Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : les Lachrimae et songs de John Dowland

Dowland Lachrimae

À partir du cycle des Lachrimae de John Dowland, cet album propose un récit rétrospectif de l'art du célèbre luthiste, mêlant ces sept pièces avec des danses et des chants, afin de composer celui « d'un homme à son propre chevet et des comptes qu'il fait avec son destin », indique Margherita Pupulin, violon de l'ensemble La Chimera. Un intéressant parcours, servi par des interprètes de choix.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Les Sept Lachrimae que Dowland compose en 1604 sont des pièces en forme de pavane polyphonique qui peuvent être jouées par un soliste ou un ensemble, comme ici par un consort de cordes et un luth. Cette danse de pavane, alors importée d'Italie, fleurit en Angleterre chez plusieurs musiciens comme William Byrd ou Orlando Gibbons. Leur rapprochement en un cycle, dans une palette musicale extrêmement subtile, offre une vision saisissante d'un panel d'affects douloureux dépeignant diverses natures de pleurs. Ce qui permet à l'auditeur d'y trouver « la possibilité d'un voyage introspectif dense, guidé par des titres extrêmement évocateurs ». Ainsi des bouleversantes ''Lachrimae Antiquae'' et ''Antiquae nove''. L'itinéraire se poursuit par les ''Lachrimae Gementes'' (larmes de deuil), les ''Tristes'' ou encore les ''Coactae'' (larmes recueillies) d'où semble émaner presque de l'optimisme, et les ''Amantis'' (les larmes de l'amant), celles de l'amour perdu. Les dernières, Lachrimae Verae (les vraies larmes), résument peut-être ce qu'est une lamentation discrète qui renaît toujours de ses cendres. 

Le récit proposé est ponctué d'autres danses et logiquement de gaillardes, auxquelles les pavanes sont généralement associées dans un souci de contraste avec une pièce plus vive. On y trouve aussi des allemandes. Il met encore en miroir des songs choisis en un agréable contrepoint vocal à chaque pavane. Brodant sur les thèmes de la douleur insondable de la plainte (''Go Crystal Tears''/Partez, larmes de cristal), du désespoir du départ imminent (''Now, o now, I needs must part''/ Maintenant, Ô maintenant je dois partir), de la consolation de l'amant solitaire (''O sweet woods''/ O douces forêts) ou encore de la solidité du vrai amour que n'atteint pas le  passage du temps (''His golden locks''/Sa chevelure d'or), toutes manifestations poétiques achevées de l'art élisabéthain. Le ténor Zachary Wilder les chante avec sensibilité, de son timbre clair et moelleux. 

Au long de ce récit des diverses facettes de la plainte en musique, un sentiment de douce mélancolie s'empare de l'auditeur, jusqu'à l'épilogue élégiaque sur le song ''Flow my tears''/Coulez mes larmes, d'un lyrisme presque hypnotique où la voix de ténor s'enlace avec le luth et la viole de gambe, et une ultime pavane ''Semper Dowland semper Dolens'' qui ne peut cacher cet inexorable destin pour l'homme de côtoyer toujours la douleur. 

L'ensemble La Chimera, fort de cinq cordes et du luth d'Eduardo Egüez, son directeur artistique, nous émeut au plus profond. Alors qu'enregistré avec soin dans une ambiance généreuse, la voix bien intégrée au consort instrumental.

Texte de Jean-Pierre Robert 

LA SUITE APRÈS LA PUB

Plus d’infos

  • ''Lachrimae & songs''
  • John Dowland : Lachrimae Antiquae, Lachrimae Antiquae nove, Lachrimae Gementes, Lachrimae Tristes, Lachrimae Coactea. Lachrimae Amantis, Lachrimae Verae
  • Songs et danses
  • Zachary Wilder, ténor
  • La Chimera, Eduardo Egüez, luth et direction
  • 1 CD La Musica : LMU 22 (Distribution : [Integral])
  • Durée du CD : 76 min 49 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5) 

Écouter des extraits

CD et MP3 disponibles sur Amazon



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


John Dowland, Zachary Wilder, La Chimera, Eduardo Egüez

PUBLICITÉ