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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : une brassée de fleurs en musique

Fleurs

  • ''Fleurs''
  • Jean Wiener : Les Chantefleurs
  • Darius Milhaud : Catalogue de fleurs op.60
  • Erik Satie : Les Fleurs (ext. de Trois autres mélodies)
  • Arthur Honegger : Nature Morte, H.11
  • Lili Boulanger : Deux Ancolies
  • René de Buxeuil : L'Âme des roses
  • Melody Louledjian (soprano), Antoine Palloc (piano)
  • 1 CD Aparté : AP 230 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 60 min
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

Voici un disque plein de senteurs. Rien d'étonnant puisqu'il déroule un florilège de compositions musicales sur le thème des fleurs, imaginées par quelques musiciens inventifs durant les années folles. Au premier chef, Jean Wiener, qui s'inscrit dans la prose aussi piquante que poétique de Robert Desnos. Mais aussi d'autres comme Darius Milhaud ou Lili Boulanger. La soprano Melody Louledjian et le pianiste Antoine Palloc en composent le plus étourdissant des bouquets.

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C'est plusieurs années après la mort de Robert Desnos que Jean Wiener découvre son recueil ''Chantefables et Chantefleurs : à chanter sur n'importe quel air''. Séduit par cette invite et la prose incisive du poète surréaliste, il la met en musique en 1954, sous le titre Les Chantefleurs. Ses 50 numéros sont autant de vignettes d'une redoutable brièveté où la fantaisie musicale se cale dans le piquant du texte. Desnos a trouvé chez Wiener l'âme sœur, qui effeuillent une fleur, voire plusieurs à la fois (''Le Rhododendron, l’œillet et le Lilas'') ou font coexister plante et animal. Ainsi du Lotus avec la grenouille, du Géranium avec le poisson. L'entreprise dépasse le catalogue par l'ingéniosité avec laquelle Wiener fait se succéder ses mélodies et évite toute monotonie. Car on y trouve en fait toutes sortes d'approches et de situations : le lyrisme sans fard (''Le Gardénia''), hypnotique (''La Rose''), ou couleur locale (''Le Jasmin'' et ses façons d'espagnolades). Le sous-entendu mutin (''La Véronique'') côtoie l'excentrique (''Le Glaïeul''), les accents langoureux (''La Pivoine'') l'humour flash comme ce ''myosotis sans souvenir'' ou ce coquelicot dont le rouge vif fait immanquablement penser à la crête du coq ; ce qui se traduit par un premier et sonore cocorico lancé à la cantonade. Le jeu de mots n'a rien à envier à l'alignement cocasse : ''la Giroflée... dans son jardin de Viroflay'', ou ce ''Où résida le réséda ?.... Au Canada, au Mont Ida... ou sur la véranda ''. Ce joli foisonnement, la musique de Jean Wiener l'épouse idéalement par une partie de piano d'une écriture exempte de virtuosité mais combien efficace et un chant doté d'une multitude de nuances, jusqu'au Sprechgesang.

Le programme botanique appelle aussi Darius Milhaud, ami de Jean Wiener, qui bien avant, en 1920, avait composé son Catalogue de fleurs op.60, sur des textes de Lucien Daudet. Ce membre éminent du Groupe des six y cultive aussi la petite forme avec esprit (''l'Eremurus'', façon catalogue de boutique d'horticulteur), mais en moins caustique que ne le fera Wiener. L'accompagnement pianistique est plus recherché, moderniste (''Les Crocus''), et la ligne vocale mène sa vie. Si l'on remonte le temps, Erik Satie écrit en 1886 ses Trois autres mélodies. L'une d'elles, ''Les Fleurs'', montre un Satie bien sage, dans un chant simplement balancé et rêveur. Lili Boulanger livre un recueil de 13 mélodies intitulé Clairières dans le ciel (1913/1914) dont est extraite la pièce ''Deux Ancolies '', une composition impressionniste sur un ton mélancolique. Arthur Honegger, autre membre du Groupe des six, compose en 1917 Nature morte, où trois pétales d'une fleur mauve échoient sur une assiette de porcelaine. Le CD se clôt sur une mélodie de René de Buxeuil (1881-1959), auteur de chansons à la mode : L'Âme des roses (1924) s'inscrit dans l'atmosphère charmeuse du caf'conc.

Melody Louledjian se fait une fête de ces morceaux subtils dont elle distille avec esprit toute la séduction. L'art de conter, la justesse de ton dans les jeux de mots ou les assonances, la qualité de la diction et un soprano lumineux sont un enchantement de tous les instants. Elle a pour partenaire un pianiste, Antoine Palloc, qui sait que ces pièces méritent plus qu'une réplique, une science du rythme comme de l'extrême nuance. Ils sont enregistrés avec tact à l'Institut Rosey de Rolle, en Suisse, la voix bien présente dans une ambiance aérée préservant un excellent équilibre avec le piano.  

Texte de Jean-Pierre Robert

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