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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : le dernier volume des messes de Josquin Desprez par l'ensemble Métamorphoses

Metamorphoses JosquinDesprez

  • ''Josquin et Saint-Quentin''
  • Josquin Desprez : Messe Malheur me bat. Messe L'ami Baudichon
  • Ensemble Métamorphoses, dir. Juliette de Massy
  • 1 CD AR RE-SE : 2021-2 (Distribution : Socadisc)
  • Durée du CD : 70 min 54 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5) 

Ce CD est le 10ème et dernier volume de l'intégrale des messes connues de Josquin Desprez, interprétées par l'ensemble choral français Métamorphoses. Et la glorieuse conclusion d'une valeureuse entreprise qui vient à point nommé célébrer le 500ème anniversaire de la mort d'une des grandes figures de la musique polyphonique de la Renaissance. 

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Les deux œuvres ici réunies le sont sous le motto ''Josquin & Saint-Quentin'', la ville du Vermandois français où il naquit et proche de celle de Condé-sur-l'Escaut, là où il terminera sa vie. Un ancrage territorial essentiel donc, où le musicien fit ses premières armes en tant que chanteur puis comme ''préfet de musique''. Elles sont révélatrices de l'art du compositeur, qu'elles appartiennent pour l'une à la maturité et pour l'autre à la période de sa jeunesse.

Dans la Messe L'ami Baudichon, une des premières, sinon la première, écrite dans les années 1480, on trouve les bases de ce qui fera l'originalité de la manière de Josquin Desprez au long de toutes les autres. On y décèle l'influence de Guillaume Dufay. À quatre voix, remarquable est sa simplicité mélodique attribuable à son origine profane, mais avec un contrepoint fourni. Le cantus firmus est confié au ténor et structure l’œuvre. Juliette de Massy loue « sa clarté, sa brillance, la jubilation et la folie de la répétition du thème repris, décliné sous toutes ses formes, toutes ses couleurs ». La séquence du credo, la plus développée, contient un ''Incarnatus est'' poignant confié aux voix aiguës. 

La Messe Malheur me bat est plus tardive. C'est aussi une des plus longues écrites par Josquin, d'une durée de près de quarante minutes, révélant une grande maîtrise, comparable à celle qu'on trouve dans la fameuse Messe de L'Homme armé. « Le thème est magnifique tant il permet de caractériser différemment mouvements et sections » (ibid.) Elle rappelle le style de Jean Ockeghem. Elle est conçue sur le timbre d'une chanson aujourd'hui perdue. Le Credo offre « des jeux écrits entre une voix soliste et un groupe uni dans le texte à la façon d'un chœur antique », souligne encore Juliette de Massy. Le Sanctus est très développé, dont un « Benedictus angélique à souhait ». Et l'Agnus dei offre une polyphonie particulièrement flamboyante par le jeu d’amplification des voix, renforçant la densité polyphonique. Le fruit d'un travail compositionnel des plus sophistiqués. 

Les chanteurs de l'ensemble Métamorphoses, sous la direction de Juliette de Massy, rivalisent de pureté et de flexibilité, jusqu'à des pianissimos envoûtants lors de longues notes tenues finales, et ce grâce à l'achalandage des couleurs dans les voix aiguës claires et le velouté des basses. La tension expressive rejoint l'engagement. Il émane de ces exécutions un sentiment de joie. On tient là un vrai travail d'orfèvre et des lectures proches de la perfection, qui ne pâlissent nullement devant les interprétations d'un ensemble britannique renommé comme les Tallis Scholars. Le digne point d'orgue d'une intégrale remarquée.

Les enregistrements, effectués comme pour les récents volumes, dans l'église de Javols en Gévaudan, procurent une ambiance séduisante grâce à une fine spatialisation des voix.

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Texte de Jean-Pierre Robert 

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