Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : mélodies russes de Tchaïkovski et de Rachmaninov par Lena Belkina

Spring Night LenaBelikna

Le genre de la romance russe est de peu inférieur en importance à celui du Lied allemand. Parmi les compositeurs l'ayant pratiqué, Tchaïkovski et Rachmaninov figurent en bonne place. Le premier avec plus de cent œuvres, écrites tout au long de sa vie, dépassant de peu les quelque 80 conçues par le second. La mezzo-soprano Lena Belkina en livre un florilège représentatif avec un art consommé.

LA SUITE APRÈS LA PUB

La passion éprouvée par Tchaïkovski pour la voix ne se mesure pas seulement à ses opéras, comme Eugène Onéguine ou La Dame de pique, mais aussi dans ses mélodies ou romances. Un corpus abondant qui puise à la chanson populaire, à la ballade romantique ou encore au type de la chanson citadine russe héritée de Glinka et qu’il adapte de sa propre manière. La partie pianistique, loin de se réduire à un simple accompagnement, vise à un réel dialogue avec la voix, comme chez Schumann. Il en est, par exemple, de la dernière des Six mélodies op.6 (1869), ''Seul celui qui connaît la nostalgie'', sur un poème de Goethe. Lena Belkina a choisi une dizaine de titres, empruntés aux divers cycles et pièces isolées. Du premier type : la ''Berceuse'' de l'op.16/1, au ton presque funèbre, la mélodie ''C'était à l'aube du printemps'' tirée de l'op.38/2, dont émane une mélancolie typiquement russe, ou encore ''Dis-moi ce qui se trouve à l'ombre des branchages'', extraite des Six mélodies op.57 où de ses accords arpégés le piano imprime une atmosphère limpide et pastorale. La partie de piano est tout aussi essentielle dans ''La nuit'' op.60/9, pour un vrai dialogue avec la voix. Des Six romances sur des poèmes de Konstantin Romanov, op.63, Lena Belkin en donne deux : ''J'ai ouvert ma fenêtre'' (63/2), d'un bel élan lyrique, et ''Sérénade'' (63/6), là où le clavier imite la guitare. Du dernier cycle op.73, écrit en 1892, ''Je suis de nouveau seul comme avant'' (73/6) évoque par sa monotonie le cycle Sans soleil de Moussorgsky. Parmi les pièces isolées, est donnée la romance ''Oublier si vite'' (1870), une des plus connues de son auteur.

Les mélodies de Rachmaninov sont plus délicates à interpréter car les parties vocale et pianistique possèdent une vie propre, cette dernière de surcroît souvent très complexe. Ainsi de ''Eaux printanières'' de l'op.14/11 qui clôt le disque. Rien d'étonnant chez un compositeur lui-même grand virtuose de l'instrument. Elles demeurent peu jouées. Lena Belkina en chante quelques-unes, là encore empruntées à divers cycles écrits entre 1890 et 1906. Les pièces sont généralement moins développées que chez Tchaïkovski. Elles sollicitent beaucoup les registres médian et grave. Une voix de basse comme celle de Boris Christoff s'y illustra naguère. Elles cultivent souvent un lyrisme à fleur de peau, comme ''Lilas'' (op.21/5) ou ''Matin'' (op.4/2). On remarque aussi des traits de dramatisme, comme dans ''Je t'attends'' (op.14/1), pourvue d'envolées presque opératiques. Du cycle des Six mélodies op.8 (1894), en sont données quatre, dont ''Enfant, tu es belle comme une fleur'', où l'on perçoit un sens de l'émerveillement, comme il en est tout autant dans ''Un rêve''. L'affect mélancolique, on le retrouve dans la déchirante mélodie ''J'ai appris à aimer le chagrin''.

La jeune mezzo-soprano russe Lena Belkina, qui s'est déjà imposée à la scène dans Rossini et le répertoire baroque, avec Carmen à l'horizon, sait parfaitement domestiquer son instrument au format de la romance. Elle pare toutes ces miniatures d'une diction soignée, innée. Son timbre au médium velouté, au grave expressif rejoignant une quinte aiguë aisée, y fait merveille. Elle trouve en sa consœur Natalia Sidorenko une partenaire de choix, au jeu tout aussi sensible.

Elles sont enregistrées dans une acoustique large de salle de concert, la voix captée dans toutes ses harmoniques, et le piano très résonant, ce qui peut générer une certaine dureté.

Une double remarque pour finir : le public censé se procurer le CD doit savoir que la plaquette ne comporte pas les textes chantés - le renvoi au téléchargement sur le site du label n'étant qu'un pis-aller à cet égard - non plus qu'aucun commentaire en français.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Texte de Jean-Pierre Robert 

Plus d’infos

  • ''Spring night''
  • Piotr Ilitch Tchaïkovski : choix de mélodies extraites des op.6, 16, 38, 54, 57, 63 & 73
  • Serge Rachmaninov : choix de mélodies extraites des op.4, 8, 14, 21 & 26
  • Lena Belkina (mezzo-soprano), Natalia Sidorenko (piano)
  • 1 CD Solo musica : SM 381 (Distribution : Sony Music)
  • Durée du CD : 60 min 24 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise (4/5)

Ècouter des extraits

CD et MP3 disponibles sur Amazon 



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


Tchaïkovski, Serge Rachmaninov, Lena Belkina, Natalia Sidorenko

PUBLICITÉ