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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : héroïnes au Grand Siècle

Heroines Cantates Francaises

Cet album explore la mise en musique de la figure féminine aux XVIIe et XVIIIe siècles à travers les genres musicaux de la cantate française, de la tragédie lyrique et de la chanson populaire. Camille Delaforge réunit un florilège de pièces où des femmes hors du commun sont révélées dans l'imaginaire baroque. 

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Les grandes héroïnes de la mythologie, Armide, Clorinde, Procris, Lucrèce, peuplent la tragédie lyrique et la cantate dans la France musicale baroque. Guerrières ou magiciennes, amoureuses ou victimes, leurs destinées ont fasciné les compositeurs et le public. Dans le genre de la cantate, deux musiciens l'ont particulièrement illustré. Le peu connu Louis Antoine Dornel (ca.1680-1765) célèbre le personnage de Clorinde dans Le tombeau de Clorinde, cantate à une voix faite de trois récitatifs et de trois airs. Ce qui s'apparente à une scène de théâtre met en scène le personnage d'Argant, amant malheureux de Clorinde, dans le roman de chevalerie du Tasse, La Jérusalem délivrée. Le chant pour voix de baryton basse retrouve ici les codes de l'époque : une expressivité soulignée par une déclamation légèrement ampoulée. Dans le même cadre de la cantate à une voix, pour mezzo-soprano cette fois, Michel Pignolet de Montéclair (1667-1737) s'empare de la figure tragique de Lucrèce qui préféra se suicider devant le déshonneur que lui causa le viol par Tarquin. La Morte di Lucretia (1728) prend la forme d'un long monologue, à travers le plan rigoureux en trois récitatifs et trois airs, ceux-ci successivement plaintif, vindicatif avec vocalises et enfin déclamatoire dans la pure tradition tragique. Le mélange des styles italien et français est évident chez un musicien qui comme bien de ses confrères, avait fait le voyage en Italie et avait été séduit par les sonorités et modulations transalpines. 

Au titre du genre de la tragédie lyrique, le programme propose un extrait du Ballet des amours déguisés de Lully (1664) qui insère le monologue d'Armide, en langue italienne, où l'héroïne se lamente de l'abandon de Renaud ; un avant-goût de l'opéra Armide (1686). Les extraits de l'opéra Céphale et Procris (1694) de la compositrice Élisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729) montrent un talent musical à l'égal du modèle lullyste. Il s'agit ici des amours entre les deux personnages éponymes, contrariés par des rivaux, L'Aurore et Borée. Le choix de pièces opéré par Camille Delaforge est judicieux en ce qu'il fait se succéder une introduction instrumentale vive, deux airs contrastés, l'un plaintif, l'autre enjoué presque sur le ton de la chanson, pour conclure sur une allègre bourrée. 

Quelques morceaux appartenant au genre de la chanson populaire, très en vogue à l'époque, complètent cette originale proposition. Ainsi de ''J'ai languy sous vos dures lois'' extrait des Airs sérieux et à boire de Nicolas Racot de Grandval (1676-1753), savoureux trio vocal. Ou d'un auteur anonyme, la ''Chanson Béarnaise « une fillette de quinze ans »'', aux sous-entendus lestes.

L'interprétation de l'Ensemble Il Caravaggio est superlative, forte de ses cinq musiciens jouant des instruments d’époque : Roxana Rastegar, Pierre Eric Nimylowycz, violons, Ronald Martin Alonso, viole de gambe, Benjamin Narvey, théorbe et guitare baroque, Camille Delaforge au clavecin. La triade de chanteurs est tout aussi investie : Anna Reinhold & Victoire Bunel, somptueuses mezzo-sopranos, comme le sonore baryton-basse Guilhem Worms. Tous sont très respectueux des accents de la prosodie d'origine, conçue dans un sens développé de la théâtralité. L'enregistrement dans la Salle Marengo du Château de Versailles les met en valeur dans une ambiance d'une extrême présence.
Texte de Jean-Pierre Robert

Plus d’infos

  • ''Héroïnes – Cantates françaises''
  • Louis Antoine Dornel : Le tombeau de Clorinde, cantate à une voix et symphonie
  • Jean-Baptiste Lully : Ballet des amours déguisés – Plainte d'Armide
  • Élisabeth Jacquet de la Guerre : Céphale et Procris
  • Michel Pignolet de Montéclair : La morte di Lucretia, cantate à une voix et symphonie
  • Œuvres instrumentales et vocales de Jean-Baptiste Morin, Nicolas Racot de Grandval et d'anonymes
  • Victoire Bunel, Anna Reinhold (mezzo-sopranos), Guilhem Worms (baryton-basse)
  • Ensemble Il Caravaggio, clavecin et dir. Camille Delaforge
  • 1 CD Château de Versailles Spectacles : CVS090 (Distribution : Outhere Music France) 
  • Durée du CD : 58 min 02 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

CD disponible sur Amazon

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Michel Pignolet de Montéclair, Anna Reinhold, Guilhem Worms, Ensemble Il Caravaggio, Camille Delaforge, Élisabeth Jacquet de la Guerre, Jean-Baptiste Lully, Victoire Bunel, Louis Antoine Dornel, Jean-Baptiste Morin, Nicolas Racot de Grandval

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