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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : les Quintettes de Dvořák

Quatuor sine Nomine Dvorak 

  • Antonín Dvořák : Quintette pour piano et cordes en La majeur, op.81. Quintette pour cordes et contrebasse en Sol majeur, op.77
  • Philippe Dinkel (piano), Vincent Pasquier (contrebasse)
  • Quatuor Sine Nomine
  • 1 CD Cascavelle Re-issue/VDE-Gallo : VEL 1518 (Distribution : Distrart music) www.vdegallo.com
  • Durée du CD : 68 min 23 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

Dans le cadre de sa série ''Re-Issue'', le label Cascavelle-VDE-Gallo réédite deux quintettes de Dvořák, le deuxième pour piano et celui pour contrebasse, gravés en 1991 par le quatuor suisse Sine Nomine. Le célèbre Quintette avec piano op.81 côtoie ainsi l’œuvre bien moins connue pour contrebasse, au demeurant une rareté dans le répertoire et qui pour beaucoup sera comme une découverte. D'autant que joués dans des interprétations hautement pensées.

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Chef-d’œuvre de la maturité, là où Dvořák profuse son génie de mélodiste et son art de la composition, le Quintette pour piano et cordes op.81 a été écrit en 1887. Le Quatuor Sine Nomine et consort en donnent une exécution à la fois flamboyante et très maîtrisée. À commencer par l'Allegro non tanto dont ils soutiennent avec vigueur le jaillissement mélodique, qui place cette œuvre dans la suite du Quintette ''La truite'' de Schubert. La phrase expressive du violoncelle sous les arpèges du piano prélude à un vif déferlement. Le deuxième thème possède élan et passion et le développement une fluidité remarquable, énergique et lyrique avec des jeux en opposition entre piano et cordes. Le vaste Andante qui adopte la forme d'une Dumka, différencie les climats, notamment celui mélodique du piano et de l'alto ou cet autre tout en tendresse, emmené par un pianisme délicat appuyé par le quatuor, et exhalant un parfum de souvenirs. Puis s'installe une autre danse, un Furiant. Mais tout retombe dans la même douceur avec de nouvelles combinaisons entre les voix, que les suisses et leur magistral pianiste, Philippe Dinkel, ménagent avec tact. Ils prennent le Scherzo Molto vivace avec égard : un mouvement qui évolue dans la même veine du Furiant, mais combien transfiguré par Dvořák, d'une danse villageoise en une danse classique d'un charme inouï. Ce morceau échevelé est entrecoupé d'un trio aux allures de berceuse. Judicieusement, les Sine Nomine adoptent le ton de badinage inhérent à l'Allegro final et son humour, sur un rythme cette fois de polka « qui se laisse aller sans état d'âme au pur bonheur de la conversation instrumentale », note Guy Erismann (in ''Antonín Dvořák'', Fayard). La section centrale fugato tourbillonne et la coda accélère, jusqu'à la presque frénésie chez les Sine Nomine. 

Le Quintette avec contrebasse op.77 a été composé en 1875, année faste pour Dvořák qui voit s'affirmer enfin la reconnaissance internationale. La présence de la contrebasse est alors inédite. Et ce malgré la référence à Mozart et à Schubert, qui ajoutent l'un un second alto, l'autre un 2ème violoncelle, et même au musicien slave lui-même qui écrira après un Quintette avec deux altos, son op.97. La pièce est en quatre mouvements. L'Allegro con fuoco, introduit par une phrase grave, s'élance sur un thème populaire plein d'ardeur. Le soutien de la basse apporte au violoncelle une richesse supplémentaire dans ses envolées lyriques et un effet presque orchestral. Le mouvement ne lésine pas sur l'énergie et sa facture dansante. Le Scherzo dégage une joie populaire dans un rythme combinant excitation et danse syncopée à la morave, fruit de la rencontre récente avec Janacek. Le bref trio chante aux deux violons. Le lyrisme du Poco andante, « extase mélodique » pour Erismann, possède déjà la patte de l'auteur de la Symphonie du Nouveau monde, au fil d'épisodes différentiés, dont le second thème animé par le violon I sur un accompagnement des quatre autres. Le discours s'intensifie par paliers, ponctué par le grave de la contrebasse et la couleur mordorée de l'alto. Un Allegro assai conclut, « alternance d'exubérance rustaude et de joie plus retenue » (ibid.). Le climat se détend en effet dans une manière fluide et un traitement des cinq voix déjà bien personnel chez le musicien. Celles du quatuor Sine Nomine signalent de fines qualités instrumentales et un sens inné du rythme et de la mélodie de Dvořák. Comme du contrebassiste Vincent Pasquier, alors solo à l'Orchestre de Paris, une sonorité nourrie.

Les enregistrements, effectués en juin 1991 dans un Temple suisse, et remastérisés en 2017, se caractérisent par leur naturel dans l'équilibre entre les cinq instruments, dont le piano pour l'op.81, et un relief certain. Des prises de son qui ne trahissent pas leur âge. 

Texte de Jean-Pierre Robert

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