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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : nouvelle fournée de concertos pour basson de Vivaldi

Vivaldi Sergio Azzolini

  • ''Concerti per fagotto V''
  • Antonio Vivaldi : Concertos pour basson et orchestre RV 497, RV 476, RV 486, RV 481, RV 467, RV 489 & RV 479
  • L'Onda Armonica, Sergio Azzolini, basson et direction
  • 1 CD Naïve Édition Vivaldi (vol. 66) : OP 30573 (Distribution : Believe Group)
  • Durée du CD : 77 min 44 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5) 

Sergio Azzolini poursuit son exploration des nombreux concertos pour basson de Vivaldi avec sept nouvelles pièces. Loin de se ressembler, elles témoignent de l'immense inventivité du Prete rosso et de sa souveraine maîtrise d'écriture pour la tessiture grave du basson dont on peut dire qu'il est, comme le violoncelle, bien proche de la voix humaine. Elles reçoivent ici une interprétation raffinée et sincère.

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Vivaldi a écrit pour le basson quelque 39 concertos, tous dans sa dernière période créatrice (1720-1741). C'est après le violon, l'instrument qu'il a le plus honoré.  L'affinité du musicien avec des instruments à la sonorité grave, comme aussi le violoncelle, est manifeste. Là encore, il venait au secours d'un instrument qui connaissait un relatif déclin depuis la fin du XVIIème siècle. Ces pièces ont été composées soit pour les Ospedale vénitiens, comme celui des demoiselles de la Pietà, dépositaires de tant de morceaux concertants en tous genres, soit pour des orchestres de théâtres de cour tel celui de Dresde. Toujours pareils pense-t-on, et pourtant si différents ! Car l'imagination créatrice du Prêtre roux est sans limite. L'écriture de la partie soliste montre une rare connaissance des techniques de l'instrument et de ses possibilités expressives. Si le schéma est tripartite vif-lent-vif, la succession des mouvements relève parfois de l'audace, car les enchaînements réservent des surprises en termes de contrastes, notamment dans le ritornello orchestral souvent extrêmement travaillé, au-delà du simple accompagnement. Ainsi du Concerto RV 497 en la mineur où l'aspect théâtral des morceaux extrêmes, procédant de la tension dans le dialogue exubérant soliste-orchestre, met en exergue l'andante molto médian à l'écriture imitative. Pareille occurrence se retrouve dans le Concerto RV 467 en do majeur dont l'allegro initial nerveux laisse place à des passages de clair-obscur typiques du style tardif vivaldien, tandis que l'andante est pathétique dans le solo accompagné de la basse continue.

La plupart des pièces réunies ici se distinguent par leur mouvement lent, marqué Largo. Ainsi du Concerto RV 476 en do majeur dont ce mouvement exhale un lyrisme très ornementé tandis que les deux autres montrent à quel point Vivaldi utilise toutes les ressources du basson, avec en particulier d'incroyables sauts de registres. Le Largo du Concerto RV 489 en la majeur est d'une sereine expressivité, ce qui tranche avec l’effervescence du reste de l’œuvre. Au Concerto RV 481 en ré mineur, un ton d'affliction déclamatoire se fait jour au Larghetto à travers des pianissimos ténus où le discours passe très souplement du soliste au ritornello.

Délaissant l'ensemble L'Aura Soave Cremona qu'il dirigeait pour ses premiers enregistrements, Sergio Azzolini est ici à la tête de celui qu'il a fondé en 2013, L'Onda Armonica, dont le but est de favoriser un jeu épuré, inspiré des recherches les plus récentes en matière de style italien d'interprétation, menées à partir des manuscrits conservés à Dresde. L'ensemble qui compte une trentaine de musiciens, dont huit violons, sonne en effet d'une élégance gracile. Certes, la sonorité particulière du basson n'a pas toujours le « sex appeal » du violon ou de la flûte. Le legato est réduit et la succession des notes peut confiner au caquètement. Il peut même s'y produire des écarts frôlant le grotesque. Mais il est difficile de résister au plaisir de l'écoute de ces exécutions si bien dosées, enrichies d'un ensemble instrumental de choix. Sergio Azzolini, formé à l'école du bassoniste Klaus Thunemann, allie la perfection sonore, avec des ppp évanescents et un débit ébouriffant, à une expression finement jugée, débarrassant ces pièces de toute monotonie. Il privilégie une manière expressive très chantante mettant en valeur l'instrument soliste et n'abuse pas d'une battue à l'arraché comme bien de ses confrères.

Lui et ses musiciens sont enregistrés avec soin dans une institution religieuse italienne à l'acoustique claire, ménageant un excellent équilibre soliste-orchestre.

Texte de Jean-Pierre Robert

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