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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : le Requiem de Biber

BIber Requiem

  • Heinrich Ignaz Franz von Biber : Requiem en fa mineur
  • Christoph Bernhard : deux Motets
  • Johann Michael Nicolai : Sonata a 6 en la mineur
  • Johann Joseph Fux : Motet et Sonata à 4 en sol mineur
  • Vox Luminis
  • Freiburger Barockconsort, dir. Lionel Meunier
  • 1 CD Alpha : Alpha 665 (Distribution : Outhere Music France)
  • Durée du CD : 72 min 08 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5) 

Cet album met en miroir le Requiem de Franz von Biber et quelques motets et sonates de trois de ses contemporains, Fux, Bernhard et Nicolai. Un rapprochement inattendu, qui fait sens pourtant, car leur musique s'est forgée aux mêmes sources de la tradition polyphonique de la Renaissance et de la musique italienne baroque. Le spécialiste qu'est Lionel Meunier dirigeant son ensemble vocal Vox Luminis fait alliance avec une formation instrumentale tout aussi investie qu'est le Freiburger Barockconsort.

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Heinrich Ignaz Franz von Biber (1644-1704), le musicien natif de Bohème qui fit carrière à Salzbourg, a laissé un corpus important de musique sacrée. Ses motets comme ses messes, dont la célèbre Missa Salisburgensis (1682), lui ont valu la célébrité. Il a composé aussi deux requiem. Le second, enregistré ici, le Requiem en fa mineur, C 8, date de 1692. Il est écrit pour un effectif dit à cinq voix, de solistes et de ripieno, soutenues par un ensemble instrumental de cordes également à 5 parties, outre trois trombones et un violon principal. Ce dernier occupe un rôle de leader. Rien d'étonnant lorsqu'on sait que Biber était lui-même un violoniste virtuose. Les séquences de l'ordinaire de la messe des morts sont distribuées entre diverses combinaisons vocales, des solistes ou du chœur des ripiénistes, les arias solistes étant insérées dans des sections polyphoniques fastueuses (Kyrie) ou fuguées (Sanctus). L'écriture est très diversifiée comme au ''Dies irae'' dont le continuum ne donne pas l'impression d'écrasement. Ainsi des dernières paroles ''Dona eis requiem'' presque jubilatoires. Souvent le verset est introduit par un bref prélude instrumental. Les ornementations sont originales (Offertoire) et l'écriture en imitation privilégiée (''Hosanna'' du Sanctus/Benedictus). En un mot, le ton qui s'en dégage est loin de donner une vision monolithique de la mort.

Les deux motets de Christoph Bernhard (1628-1692) offrent pareille écriture polyphonique à cinq voix et un dispositif instrumental à 5 parties. Le motet en allemand ''Herr, nun lässest du deinen Diener in Frieden fahren'' (Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s'en aller en paix), dans le ton d'une douce déploration, est distribué successivement à un ensemble ripiéniste et à des interventions solistes et instrumentales variées. Il en va de même du motet ''Tribularer si nescirem'' (Je serais dans la détresse) dont l'introduction offre une écriture madrigalesque. Le motet ''Omnis terra adoret'' (Que la terre entière t'adore) de Johann Joseph Fux (1660-1741) déploie un intéressant dialogue instruments-voix et se signale par une section finale fuguée.

De ce compositeur, la Sonata a 4 en sol mineur montre combien il était un maître du contrepoint, ce dans des configurations originales que permettent le violon, le cornet, le trombone, le basson et la basse continue. À noter que la partie de basson est jouée ici sur un doulciane, un instrument à deux anches de la Renaissance, ancêtre du basson moderne. La Sonata a 6 en la mineur de Johann Michael Nicolai (1629-1685), écrite pour deux violons, trois altos et une basse de violon, date des années 1662. Les deux violons y dialoguent avec les autres instruments, les premiers dans le registre aigu, les seconds dans la partie plus grave. La pièce est constituée de trois sections : deux allegros, chacun précédé d'une introduction lente, et un finale animé en forme de gigue.

Une fois encore, c'est une joie d'entendre l'ensemble Vox Luminis de Lionel Meunier, qui fait le choix de 12 voix : 6 sopranos, deux altos, deux ténors et deux basses. À la pureté des timbres, la douceur de l'intonation, la ferveur de chacun, répond la parfaite symbiose entre voix et effectif instrumental. À cet égard, les musiciens du Freiburger Barockconsort, émanation du Freiburger Barockorchester, distillent des sonorités aussi raffinées que leurs collègues chanteurs.

Ils sont enregistrés dans une église belge par une prise de son offrant une ambiance légèrement réverbérée qui laisse s'épanouir naturellement les voix, les sopranos en particulier. L'impression est en même temps intimiste eu égard à un judicieux placement voix-instruments.

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Texte de Jean-Pierre Robert  

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