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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD "Danses populaires roumaines" : la musique de piano de Béla Bartók

Bela Bartok Matteo Fossi danses populaires roumaines

Parmi les nombreuses compositions que Bartók a confié au piano, Matteo Fossi livre une sélection alliant pièces connues, comme les Danses populaires roumaines, et pages moins jouées, telles les Deux Élégies ou la Suite op.14. Une plongée dans un univers fascinant qu'illuminent de magistrales interprétations.

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Pionnier de l'ethnomusicologie, Béla Bartók a étudié sans relâche les divers folklores d'Europe centrale, hongrois, slovaque, bulgare et surtout roumain, ce dernier inspirant bien de ses œuvres notamment pour le piano. Celles réunies sur ce CD qui « ont en commun la précision de l'écriture et la variété du timbre, devraient briser définitivement l'image d'un Bartók ''percussif'' et agressif et exalter le côté plus imaginatif et poétique » du musicien, souligne Matteo Fossi. Ainsi de l'Allegro barbaro, de 1911, dont le rythme frise la frénésie, tout d'énergie dans la répétition de cellules sans mélodie à proprement parler. Et pourtant, voilà une pièce qui selon Bartók ne doit rien avoir d'agressif, encore moins de mécanique. Peu avant, en 1907, Les Trois Chants du comitat de Csik, arrangement d'airs de flûte rustique, miniatures jouées enchaînées, exhalent d'abord une certaine mélancolie avant un traitement original des notes les plus aiguës au Poco vivo final. Les Deux Élégies pour piano op.8b, écrites en 1908 et 1909, sorte d'adieu à un amour impossible pour la violoniste Stefi Geyer, offrent tour à tour des harmonies mêlant postromantisme du dernier Liszt et chromatisme frôlant l'atonalité (''Grave''), puis un univers résolument novateur par un jeu d'accords traversé d'arabesques à la main droite (''Molto adagio, rubato'').

Avec les Six Danses populaires roumaines (1915), on est en terrain plus connu, même si l'arrangement pour orchestre qu'en a réalisé Bartók est plus souvent donné que la version originale pour piano. Elles trouvent leur origine dans des airs collectés en Transylvanie les années précédentes. D'une extrême brièveté, elles renferment pourtant une mine d'inventions rythmiques et harmoniques. La ''Danse du bâton'' et celle ''du Boutchoum'' sont inspirées de violonistes tziganes, celle ''du Ceinturon'' et la ''Danse sur place'' ont leur origine chez un joueur de pipeau. Les deux dernières, ''Polka roumaine'' et la ''Danse à petits pas'', l'une rude, l'autre enlevée, clôturent de manière vive ce petit bijou de la musique bartokienne.   

La Suite op.14 (1916) est d'une modernité assumée dans l'extrême concentration de ses quatre séquences puisées au folklore magyare. Les trois premières sections sont sur le versant vif, dont un Scherzo virevoltant, tandis que la dernière, Sostenuto, est plus lyrique et finit dans un souffle. Les Improvisations sur des chansons paysannes hongroises (1920) marquent une nouvelle étape dans le langage de Bartók, fusion entre musique populaire et musique savante. Les chants dont s'agit, recueillis par Bartók et d'autres musiciens, sont insérés au sein d'un ensemble donné sans interruption mêlant des éléments de transition plus modernes. On remarque la manière parodique de la 6ème, une inspiration presque debussyste dans la septième et un schéma de thème et variations pour la huitième et dernière pièce.

Les Six Danses en rythme bulgare sont tirées du Sixième et dernier cahier (1939) des Mikrokosmos. Débuté en 1932, cet ensemble à visée pédagogique de plus de 150 pièces détaille les divers modes pianistiques dans un ordre croissant de difficulté et un rare souci du détail. C'est aussi un condensé de l'art compositionnel du musicien pour le piano. Avec ce dernier volume et ces six ultimes pièces, la complexité des rythmes atteint un point d'aboutissement. La référence au folklore, en l'occurrence bulgare, est ici réinventée, en quelque sorte transcendée au fil de morceaux d'une grande brièveté.

Tout au long de ce parcours ingénieusement conçu, Matteo Fossi déploie une maîtrise souveraine, rendant à ces pièces leur vraie nature, dans le dessein de mettre en avant l'hédonisme dont se réclamait le compositeur au-delà de la pure technique pianistique, quelle que soit la difficulté requise en termes de rythmes ou de dynamique. La sincérité du jeu rejoint le souci d'authenticité. Comme il en est du fait de jouer un piano Fazioli dont la belle et claire sonorité est captée dans une ambiance naturelle au Concert Hall Fazioli de Pordenone, en Italie.

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Texte de Jean-Pierre Robert

Plus d’infos

  •  ''Danses populaires roumaines''
  • Béla Bartók : Trois Chants populaires du comitat de Csik BB 45b. Deux Danses roumaines op.8a. Deux Élégies op.8b. Allegro barbaro. Danses populaires roumaines BB 68. Suite op.14. Six Danses en rythme bulgare, ext. du 6ème cahier de Mikrokosmos. Improvisations sur des chansons paysannes hongroises, op.20
  • Matteo Fossi, piano
  • 1 CD Hortus : Hortus 203 (Distribution : UVM)
  • Durée du CD : 63 min 08 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

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