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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : trésors de la mandoline concertante

Mandolin on stage

Afin de mettre en avant, sur la scène musicale, la mandoline concertante, Raffaele La Ragione a choisi quatre concertos qui « représentent le mieux les compositions pour la mandoline à son âge d'or », savoir « ceux qui condensent, de manière exemplaire esprit, musicalité et virtuosité ». Les noms de Vivaldi, Paisiello, Lecce et Hummel tombaient sous le sens. Il les joue sur instruments d'époque, en première au disque s'agissant des pièces de Lecce et de Hummel, avec trois mandolines différentes. Entrecoupé de sinfonias, ce programme se déguste comme une friandise.

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Vivaldi aimait écrire pour toutes sortes d'instruments et pas seulement pour le violon, Son Concerto en Do majeur RV 425 est sans doute un des premiers dévolus à la mandoline dans les années 1736. Deux Allegros vifs entourent un Largo qui voit la mandoline dialoguer avec un ripieno réduit de cordes, outre le clavecin et le théorbe, où dominent des pizzicatos des premières, laissant au soliste un savant mélodisme fait d'arpèges et de notes répétées. Un festin pour l'oreille ! Car le Prete rosso, inspiré par les merveilleuses instrumentistes de l'Ospedale della Pietà, adapte son écriture aux particularités de la mandoline. Quelques années plus tard, Paisiello compose son Concerto pour mandoline en Mi bémol majeur, fruit de l'amitié qui le liait au célèbre mandoliniste français Dominique Della Maria. La partie soliste y est très virtuose au fil des trois mouvements. L'Allegro maestoso voit le soliste terminer l'introduction orchestrale avant de se lancer dans sa partie solo. La mandoline est extrêmement mise en valeur car l'accompagnement est réduit aux violons et à la basse. Le Larghetto grazioso est dans le goût de Pergolèse, la partie soliste magistralement conçue pour l'instrument, avec des trilles et une ligne soutenue. Une cadence conclut dans un ton confident. L'Allegretto final s'épanouit dans une veine allègre, donnant au soliste matière à briller. Le discours se pare de quelque dramatisme dans les accords soudains du ripieno.

Autre représentant de l'école napolitaine, Francesco Lecce (1750-1806) écrira son Concerto pour mandoline en Sol majeur dans le style galant et la manière de Paisiello. Deux mouvements rapides, dont le dernier marqué Allegro balletto au langage élégant se renouvelant sans cesse, encadrent un Largo extrêmement expressif pour le soliste, souvent relayé à l'unisson par les cordes. Enfin le Concerto en Sol majeur (1799) de Johann Nepomuk Hummel voit le triomphe de la manière classique. Le compositeur tchèque était actif à Vienne et, aux côtés de Joseph Haydn, un fidèle de l'Orchestre du Prince Esterházy à Eisenstadt. L’œuvre est le fruit là encore d'une rencontre fructueuse du compositeur avec un mandoliniste et guitariste célèbre Bartolomeo Bortolazzi, auquel on doit, en 1805, la première méthode de mandoline en langue allemande. Les trois mouvements voient se succéder un Allegro moderato e grazioso développé où une introduction allante ouvre la voie au soliste doté d'une palette très travaillée de sonorités, chantante comme un air d'opéra. Puis un Andante con variazioni offrant un thème déclamatoire qui est décliné en variations aussi variées qu'agréables. Enfin un Rondo final d'un thème entraînant, cultivé de façon originale dans des tempos différents.

Pour interpréter ces concertos de facture bien distincte, Raffaele La Ragione renonce aux instruments modernes, ce qui serait « anachronique pour exécuter ce répertoire ». Il fait choix de jouer trois mandolines différentes pour être au plus près des intentions des auteurs. Ductilité des notes répétées, aisance des trilles, finesse de la ligne musicale, proche du chant, confèrent à ses interprétations un fini parfaitement idiomatique et extrêmement séduisant. Francesco Corti et les musiciens de Il Pomo d'Oro lui procurent un écrin de classe, partageant eux aussi ce retour à l'ancien par leurs instruments d'époque. Ils donnent encore trois Sinfonias, complément naturel. Elles sont empruntées à Paisiello, extraite de l’opéra La Serva padrona dont se dégage une vraie théâtralité, à Galuppi, dans sa brève et animée Sinfonia en Sol majeur, extraite de Il mondo alla roversa o sia Le donne che comandano, enfin à Haydn : sa Sinfonia en Ré majeur tirée de l’opéra Le Pescatrici, composé en 1769 sur un livret de Goldoni. 

La prise de son, dans une villa proche de Vicenza, procure à la mandoline une belle immédiateté dans une acoustique chambriste, et l'équilibre soliste-orchestre est bien jugé.

Texte de Jean-Pierre Robert

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Plus d’infos

  • Antonio Vivaldi : Concerto pour mandoline en Do majeur R 425
  • Giovanni Paisiello : Concerto pour mandoline en Mi bémol majeur
  • Francesco Lecce : Concerto pour mandoline en Sol majeur
  • Johann Nepomuk Hummel : Concerto pour mandoline en Sol majeur, Sinfonias de Baldassare Galuppi, Giovanni Paisiello et Joseph Haydn
  • Raffaele La Ragione, mandoline
  • Il Pomo d'Oro, clavecin & dir. Francesco Corti
  • 1 CD Arcana : A524 (Distribution : Outhere Music France)
  • Durée du CD : 66 min 56 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5) 

CD disponible sur Amazon



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Francesco Corti, Il Pomo d'Oro, Giovanni Paisiello, Antonio Vivaldi, Francesco Lecce, Johann Nepomuk Hummel, Raffaele La Ragione

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