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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : la musique de chambre de Ferdinand Ries

Ferdinand Ries TheNashEnsemble

C'est à une passionnante découverte que nous convie le label anglais Hyperíon, celle de la production chambriste de Ferdinand Ries. Connu pour être l'un des deux seuls élèves de Beethoven et son premier biographe, Ries a pâti d'un tel voisinage quant à ses qualités de compositeur. Ajoutées à celles d'excellent pianiste, elles méritent d'être mises dans la lumière. Ce que fait magistralement The Nash Ensemble dans les quatre œuvres jouées ici.

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Elles ont été écrites durant le séjour de Ries à Londres, entre 1813 et 1823, et montrent combien le piano en est l'élément moteur. Le Grand Sextuor op.100 pour piano, deux violons, alto, violoncelle et contrebasse en Do majeur date de 1817. La partie de piano est très riche, voire virtuose, traitée comme le soliste d'un concerto.  Témoin à l'Allegro con brio, qu'il débute de manière turbulente pour asseoir un thème brillant soutenu par les cordes. Suit une alternance de passages vigoureux et d’intermèdes plus tendres, parfois introduits par le violon I, sans que le piano ne soit détrôné de sa position dominante. Cela sonne souvent comme improvisé, constamment renouvelé par un piano chatoyant et fluide. L'Andante est un Thème et variations. Le thème est emprunté à un air irlandais très connu dont les paroles sont de Thomas Moore ''The last rose of summer''. Les variations dissertent à partir de cet incipit, notamment le piano, lui-même renchérissant en ornementations. Parfois une des cordes se détache de manière fugace, cello ou violon I. Le vif finale laisse enfin une place plus clémente aux cordes face au volubile piano.

Le Trio pour piano, violon et violoncelle en Do mineur op.143 offre un Allegro con brio entamé par le piano dans un thème impétueux avant que s'installe une mélodie fluide des cordes. Le dialogue entre celles-ci et le clavier est riche d’événements lyriques ou plus agités. L'Adagio con espressione possède le ton de l'improvisation, le piano menant le jeu quoique ici les deux cordes partagent le thème, chacune à son tour dans une sorte de rêverie éveillée. Le Finale Prestissimo qui s’enchaîne directement est une tarentelle tourbillonnante. Introduction et Danse russe op.113 N°1 pour violoncelle et piano (1823) permet au premier de vite prendre l'ascendant dans une écriture complexe. Le dialogue est alerte, voire dramatique. La dernière section très lente, lancée par le cello, se résout dans une course poursuite soutenue par un piano prestissime.

Œuvre curieuse dans son instrumentarium, le Sextuor en Sol mineur op.142 pour piano et harpe, clarinette, basson, cor et contrebasse, de 1814, est bâti à partir du noyau central constitué par le piano et la harpe, genre très en vogue à Londres à l'époque. L'Allegro ma non troppo offre la richesse de multiples combinaisons entre les six partenaires, dont les arpèges de la harpe, la fluidité du piano, le lyrisme de la clarinette, outre des traits amusants de cor et le soutien du basson et d'une contrebasse discrète. Le duo harpe-piano fonctionne souvent comme un seul instrument. Les vents apportent une note claire et décidée à un morceau avenant. L’Adagio est orné de traits imaginatifs tels que le début, duo clarinette et harpe, relayé par le cor avant l'entrée du piano et ses fameuses roulades, si chères à Reis. Dans ces alliages instrumentaux si peu convenus, chacun joue sa texture mais finalement tous se réunissent pour laisser la parole au piano. Le rondeau final est une danse hongroise légèrement scandée jouée à tour de rôle par le piano, la harpe et les vents. Encore que le clavier reste l'élément catalyseur. Le mouvement progresse plein d'entrain, trottinant joliment.

The Nash Ensemble, un des plus célèbres ensembles chambristes britanniques depuis des lustres, se fait une fête de ces quatre partitions, alignant des instrumentistes hors pair : les pianistes Simon Crawford-Phillips & Benjamin Frith, les violonistes Stéphanie Gonley et Jonathan Stone, l'altiste Lawrence Power, le celliste Adrian Brendel, fils du pianiste Alfred Brendel, le contrebassiste Graham Mitchell, le harpiste Hugh Webb, le clarinettiste Richard Hosford, la bassoniste Ursula Leveaux et le corniste Richard Watkins. Cette symbiose artistique rare, si souvent célébrée au mythique Wigmore Hall de Londres, est dans le registre de la perfection.

Ils sont enregistrés dans une acoustique procurant un équilibre parfait entre piano et cordes ou les divers autres instruments.

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Texte de Jean-Pierre Robert 

Plus d’infos

  • Ferdinand Ries : Grand Sextuor en Do majeur op.100. Introduction et Danse russe op.113 N°1. Trio pour piano et cordes en Do mineur op.143. Sextuor en Sol mineur op.142
  • The Nash Ensemble
  • 1 CD Hyperíon : CDA 68380 (Distribution : Distrart Mussic)
  • Durée du CD : 78 min 15 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5) 

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