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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : panorama de la musique chorale anglaise

Great is the lord

  • ''Great is the Lord''
  • Pièces a cappella et orgue de Hubert Parry, Edgar Bainton, Charles Villiers Stanford, Edward Elgar, James MacMillan, John Ireland, William Walton, Henry Purcell, Herbert Howells, Benjamin Britten, Gustav Holst
  • Iestyn Evans, orgue 
  • Schola Cantorum of the Cardinal Vaughan Memorial School, dir. Scott Price
  • 1 CD Aparté : AP 251 (Distribution : [PIAS])
  • Durée du CD : 78 min
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise (4/5) 

Ce disque balaie quelque 350 ans de tradition chorale anglaise, de Purcell à Britten, de Stanford à MacMillan, dans des interprétations on ne peut plus soignées, par le chœur d'une grande institution britannique, la Schola Cantorum of the Cardinal Vaughan Memorial School. Des morceaux étonnants où l'on croise des harmonies souvent séraphiques, grandioses ou feutrées. Une excellente introduction à un genre trop peu connu en France. 

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S'il est une tradition immuable dans la musique d'outre-Manche, c'est bien le chant choral a cappella. Qui se pratique notamment dans les collèges. De ce côté du Channel, on pense bien sûr à Purcell et à Britten, C'est sans compter sur bien d'autres musiciens éminents de l'histoire anglaise. Qui tous, à un moment ou un autre, ont composé pour ce genre. Et d'abord Henry Purcell qui n'a écrit que deux motets latins. L'un d’eux ''Jehova, quam multi sunt hostes mei'' (Seigneur, qu'ils sont nombreux mes adversaires), écrit vers 1680, sans doute pour Catherine de Braganza, femme du roi Charles II, combine divers styles, dont l'arioso italien. À 5 voix, la pièce comporte deux solos, de ténor et de basse. Ses audaces harmoniques en font une œuvre atypique chez l'auteur et au XVIIème anglais. En franchissant deux siècles, Charles Villiers Stanford (1852-1924) compose en 1880 trois motets op.38, intitulés ''Trois Introïts'', « explorant différentes textures chorales avec une grande beauté et habileté », note le chef Scott Price. Dont le lumineux ''Beati quorum via integra est'' (Heureux sont ceux qui sont intègres). De même William Walton (1902-1983) avec ''Set me as a seal upon thine heart'' (Pose-moi comme un sceau sur ton cœur)), de 1938, emprunte au Cantique des cantiques, pour une courte pièce intense destinée à une cérémonie de mariage. ''Great is the Lord'' (L’Éternel est grand) op.67 est un hymne composé par Edward Elgar en 1910. Tiré du Psaume 48, il est constitué de plusieurs sections dont l'entame offre grandeur et noblesse, suivie d'un scherzo agité et quelque peu effrayant, puis d'un solo de baryton tout en douceur, d'un intermède avant une péroraison dont le climat reprend le calme du début.

Une des pièces importantes d'un genre que cultivera Benjamin Britten est la cantate festive ''Rejoice in the Lamb'' (Réjouissez-vous en l'agneau) op.30, qu'il publie en 1943. Le texte a pour origine un poème fantastique de Christopher Smart (1722-1771), écrit alors qu'interné dans un asile. Son pittoresque ne pouvait que séduire le musicien de par son thème de la vénération de Dieu en toutes créatures vivantes et toutes choses, comme les animaux bibliques, les fleurs, et des personnages improbables tels le chat ou la souris. Oscillant entre sérieux et comique, alternant le chœur et 4 solistes, le morceau est d'une rare étrangeté mais d'un ton radieux. Ainsi du solo de sopraniste accompagné par des volutes obligato de l'orgue célébrant le chat Jeoffrey, lui aussi créature divine. Comme il en est de la souris, « une créature d'une grande valeur personnelle » ! Le fantasque est partout ici, le surréaliste même, comme le solo de basse célébrant les lettres de l'alphabet. À l'écriture extrêmement complexe pour les voix répond celle excentrique à l'orgue. Un Alléluia empli de sérénité, qui paie sa dette à Purcell, conclut apaisé.

L'album donne encore à entendre une pièce de Gustav Holst, avec ''Nunc dimittis servum tuum, Domine'' (Maintenant Seigneur, tu laisses ton serviteur), écrite en 1915, tombée dans l'oubli et redécouverte en 1974, dont l'écriture contrapuntique à huit voix est jubilatoire. D'autres de John Ireland (1879-1962), élève de Stanford, dont l'influence se révèle dans l'hymne ''Graeter love hath non man'' (Il n'y a pas de plus grand amour) écrite en 1912. De Herbert Howells (1892-1983) dont ''Like as the hart desireth the waterbrooks'' (Comme une biche soupire auprès des courants d'eau) est tiré du Psaume 42. Ou encore et plus récemment de James MacMillan (*1959), mécène de la Schola Cantorum, qui en 2014 compose le motet ''Emitte lucem tuam'' (Envoie ta lumière), également inspiré du Psaume 42.

L'interprétation des chantres de la Schola Cantorum, chœur liturgique de la Cardinal Vaughan Memorial School à Kensington, est exemplaire par la pureté des voix. Quels que soient les registres d'alto, de ténor, de basses et de treble, ces derniers sopranistes d'une beauté éthérée. La fusion dans les passages en tuilage, la douceur d'intonation, que ce soit dans les inflexions chuchotées ou dans les accents forte triomphants, sont pur régal. Sous la conduite avisée de leur chef, Scott Price. Ils sont captés dans l'acoustique très réverbérée de deux églises, pour une sonorité parfois un peu lointaine.

Texte de Jean-Pierre Robert

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