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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : ''Les jeux et les plaisirs'', vol 12 de l’Édition Haydn 2032

HaydnN12

Le douzième volume de l'intégrale des symphonies de Haydn dirigée par Giovanni Antononi est placé sous le signe des ''jeux et des plaisirs''. Un motto permettant de « regrouper les symphonies écrites juste avant le début des représentations théâtrales au château d'Esterháza au printemps 1776 ou à l'occasion de ces spectacles », précise l'auteur du texte de la plaquette du disque. Des œuvres que le chef italien chérit d'une interprétation alerte et extrêmement nuancée, provoquant ce suprême plaisir d'écoute que réservent les autres albums de cette série désormais immanquable.

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Encore une fois, Giovanni Antonini nous ouvre les yeux sur une caractéristique de l'exécution des œuvres symphoniques de Joseph Haydn, en l'occurrence quant à ce qu'il appelle « l'émotion du vide », singulièrement quant à la manière de restituer leur mouvement lent. La durée de ces adagios, explique-t-il, rend difficile pour l'exécutant « de soutenir le déploiement musical », ajouté à « une ''raréfaction'' de la sonorité d'ensemble et des indications de rythme qui vont tout au plus du piano au pianissimo, avec quelques ''explosions'' forte ou fortissimo », enfin au « rôle important dévolu ici au silence ». Et de citer des indications comme ''perdendosi'' (en se perdant) : quelque chose situé au-delà du diminuendo, jusqu'à une extinction progressive du son ; une idée d'évanouissement sonore, comme pour se laisser aller, avec le sentiment qu'« il ne se passe rien ». On le vérifie à l'écoute des trois pièces jouées dans l'ordre chronologique de leur composition l'année 1776.

La Symphonie N°61 en Ré majeur voit dans l'orchestre l'introduction d'une flûte et de deux bassons. Ce qui appert dès le Vivace énergique qui la débute, avec des accords bien marqués. La mélodie y sera fluide dont un solo de flûte ouvrant le développement. L'Adagio se signale par son instabilité harmonique et surtout sa discrétion. Bel exemple du recours au silence en musique. Le Menuet Allegretto n'est pas sans rappeler ce type de mouvement dans les sérénades de Mozart, dont la Haffner K 250 de la même année. Le trio contraste par son instrumentarium réduit aux cordes avec le seul hautbois. Le finale prestissimo prend la forme d'un rondo à refrain humoristique et joueur dans ses diverses reprises. La Symphonie N°66 en Si bémol débute par un con brio très vif avec accords secs et sfrorzandos pour corser le discours. Interprété ici avec un vrai goût du jeu par de saisissants écarts de dynamique. L'Adagio serein avec cordes en sourdine offre de suaves mélodies jusqu'à un climax sur des grands accords puissants. Le bref menuet très rythmé est entrecoupé d'un trio qui, là aussi, mêle cordes et hautbois et basson solistes. Un finale Scherzando e presto monothématique termine dans le style populaire qu'affectionne Haydn.

La Symphonie N°69 en Ut '' Laudon'' - du nom d'un maréchal autrichien, héros de la Guerre de Sept ans - ajoute à l'effectif des parties de trompettes et de cors. Pour un Vivace brillant mais pas trop, car nuancé de passages ppp, de différences de rythmes et de fermes tutti. Le Poco Adagio développé offre des variations d'intensité, dont le fameux ''Perdendosi'', ce qui lui donne un aspect extrêmement différencié, rehaussé d'harmonies inhabituelles, mais ne saurait dissimuler un « vide émotionnel », selon le musicologue H. Robbins Landon. Un Menuet majestueux d'une allure de Landler précède un finale dramatique Scherzando e Presto avec refrain, bénéficiant des sonorités brillantes des trompettes et des timbales. En complément, Antonini joue une petite symphonie de Michael Haydn (1737-1806), attribuée à Joseph, dite ''Symphonie des jouets'' en Ut majeur. Cette sorte de plaisanterie musicale enchaîne un cocasse Allegro agrémenté de bruitages de coucou à la flûte, crécelle et autre batterie d’oiseaux bien en voix, puis un Menuet reprenant les mêmes ingrédients dont un solo de flûte sèche, et bardé d'un trio de chants de volatiles en écho, et enfin un Presto en feu d’artifice mené à un rythme endiablé.

Partout est-on enthousiasmé par le raffinement du jeu des musiciens du Kammerorchester Basel. Et par l'imagination dans le choix des tempos que distille le chef italien. Qui nantit son interprétation d'une dynamique savamment dosée et fort subtile, dont des pianissimo immatériels et un usage ''actif'' du silence. Sans parler de l'humour parant ces pages si frappées au coin du jeu et du plaisir. Le Haydn qu'on entend là est vraiment bien autre que le compositeur qui resterait désespérément dans l'ombre de Mozart. Sûrement pas ici.

L'enregistrement à Bâle est joliment résonnant et aéré, parfaitement proportionné entre bois et cordes.

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Texte de Jean-Pierre Robert 

Plus d’infos

  • ''Les jeux et les plaisirs''
  • Joseph Haydn : Symphonies N°61, Hob. I : 61, N°66, Hob. I:66, N°69, Hob. I :69 ''Laudon''
  • Johann Michael Haydn et al. Attrib. ''Toy symphony'', Hob. II : 47 (Urtext Edition de Sonja Gerlach)
  • Kammerorchester Basel, dir. Giovanni Antonini
  • 1 CD Alpha : Alpha 690 (Distribution : Outhere Music France)
  • Durée du CD : 82 min 23 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5

CD disponible sur Amazon 



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