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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Lamento, entre musiques vocales et instrumentales

Lamento

  • ''Lamento''
  • Arias de Heinrich Ignaz Biber, Johann Michael Bach, Johann Christoph Bach, Christoph Bernhard
  • Pièces instrumentales de Johann Heinrich Schmelzer, Johann Jakob Froberger, Heinrich Ignaz Biber
  • Damien Guillon, contre-ténor
  • Café Zimmermann
  • 1 CD Alpha : Alpha 626 (Distribution : Outhere Music)
  • Durée du CD : 69 min 06 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

Le thème de la représentation de la mort est traité par bien des musiciens de la période baroque dans des morceaux vocaux et instrumentaux sous le genre du lamento. On y remarque l'ambivalence des sentiments exprimés, à la fois l'affliction due à la disparition mais aussi l'invitation à jouir des bienfaits du présents, par définition éphémères. Tel est l'objet du présent programme, interprété par un ensemble, Café Zimmermann, dont on sait la probité musicale, et un contre-ténor rompu à ce répertoire.

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Le programme présente aussi quelques compositeurs peu connus. Ainsi de Johann Heinrich Schmelzer (c. 1623-1680) et de sa Serenata a cinque, donnée pour signifier la fin du carnaval à Vienne au milieu du XVIIème : une ouverture solennelle prélude à une succession de morceaux dansés d'inspiration proche de la musique populaire, jusqu'à une manière de sonnerie de cloches installant un ton presque vocal, ce qui confère à la pièce son caractère singulier, liant les deux sentiments cités. Ou du Lamento sopra la morte di Ferdinand III, qui se signale par son style plaintif où tout semble figé avant qu'une augmentation de la tension figure une sonnerie de glas. Christoph Bernhard (1628-1692), cantor à Hambourg, compose en 1688 l'aria ''Was betrübst du dich, meine Seele ?'' (Pourquoi t'affliges-tu, mon âme), sur le 5ème verset du Psaume 42. De ses trois parties, la première et la dernière exposent le lamento en un adagio profond, tandis que la section centrale est une exhortation ''Espère en Dieu'' dans un mouvement plus soutenu. De Johann Jakob Froberger, la Toccata II, jouée à l'orgue positif, possède également un caractère de lamento, mais traversé de divers sentiments contrastés. Tandis que le Ricercar I, confié aux cordes, se déploie dans une allure lente et retenue.

Deux membres de la famille Bach - avant Jean Sébastien - sont représentés : les frères Johann Christoph (1642-1703) et Johann Michael (1648-1694), fils de Heinrich Bach, de la lignée des Bach d'Arnstadt. L'un et l'autre étaient organistes comme leur père. Mais ils ont aussi écrit des motets et autres pièces vocales. L'aria ''Ah, wie sehnlich wart ich der Zeit'' (Ah, qu'ardemment j'attends le temps) de Johann Michael, destinée à un service funéraire, possède une tonalité de désolation, chacune de ses diverses strophes étant suivie d'une sorte d'envoi sur les premiers mots du texte ''Ah, qu'ardemment je t'attends''. Le morceau en forme de lamento de Johann Christoph Bach ''Ach, dass ich Wassers gnug hätte in meinem Haupte'' (Ah ! que n'ai-je assez d'eau dans ma tête) se signale par l'intensité de l'accompagnement dont se détache le violon solo à l'appui de la plainte chantée.

Une figure marquante est Heinrich Ignaz Biber (1644-1704). La troisième des Six Suites pour quatre instruments à cordes ''Mensa sonora'' (1680), dédiées à l'Archevêque de Salzbourg, von Kuenburg, offre un extrême raffinement dans une écriture contrapuntique en ses diverses parties lent-vif-lent, et se termine par une vaste chaconne d'un doux climat d'affliction. L'aria ''O dulcis Jesu'' est un ''concert sacré'' d'un grand mysticisme où le violon solo quasi concertant enveloppe la voix, exemple parfait de lamento. Elle se termine par un long postlude instrumental. Enfin la Passacaille qui conclut les Sonates du Rosaire (1684/1685), jouée au seul violon, voit la déclinaison d'un motif de quatre notes en autant d'entités renouvelées, ce qu'on appellera plus tard des variations.

Le contre-ténor Damien Guillon, spécialiste de ce répertoire, enlumine ces pièces de son timbre sopraniste lumineux et les pare d'une émotion vraie. L'ensemble Café Zimmermann, constitué ici de huit musiciens, déploie ses habituelles vertus, richesse sonore et intériorité de la pensée. On saluera le violon raffiné de Pablo Valetti, et l'orgue de Céline Frisch.  

L'enregistrement, à l'Abbaye de Saint-Michel-en-Thiérache, procure une image d'une belle immédiateté, intimiste, renforcée par une captation proche de la voix dans les pièces vocales, d'un relief certain.

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Texte de Jean-Pierre Robert 

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