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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : la musique haïtienne pour piano

CelimeneDaudet Haiti Mon Amour

  • ''Haïti mon amour''
  • Ludovic Lamothe : Feuillet d'album N°1 et N°2. Danza N°1 ''Habanera'' N°3 & N°4.  Loco, extrait d’Icônes vaudouesques
  • Justin Elie : Chants de la montagne N°1 ''Echo-Isma o'' et N°2 ''Nostalgie''. Méringue populaire haïtienne N°1 & N°2.
  • Edmond Saintonge : Elégie-Méringue
  • Frédéric Chopin : ''Printemps'', ext. des Chants Polonais op.74 (trans. de Franz Liszt)
  • Célimène Daudet, piano
  • 1 CD NoMadMusic : NMM 087 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 51 min 18 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

À la rencontre de ses racines haïtiennes, la pianiste Célimène Daudet explore un répertoire insoupçonné de pièces de trois compositeurs locaux du XXème siècle dont le langage, forgé auprès de musiciens européens comme Chopin, est d'une indéniable séduction. Un album hors des sentiers battus qui enrichit le répertoire pianistique.

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On ne sait pas assez que le pays d’Haïti a vu naître un grand nombre d'artistes et est aussi riche de « ceux de la rue, des bidonvilles, et qui ont pourtant l'art au bord des lèvres, chevillé au corps », souligne Célimène Daudet. Ses musiciens, formés pour certains au Conservatoire de Paris, mais tout autant sensibles à cette veine populaire, retracent à travers leurs œuvres un pan de l'histoire haïtienne à l'aube du XXème siècle. Témoignage d'un métissage culturel fort. Dont se dégage un facteur essentiel : la fierté d'un peuple « d'être debout, droit, de brandir avec force son histoire ». La pianiste en dévoile quelques trésors, puisés dans la production de trois de ses représentants.

Ludovic Lamothe (1882-1953) est sans doute le plus emblématique, qui fasciné par Chopin s'en inspire. Ne l'a-t-on pas appelé ''le Chopin noir''. Ses Feuillets d'album en sont l'illustration, qui en possèdent le débit ondoyant (N°1) ou la manière de flirter avec un romantisme discret. Dans le recueil des Danzas il cultive des rythmes afro-caribéens teintés de scansions joyeuses (N°4), d'une bien jolie faconde (N°1), tandis qu'une autre (N°3), en forme de barcarolle, aligne une main droite expressive sur un balancement accrocheur de la gauche. Qui là encore fait immanquablement penser à Chopin. Par un délicat clin d’œil, Célimène Daudet propose une des mélodies de ce dernier, ''Printemps'', dans une transcription de Liszt. Un autre aspect exploré par Lamothe est l'univers vaudou. Ainsi dans Icônes vaudouesques dont la pièce ''Loco'' offre un martellement répétitif dans le grave du piano, presque envoûtant, censé évoquer un esprit vaudou, un Lwa, patron des guérisseurs et de la végétation.

Justin Elie (1883-1931) chante tout autant la patrie haïtienne dans ses Chants de la montagne. Haïti, c'est en créole ''Ayiti'', ce qui signifie terres montagneuses. L'un, ''Echo-Isma o'', résonne comme une invocation à cette terre nourricière. Et l'autre, ''Nostalgie'', offre un discours fluide et coloré. Elie cultive aussi le genre de la méringue, savoir une danse sensuelle et nostalgique à 5 temps, qui est un « marqueur identitaire, affirmation de la culture haïtienne et un symbole de la révolte », rappelle Célimène Daudet. Il y a effectivement dans ses Méringues populaires haïtiennes quelque chose de fier, d'assumé (N°1), d'apparemment lancinant (N°2) et essentiellement proche du peuple (N°4). Ce qu'on rencontre déjà chez un compositeur du siècle précédent, Edmond Saintonge (1861-1907) dans son Élégie-Méringue, doté en outre d'une subtile ornementation.

Célimène Daudet défend ces pièces avec la force de qui veut convaincre. « J'aime à imaginer que dans ces compositions sensibles et inspirées se dessine alors peut-être ce qui serait ''l'âme haïtienne''... ». On la suivra aisément. Car cette artiste qui ose la difficulté, comme il en fut de son autre album ''Messe noire'' mettant en regard Liszt et Scriabine, y parvient aisément par un jeu d'une sûre rigueur et parfaitement coloré. Et son Yamaha, capté à la Philharmonie de Paris, est aisé à écouter.

Texte de Jean-Pierre Robert 

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