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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : la musique de clavier d'Andrea Gabrieli

LaPeineDeMonCoeur AndreaGabrieli

Moins célèbre que son neveu Giovanni, Andrea Gabrieli mérite la considération  comme compositeur, entre autres, d’œuvres pour le clavier. Ce CD en présente un florilège, joué au clavecin par un interprète en totale empathie avec son langage. À découvrir.

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Oncle de Giovanni Gabrieli, qui a fait publier ses œuvres, Andrea Gabrieli (c.1533-1585) est un compositeur et instrumentiste vénitien. Il était organiste à la Basilique Saint Marc et écrira aussi bien pour le clavier que pour la voix. On lui doit un important corpus de pièces pour clavier, réunies en six volumes, les Concerti, publiés à partir de 1587, dont cinq peuvent être jouées non seulement à l'orgue mais aussi « sur tous instruments à clés ». Et bien sûr au clavecin, instrument alors très en vogue dans la Sérénissime. Sébastien Wonner remarque que « le clavecin invite à un rapprochement, à une intimité qui s'exprime dans un monde différent de l'exécution publique à l'orgue ». Et c'est « un lieu privilégié de délectation privée, là où s'exprimerait encore plus naturellement la fureur poétique ».

Il a choisi quelques pièces significatives du style de Gabrieli et des divers genres qu'il a pratiqués. Ainsi d'abord des Canzone. Ce sont particulièrement des arrangements de chansons françaises. De Clément Janequin par exemple (''Canzon francese detta Martin menoit a quattro voci di Ianequin''), ou d’Orlando de Lassus (''Canzon detta Suzanne un iour''), ou encore d'Adrien Willaert, organiste et maître de chapelle à Saint Marc, dans ''Qui la dira la peine de mon cœur''. Sans oublier la guillerette canzon du ''Petit Iaquet''. Des madrigaux, on entend ''Ancor che col partire a 4 voci di Cipriano de Rore'' ou un autre ''Io mi son giovinetta a 4 voci di Domenico Ferrabosco''. Les Ricercars ne sont pas moins intéressants et très complexes dans leur écriture fuguée : ''Ricercar sopra Martin menoit'' de ton intimiste, ou le conséquent ''Ricercar del nono tono''. Il faut citer encore une cantate ''Domino. Mottetto a 5 voci''. Enfin les Intonazioni, terme spécifique au vocabulaire musical vénitien de l'époque, sont des courtes pièces librement improvisées en forme de prélude au chant.

Partout s'exprime un style extrêmement ornementé avec un sentiment presque d'improvisation. Wonner insiste sur la couleur et ce qu'il appelle le « colorito vénitien » qu'il explique par le rapprochement de la musique et de la peinture à Venise, par rapport à la situation, alors très différente, qui  était celle de Florence. Il existe, selon lui, « un rapport dialectique entre souplesse musicale et picturale ». Là où s'opposent dessin et couleur. Venise étant le tenant de cette dernière contre Florence « qui tient il disegno (le dessin) pour le fondement de toute réalisation picturale et sculpturale ». De fait, ses exécutions sont marquées du sceau de l'élégance en termes de couleur, alors que la technique, au demeurant immaculée, n'est que le véhicule de cet art de peindre des émotions et impressions. Il joue un clavecin italien de Matthias Griewisch de 1999, capté dans une église de Strasbourg, qui en restitue avec relief la fine sonorité.
Texte de Jean-Pierre Robert

Plus d’infos

  • ''La peine de mon cœur''
  • Andrea Gabrieli : Chansons, Ricercars, Madrigaux et Improvisations
  • Sébastien Wonner, clavecin
  • 1 CD L'Encelade : ELC 2102 (Distribution : Socadisc & Believe Digital)
  • Durée du CD : 63 min 45 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

CD disponible sur Amazon 

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