Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : la harpiste baroque Angélique Mauillon rend hommage à Jean Le Flelle

AngeliqueMauillon JeanLeFlelle

Existe-t-il un répertoire soliste pour la harpe baroque qu'on sait être un des piliers de la basse continue ? Angélique Mauillon le défend en imaginant un programme en hommage à son lointain prédécesseur au XVIIème Jean Le Flelle. Elle conçoit une fiction autour de la vie musicale de celui-ci et des compositeurs de son époque qu'il a pu jouer aussi bien en France qu'en Angleterre, à Londres qu'à Paris. Il en résulte un florilège de pièces aussi inédites qu'agréables à l'écoute, surtout que jouées avec amour.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Jean Le Flelle fut harpiste à la cour d'Angleterre pour divertir Henriette-Marie, sœur cadette de Louis XIII et épouse de Charles Ier. Il sera ensuite actif aussi bien en France. Il jouait de la harpe baroque, instrument qui avec ses trois rangées de cordes, est proche de la sonorité du clavecin, comme il épouse aussi celle du luth par ses cordes en boyau. Angélique Mauillon en déduit que ces sonorités autorisent à puiser dans le répertoire des compositeurs contemporains de Le Flelle, écrivant en particulier pour le luth et le virginal. Pour l'illustrer, elle a réuni diverses œuvres de musiciens aussi bien français qu'anglais. De ces derniers, on entend des pièces de John Dowlnad, de John Banister (c. 1624-1679) et de Thomas Tomkins (1572-1656). Organiste et un des derniers des virginalistes britanniques, celui-ci est représenté ici par une pièce intitulée ''Fancy'', très expressive, exploitant toutes les possibilités de la harpe baroque, une autre ''Toy, for Mr Curch'', bien chantante, et enfin ''Voluntary, for Mr Archdeacon Thornburgh'', très développée et savante dans ses agréables mélismes. De Benjamin Cosyn (c. 1580-1653), on entend des pièces écrites dans le style des virginalistes anglais comme William Byrd ou Thomas Morley qui jouaient un instrument situé entre le clavecin et l'épinette, alors appelé virginal. Ainsi d'une Sarabande flattant le registre le plus extrême aigu de la harpe. Ou encore d'un auteur anonyme, une Pavane richement enluminée.

De Londres à Paris, les français sont représentés d'abord par René Mesangeau (actif fin XVIème et début XVIIème) et sa Suite en Do majeur, dans le style de la suite française en 5 parties. Puis par Jean Mercure, actif au XVIIème, d'abord en France dans les années 1620, puis à la cour d'Angleterre où il succédera à Dowland. Sa Suite en La mineur offre quatre parties dont une Sarabande très développée. Est encore présentée une pièce titrée ''Almaygne Mercure'', de ton déclamatoire. François Dufaut (actif au XVIIème) navigua lui aussi entre Paris et Londres. Angélique Mauillon joue sa Suite en Ré mineur, concise et expressive, notamment à l'Allemande introductive. Les sonorités du luth ne sont pas loin, comme dans la Courante. La Sarabande est dansante à souhait et la Gygue on ne peut plus entraînante. Le très célèbre Ennebond Gaultier (c. 1575-1651) ne verra pas ses œuvres publiées de son vivant. On lui doit, entre autres, une Suite en La mineur en trois volets, dont l'Allemande est raffinée et la Courante d'une vitalité presque en contradiction avec son sous-titre de ''La Belle Homicide''. Enfin les Dubut, père et fils, célèbres luthistes, actifs à l'apogée de l'instrument au XVIIème, voient leur renommée dépasser les frontières. Telle cette Suite en Do majeur. Le premier est responsable de la fluide Courante, le second des bien sonnants Canaries. Mais les deux autres morceaux ont semble-t-il été écrits à quatre mains : une Allemande élégante puis une Sarabande un brin sérieuse.

À n'en pas douter Angélique Mauillon donne de ces pièces une interprétation idoine par le soin apporté aux doigtés. Elle joue une harpe triple de Simon Capp, facteur à Brighton, de 2014, qui possède une séduisante sonorité, quelque part proche du luth, avec une belle résonance grave et des notes aiguës d'une extrême transparence. Elle est enregistrée à la Grange de Mels en Aubrac, dans une acoustique aérée saisissant tout l'ambitus de l'instrument, et en même temps d'une parfaite proximité.

Texte de Jean-Pierre Robert 

Plus d’infos

  • ''Sur les pas de Jean Le Flelle''
  • René Mesangeau : Suite en Do majeur
  • John Dowland : Sir John Langton's Pavan
  • John Banister : trois pièces
  • Jean Mercure : Suite en La mineur. Deux pièces (attrib.)
  • Thomas Tomkins : 3 pièces
  • François Dufaut : Suite en Ré mineur
  • Ennemond Gaultier : Suite en La mineur
  • Benjamin Cosyn & ano. : 3 pièces
  • Pierre Dubut père & fils : Suite en Do majeur
  • Angélique Mauillon, harpe baroque
  • 1 CD Seulétoile : SE04 (Distribution : Socadisc)
  • Durée du CD : 64 min 20 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5) 

CD disponible sur Amazon 

LA SUITE APRÈS LA PUB


Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


John Dowland, Angélique Mauillon, René Mesangeau, John Banister, Jean Mercure, Thomas Tomkins, François Dufaut, Ennemond Gaultier, Benjamin Cosyn, Pierre Dubut père & fils

PUBLICITÉ