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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : un Kaléidoscope de chants inspirés par la danse

Kaleidoscope Fatma Said

Pour son deuxième album chez Warner, la soprano égyptienne Fatma Said propose un florilège de musiques colorées, placées sous le signe de la danse, une de ses passions. Ce kaléidoscope ''swingue'' et traverse les cultures, les genres et les époques, de Gounod à Lehar, de Massenet à Weill, d'Offenbach à Gardel, de Piazzolla à Loewe, sans compter Gainsbourg et tutti quanti. Pour des morceaux chantés en français, allemand, espagnol, italien et arabe, avec la complicité de plusieurs partenaires appartenant à la sphère classique mais aussi au jazz ou au tango. Un bol d'air et une écoute on ne peut plus rafraîchissante.

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« Pour moi, la musique et la danse ne font qu'un... Il est difficile d'imaginer la musique sans la danse, ou la danse sans la musique », proclame-t-elle. Son propos est d'appairer « des chansons de pays et de peuples très différents », dont la « musique est imprégnée de rythmes infiniment variés, qu'il s'agisse de chanson, d'opéra, d'opérette, de zarzuela, de théâtre musical, de tango, de pop, de jazz ou de swing ». Ce singulier melting pot, qui débute dans la confidence d'une pièce de Joaquín Nin accompagnée de luth, nous fait traverser des contrées fort différentes mais finalement pas si opposées qu'on le croit. Les vertus de l'éclectisme permettent de rapprocher l'opéra du crossover, ce qui n'est pas péché désormais en ces temps de mélange des genres et des cultures. Si on parle d'opéra, Fatma Said interprète aussi bien l'air en gavotte de Manon ''Obéissons quand leur voix appelle'', que la valse ''Ah ! Je veux vivre'' de Juliette du Roméo et Juliette de Gounod. Ou plus osé, un des airs du rôle-titre du tango opéra Maria de Buenos Aires, où l'on ''sent'' un sens aigu du rythme et décidément cet univers où danse et chant ne sont qu'un, où tout s'enivre. Rejointe par Marianne Crebassa, elle distille la sublime Barcarolle de l'acte III des Contes d'Hoffmann, symbiose parfaite entre deux timbres merveilleux.

Côté opérette, se succèdent l'air boléro extrait du peu connu La Fiancée en loterie de Messager, la valse d'Yvette, tirée des Trois Valses d'Oscar Strauss, et celle joyeuse et joliment gouailleuse de la comtesse dans Wiener Blut de Johann Strauss II, ou encore celle de Giuditta de Lehár. Une incursion en Zarzuela nous vaut une tarentelle empruntée à La Tempránica de Giménez, enjouée, bien sentie dans sa rythmique, bavarde avec clins d’œil assortis. Avant d'aborder le musical. Et bien sûr l'un des airs fétiches d'Eliza Doolittle de My Fair Lady, un tube assurément défendu avec élégance. Ou le Tango-Habanera ''Youkali'' extrait de Marie Galante de Kurt Weill, délivré en français et dans le meilleur style cabaret. On en arrive à la musique de film avec, entre autres, ''Cheek to Cheek'' de Top Hat d'Irving Berlin, jazzy et trompette obligée, batterie endiablée, accent cockney. Ou un extrait du film Tango Bar de Gardel. Ou encore cet air tiré d'Enrico IV de Piazzolla, en français, avec un sens de l'abandon certain sur ''j'oublie, j'oublie'' et touche finale murmurée à bouche fermée. Fatma Said nous laisse terminer en chansons : ''La Javanaise'' de Gainsbourg dans une version pour piano et quatuor à cordes, mélancolique mais pas trop, puis ''Senza fine'' de Gino Paoli (*1934) et enfin ''I Wanna Dance with Somebody'' de George Robert Merrill (*1956), qui résume bien cet appel irrépressible de la danse et un engagement auquel on ne résiste pas.

Tel est bien le mot pour décrire ce programme concocté par une artiste qui ne ménage pas son plaisir de nous le présenter. L'éclectisme ne cesse d'étonner comme le challenge de ces grands sauts entre les genres, du classique au crossover. Séduisante aussi la coloration de la voix qu'elle adapte à chaque type de pièce, passant du soprano léger au registre plus lyrique de sa voix. La diction en français est irréprochable comme celle des autres langues. Et la caractérisation toujours idoine, un défi qu'elle se plaît à souligner, et relève avec panache. Transparaît partout une évidente joie de chanter tout en dansant, aux sens propre et figuré. Ce que tous ses musiciens partenaires accompagnent avec enthousiasme. 

La prise de son, adaptée elle aussi à chaque genre, procure un agréable environnement à la voix, parfaitement entourée par un ensemble chambriste ou orchestral.

Texte de Jean-Pierre Robert      

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Plus d’infos

  • ''Kaleidoscope''
  • Airs extraits des opéras Manon (Massenet), Roméo et Juliette (Gounod), Les Contes d'Hoffmann (Offenbach), Maria de Buenos Aires (Piazzolla), des opérettes la Fiancée en loterie (Messager), Les Trois valses (Oscar Strauss), Wiener Blut (Johann Strauss II), Giuditta (Lehar), des Musicals My Fair Lady (Loewe), Marie galante (Weill), des musiques de film Sieben Ohrfeigen (Schröder), Top Hat (Berlin), Tango Bar (Gardel), Enrico IV (Piazzolla), El Choclo (Villoldo), de la Zarzuela La Tempránica (Giménez), et de chansons de Nin, Gainsbourg, Paoli, GR Merrill
  • Fatma Said, soprano
  • Avec Marianne Crebassa, mezzo soprano (Offenbach)
  • Quinteto Ángel, ensemble tango
  • Vision String Quartet
  • Lucienne Renaudin Vary, trompette
  • Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dir. Sascha Goetzel
  • 1 CD Warner Classics : 5054197139215 (Distribution : Warner Classics)
  • Durée du CD : 58 min 28 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5) 

CD disponible sur Amazon



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Fatma Said, Marianne Crebassa, Quinteto Ángel, Vision String Quartet, Lucienne Renaudin Vary, Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Sascha Goetzel

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