par le facteur Émile Jobin en 1983, d'après un instrument de Goujon de 1749, et ayant appartenu à Blandine Verlet. Son esthétique française en fait, selon lui, le parfait compagnon pour exécuter l’œuvre. On est séduit par la sonorité claire dans l'ensemble des registres, son agréable résonance sans redondance dans le grave, ses aigus cristallins. Le jeu de Ho frappe par son extrême clarté, sa lisibilité et la rigueur de l'approche, même dans les passages les plus chargés. L'exécution est sur le versant plutôt lent - une durée de 87', comparée à celle de 76' favorisée par Say -. Ainsi prend-il l'Aria de manière très posée, soulignant la simplicité de la mélodie, pour cette pièce conçue dans l'esprit français. Quant aux variations, on admire le sens de l'architecture d'ensemble, avec une bonne assise à la basse. Un élément essentiel est la combinaison de logique de structure et une grande liberté d'expression, qui distinguent cette œuvre sans pareil.

L’enregistrement, à la bibliothèque François Lang de la Fondation Royaumont, où Jean-Luc Ho a été en résidence de 2018 à 2020, possède un grand relief, restituant toute l'immédiateté de l'instrument.
Texte de Jean-Pierre Robert 

Plus d’infos

  • Jean-Sébastien Bach : Goldberg Variation en BWV 988
  • Jean-Luc Ho, clavecin
  • 1 CD L'Encelade : ECL 2201 (Distribution : Socadisc & Believe Digital)
  • Durée du CD : 87 min
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5)

CD disponible sur Amazon



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