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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : l’œuvre pour orgue de Maurice Duruflé

Durufle CompleteOrganWorks

  • Maurice Duruflé : Fugue sur le thème du carillon des heures de la cathédrale de Soissons, op.12. Méditation, op. posth. Prélude et Fugue sur le nom d'Alain, op.7. Scherzo op.2. Prélude sur l'Introït de l’Épiphanie, op.13. Prélude, Adagio et Choral varié sur le thème du Veni creator, op.4. Chant donné : hommage à Jean Gallon. Suite op.5 dédiée à Paul Dukas
  • Thomas Trotter, à l'orgue de la King's College Chapel de Cambridge
  • 1 CD King's College Cambridge label : KGS0053 (Distribution : [Integral/PIAS])
  • Durée du CD : 73 min 25 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5) 

Pour les 35 ans de sa disparition, voici une nouvelle interprétation de l'intégrale de l’œuvre pour orgue de Maurice Duruflé. Le célèbre organiste n'a finalement que peu laissé à son instrument comparé à l'ensemble de sa production. Thomas Trotter, à l'orgue de la chapelle du King's College de Cambridge, en livre une exécution en tous points remarquable.

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Maurice Duruflé (1902-1986) peut être considéré comme un musicien d'église, à la fois comme instrumentiste et compositeur. Son œuvre phare n'est-elle pas son Requiem op.9 (1947). Ses trois maîtres ont été Louis Vierne et Charles Tournemire pour l'orgue, Paul Dukas pour la composition. Premier prix d'orgue du Conservatoire de Paris en 1922, il sera adjoint de Tournemire à l'église Sainte Clotilde dans les années 20 puis de Vierne à Notre Dame. Avant d'être titulaire du grand orgue de Saint-Étienne du Mont à compter de 1929, poste qu'il occupera jusqu'à sa mort. Comment ne pas se souvenir avec émotion de ses improvisations qui embellissaient la Grand Messe dominicale de la paroisse de la place du Panthéon. Sa production pour l'orgue s'étend sur presque 40 ans et montre une remarquable consistance stylistique. Elle n'est cependant pas nombreuse. Ainsi un seul CD peut-il en proposer l'intégrale. 

Sa première œuvre composée, en 1926, est le Scherzo op.2 dédié à Tournemire. Un morceau en forme de rondo en deux épisodes et une coda, de veine plutôt séculière, usant de toutes les ressources de la registration. Prélude, Adagio et Choral, op. 4, des années 1926-1930, dédié à Vierne, est basé sur le thème du Veni creator que Duruflé reprendra moult fois par la suite. Les deux premières pièces offrent plusieurs bribes du thème dérivées des dernières phrases de l'hymne. Le ton est recueilli jusqu'au moment où surgit une vague révélant enfin le thème dans son entièreté. L’œuvre se termine par un choral fait de trois variations jouées plein jeu avant une courte toccata finale triomphante. Peu de temps après, en 1932, Duruflé compose sa Suite op.5, qui restera son œuvre la plus développée. Elle est dédiée à Dukas et se compose de trois mouvements. ''Prélude'' est un morceau d'une étonnante intensité dans son thème sinistre de lamentation. Bâtie en un formidable crescendo, c'est une musique presque orchestrale, qui bascule dans un récitatif poignant du registre clarinette sur une pédale de basse combien évocatrice. La ''Sicilienne'' offre une élégante mélodie en trois épisodes contrastés : cascade de sonorités diaprées - référence au monde de Dukas -, nocturne comme murmuré, enfin sorte de scherzo magique. Dans la ''Toccata'' finale, Duruflé apporte un nouveau niveau de complexité à ce grand morceau d'orgue à la française : rythme haletant entrecoupé de pages d'un lyrisme fervent. C'est là indéniablement son morceau le plus démonstratif.

Maurice Durufle EgliseSaintEtienneDuMont
Maurice Duruflé au Grand orgue de l'église Saint-Étienne du Mont, Paris ©DR

Quelques pièces de moindre envergure complètent cette production. Le Prélude et fugue sur le nom d'Alain op.7 date de 1942. Le prélude s'inspire librement de Litanies, une des œuvres majeures de Jehan Alain, musique mobile aux triples croches rapides jusqu'à une épilogue émouvante dans le grave. La double fugue offre une écriture complexe croissant en intensité dans un immense crescendo s'élevant jusqu'à une conclusion héroïque. Le Chant donné : hommage à Jean Gallon a été composé en 1953 dans le cadre d'une anthologie d'exercices d'harmonie conçue par ses élèves à l'occasion de la retraite de ce professeur. On considère cette brève page comme un concentré de l'art de Duruflé tant harmonie et contrepoint y sont génialement mêlés. Prélude sur l'Introït de l’Épiphanie op.12 (1961) forme la suite de ses Quatre Motets grégoriens. La fugue sur le thème du carillon des heures de la cathédrale de Soissons, op.12 est écrite en 1962, à l'occasion des 25 ans de la disparition de Vierne et pour un instrument qu'il considérait comme son favori, plus que celui de Paris. C'est une fugue libre, de style planant, qui s'achemine vers un climax grandiose de style toccata. Sa dernière pièce est une Méditation de 1964, publiée posthume en 2001, proche de l'improvisation.

Thomas Trotter est actuellement un des plus grands organistes anglais. Il obtient la position d'Organ Scholar du King's College de Cambridge en 1976 et suit l'enseignement de Marie-Claire Alain à Paris, avant d'occuper divers postes à Birmingham et à Westminster Abbey à Londres. Cet enregistrement le retrouve là même où sa carrière a débuté. Ses interprétations mettent justement l'accent sur les innombrables couleurs changeantes et la nature expansive de la musique de Duruflé, que restituent magistralement les envoûtantes sonorités de l'orgue du King's College, instrument de Harrison & Harrison des années 1930, plusieurs fois restauré ensuite, en dernier lieu en 2016.

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La prise de son dans l'acoustique joliment résonante de la Chapelle du King's College de Cambridge est parfaitement ''atmosphérique''. Toutes les merveilleuses couleurs de l'instrument sont captées avantageusement.

Texte de Jean-Pierre Robert

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