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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : les deux quatuors à cordes de Saint-Saëns

Saint Saens Quatuor Tchalik

  • Camille Saint-Saëns : Quatuor à cordes N°1 en Mi mineur, op.112. Quatuor à cordes N°2 en Sol majeur, op.153
  • Quatuor Tchalik
  • 1 CD Alkonost classic : ALK007 (Distribution : UVM) 
  • Durée du CD : 56 min 13 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

Après les quatuors de Reynaldo Hahn, le Quatuor Tchalik se tourne vers ceux de Saint-Saëns, une facette trop peu connue du musicien. Séparées par 20 ans, ces deux œuvres montrent aussi bien une référence sans servilité aux anciens qu'une volonté de se différentier de l'école franckiste. Encore une fois, les quatre mousquetaires de la famille Tchalik livrent des exécutions frappées au coin de la clarté comme du sens de l'architecture. 

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Saint-Saëns aura attendu la période de la maturité pour s'essayer au genre du quatuor à cordes. En 1899, il compose ainsi son Quatuor N°1 en Mi mineur op.112, dédié à Eugène Ysaÿe. L’œuvre appartient à l'esthétique du quatuor dit brillant, par opposition au modèle concertant, du fait du rôle essentiel dévolu au premier violon. Ce qui se vérifie dès le premier mouvement qui installe un cheminement de plus en plus haletant, traversé de bouffées de lyrisme échevelé jusqu'à un grand climax. Sorte de scherzo funambulesque, le molto Allegro quasi Presto brode sur un thème agité, presque boulé ici, mené par le violon I avant de basculer dans une courte fugue. Le mouvement lent est un molto Adagio où une longue phrase sinueuse du violon I conduit à une belle animation des quatre voix, pour atteindre une vraie profondeur au médian et s'acheminer vers une fin apaisée et séraphique. Le finale contraste par sa franche rythmique où l'on retrouve pourtant la quête chantante que connaissait le début du quatuor. Les pages ultimes renchérissent en vitalité. Une pièce décidément intéressante, à laquelle les Tchalik donnent toute sa saveur par un sens rigoureux de la construction et insufflent ce qu'il faut de fantaisie pour en livrer toutes les félicités. Avec une mention particulière à l'engagement du violon de Gabriel Tchalik.

Lorsque le vieux musicien revient au genre, en 1918, pour son Quatuor N°2 en Sol majeur op.153, il souhaite une approche plus simple et abordable pour l'auditeur. Ce ne sera en fait pas le cas. En trois mouvements, cette fois, mais d’une durée à peu près équivalente à celle du précédent, ce second opus s'avère complexe et empli de références, pour ne pas dire de clins d’œil à un passé tant admiré. Le musicien ne s’ingénie-t-il pas à pasticher Haydn dès l'Allegro animato dans un traitement motivique extrêmement varié. Si le violon I reste bien servi, l'esprit est plus celui du quatuor concertant. La fraîcheur qu'y mettent les Tchalik et la délicatesse du trait magnifient ces pages que caractérise aussi un contrepoint serré. Débuté par la mélodie sereine du violon I, l'Adagio connaît un développement plus expansif et la coda renchérit dans quelque voie plus dramatique, mais tout s'éteint dans le silence. Après un court Interlude confié aux violon II, alto et violoncelle, poursuivant ces instants de sérénité, le finale proprement dit est introduit par les quatre notes à vide et en pizzicatos du premier violon. Il cheminera de nouveau à la Haydn, l'écriture offrant un constant et brillant renouvellement. Cet Allegretto a tout pour plaire. Qui fera dire à Marcel Proust, dans un article commis pour le journal Le Gaulois « voilà des jeux habiles, déconcertants, diaboliques et divins de cet humaniste musical qui fait éclater à chaque instant l'invention et le génie dans ce qui semblait le domaine borné de la tradition ». Là encore, par le raffinement de leur prestation et une évidente empathie avec cet idiome, les Tchalik prouvent que ce second quatuor, tout comme son pendant, ne sauraient être négligés, comparés aux quatuors plus célébrés de Debussy ou de Ravel.

La captation au Studio RIFFX 1 de la Seine Musicale offre une image large mais bien proportionnée et un superbe relief.

Texte de Jean-Pierre Robert

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