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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD "Zal" : la musique de Miłosz Magin

Zal

  • ''Zal''
  • Miłosz Magin : Concerto N°3 pour piano, cordes, timbales et percussions. Concerto rustico pour violon, cordes et timbales. Stabat mater pour cordes et timbales. Vocalises. Nostalgie du pays, extr. des Miniatures polonaises
  • Lucas Debargue (piano), Gidon Kremer (violon)
  • Kremerata Baltica
  • 1 CD Sony : 19439870312 ( Distribution : Sony Music Entertainment)
  • Durée du CD : 76 min
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

« Sa musique est identifiable en seulement quelques notes ; son style sait à la fois charmer et surprendre ». Ainsi le pianiste Lucas Debargue définit-il celle de Miłosz Magin, pianiste et compositeur polonais qui s'établit en France, comme jadis son illustre prédécesseur Frédéric Chopin. Par un choix d’œuvres représentatives empruntées aux genres du concerto et de la musique de chambre, ce disque est une excellente introduction à un art qui séduit immédiatement.

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Miłosz Magin (1929-1999) se fait connaître d'abord comme un excellent pianiste, notamment dans l'interprétation de son compatriote Chopin. Il s'établit à Paris en 1960. Suite à un accident de voiture en 1963, qui interrompt provisoirement sa carrière, il se tourne vers la composition. Sa production sera riche, restant dans l'univers tonal, mais avec un traitement imaginatif de l'harmonie et un discours associant rythme agile et mélodisme lumineux. C'est en particulier le cas dans le domaine du concerto. Parmi la dizaine qu'il a écrit, en particulier ceux pour piano, le Concerto N°3, de 1970, l'est pour accompagnement de cordes, timbales et percussions. Une formation originale qu'on retrouvera par la suite. En cinq mouvements enchaînés, l’œuvre possède une écriture dense qui exploite l'entier registre de l'instrument. Comme il en est des premières mesures qui voient le soliste faire une entrée in media res. Et en force. Dans ce mouvement comme avec les suivants, rythmique affirmée, voire agitée, voisine avec plages de lyrisme élégiaque. L’œuvre reste pourtant bâtie sur le mode vif, emplie de séquences de courses-poursuites piano-cordes, soulignées par une base de percussions, comme au Presto central presque motorique ou au finale con fuoco. La section Adagio, placée en avant-dernière position, interrompt momentanément ces fracas par son mélodisme, exprimé d'abord à l'orchestre puis au piano qui se déploie en une longue phrase, mais avec là encore un soubassement de timbales, sorte de coups du destin. Une œuvre forte qui ne laisse pas de marbre.

Avec le Concerto rustico pour violon, cordes et timbales, de 1975, se manifestent la référence non dissimulée aux racines polonaises du musicien et de nouveau le recours à une formation orchestrale réduite aux seules cordes en lien avec une autre utilisation singulière des timbales. La veine populaire est ici évidente, celle des danses et leurs rythmes divers. À travers les trois mouvements, un vif Allegro initial entraînant et non sans humour et un finale Presto enlevé d'une danse d'Oberek, autour d'un Andantino profondément mélodieux et nostalgique, empruntant à la danse de Kujawiak. C'est là l'expression du Zal polonais, ce sentiment diffus à la fois de tristesse, de regret, mais aussi émotion aux multiples facettes. Avec le Stabat Mater pour cordes et timbales (1973), un autre visage est révélé, celui de Magin le croyant. La pièce, qui selon sa fille Margot Magin, devait s'appeler ''Prière'', débute dans une grande douceur pour peu à peu se déployer en un fervent crescendo des cordes sur une pédale des basses que renforcent les timbales. Le rythme s'affirme par le martèlement de ces percussions jusqu'à atteindre un climax. S’ouvre ensuite une séquence, introduite par les contrebasses, de réflexion intense de tout l'orchestre assagi.

En contrepoint à ces pièces d'orchestre, sont proposés des morceaux chambristes. Ainsi de l'Andante pour violon et piano, de 1963, rêverie mélancolique, traversée d'un épisode central plus soutenu, et pourvue d'une écriture pour le clavier inspirée de maîtres français comme Debussy et Ravel. Les Vocalises (1985), dans un arrangement pour violon et piano de Kremer et de Debargue, ont été conçues à l'origine pour piano à l'intention de la fille de Magin : l'ample mélodie ici confiée au violon distingue ces quatre courtes pièces, tour à tour vives ou mélancoliques. Enfin, le morceau ''Nostalgie du pays'', extrait des Miniatures polonaises, de 1982, rappelle l'attachement du musicien à sa patrie natale. Il manifeste aussi son souci d'écrire des pièces pour piano ne requérant pas d'exigences techniques de la part de l'interprète.

Ce CD est le fruit d'une carte blanche donnée par Kremer à son collègue pianiste français pour un projet en commun avec l'orchestre Kremerata Baltica, fondé par le violoniste en 1997 et constitué de musiciens des pays baltes. « La musique de Miłosz Magin s'est imposée comme une évidence », relate Lucas Debargue qui en était amoureux de longue date. Il offre un pianisme racé et d'une haute technicité qui s'accorde volontiers au violon souvent tendu de Gidon Kremer. Ce partenariat s'adosse parfaitement à l'engagement des musiciens de l'orchestre dont on sait le jeu énergique et d'une naturelle exubérance, s'appropriant des musiques nouvelles pour eux.

La prise de son, dans une salle de concert en Lituanie à l'acoustique généreuse, ménage une image sonore large, un équilibre soliste-orchestre satisfaisant tout comme une balance violon-piano très présente.

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Texte de Jean-Pierre Robert

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Miłosz Magin, Lucas Debargue, Gidon Kremer, Kremerata Baltica

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