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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : François Couperin et la viole de gambe

Couperin Gautrot Mankar Bennis

  • ''Suites Royales''
  • François Couperin : Pièces de Violes avec la basse chiffrée, Première Suite & Deuxième Suite. Troisième Concert Royal. ''Les charmes'', extr. du Deuxième Livre de Pièces de Clavecin. ''La Régente ou La Minerve'', ''Musète de Choisi'' et ''Musète de Taverni'' extr. du Troisième Livre de Pièces de Clavecin
  • Claire Gautrot (viole de gambe), Marouan Mankar-Bennis (clavecin)
  • 1 CD L'Encelade : ECL 1902 (Distribution : Socadisc & Believe digital)
  • Durée du CD : 76 min
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5) 

Cet autre disque consacré à la viole de gambe permet d'entendre les Pièces de Violes de François Couperin, une œuvre qui occupe une place particulière dans la production française pour l'instrument. Le musicien y cultive l'art de la conversation en musique et celui dit des ''goûts réunis'', synthèse entre les styles français et italien. Deux interprètes inspirés en livrent une magistrale exécution. Que complètent quelques pièces pour clavecin choisies parmi l'immense corpus du musicien.

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Les deux suites des Pièces de Violes avec la basse chiffrée sont tardives dans la production de François Couperin puisque datant de 1728. Son testament en matière de musique de chambre. Parmi les compositeurs français pratiquant l'instrument, il se situe à part car son écriture pour la viole de gambe reste bien particulière, différant de celle des grands maîtres que sont alors Marin Marais, de Sainte-Colombe ou Forqueray. Ses pièces ont connu un sort moins enviable en comparaison. Leur jeu en soliste diffère de celui en consort, notamment en duo, tel qu'en vogue ; comme illustré par le CD précédent. Louis Couperin y cultive une forme d'éloquence pourtant éminemment française à un moment où l'instrument connaît un relatif déclin au profit d'un nouveau venu, le violoncelle. La Première Suite se compose d'une succession de sept mouvements, dont chacun s'orne d'une indication de tempo, en fait traduisant un caractère, un affect, tels que ''gravement'', ''léger'', ''gracieusement'' ou encore ''gayment''. S'en dégage une certaine mélancolie, particulièrement dans le Prélude, la Sarabande et même l'Allemande pourtant notée ''légère''. La Gavotte et la Gigue dérogent à ce climat. Une Passacaille ou Chaconne développée conclut sur ce ton plus amène. La Deuxième Suite est en quatre parties lent-vif-lent-vif. On retrouve la même tonalité sombre dès le Prélude et au 3ème mouvement ''Pompe Funèbre, très gravement'', où le discours s'enfonce dans une déploration d'une poignante tristesse dans le chant profond de la gambe qu'enjolive l'accompagnement très orné du clavecin. La ''Fuguette'' apporte un contraste bienvenu, car fort rythmée. Et l'ultime séquence intitulée ''La Chemise-blanche'' (!) conclut sur une note optimiste, voire revigorante.

Dans la même configuration concertante de viole de gambe et clavecin, le Troisième Concert Royal, de 1722, écrit pour un Louis XIV vieillissant, déploie encore les divers ingrédients de la suite française. Il compte sept parties, dont une Courante jouée au seul clavecin, et une ''Muzette, naïvement'' sur le mode d'une chanson populaire, imitant l'instrument du même nom par l'alliance de la gambe lancinante et du clavecin apportant une note égrillarde. La ''Chaconne Légère'' parachève l’œuvre dans une manière de conversation agréable avec unissons approbateurs et dialogues animés quoique policés. Quelques pièces de clavecin, domaine où François Couperin est passé maître, viennent en complément. Elles sont empruntées au Deuxième Livre de Pièces de Clavecin, du ''9ème Ordre'' (1717) tels ''Les Charmes, mesuré sans lenteur'' inspiré du luth. Et au Troisième Livre de Pièces de Clavecin (1722), du ''15ème Ordre'', pour ce qui est de cette savoureuse paire ''Musète de Choisi, tendrement'' et ''Musète de Taverni, légèrement'', jouées ici pour clavecin et basse de viole, sortes de scie musicale.

La violiste Claire Gautrot, formée à la Schola Cantorum Basiliensis et au CRR de Paris, et perfectionnée auprès de spécialistes comme Philippe Pierlot ou Jean Tubery, et le claveciniste Marouan Mankar-Bennis, prix de clavecin et de basse continue dans les classes d'Olivier Baumont et de Blandine Rannou au CNSM de Paris, donnent de ces pièces des interprétations mûries au meilleur de cet art de la conversation en musique si bien argumenté par Couperin. Leurs instruments sont saisis avec naturel et perspective dans l'intimité d'une salle du domaine de la Chaux dans la Nièvre.

Texte de Jean-Pierre Robert

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