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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : trois musiciens russes revisitent des musiques de film

GrandEcran Triptikh

  • ''Grand Écran''
  • Musiques de film de : Ennio Morricone (Lolita. L'estasi dell'oro. Fantaisie sur les thèmes de Cinema Paradiso)
  • John Williams : Fantaisie sur les thèmes de Sabrina. Thème de La liste de Schindler
  • Astor Piazzolla : Libertango. La muerte del Angel. Oblivion
  • Nigel Hess : Olga
  • Guy Farley : My reason (thème de Modigliani)
  • Toby Fox : Wrong Enemy !?
  • Isaak Schwarz : Les nuits blanches de Leningrad
  • Lalo Schifrin : Mission impossible
  • Max Richter : November
  • Ensemble Triptikh : David Galoustov (violon), Natacha Medvedeva (piano), Dimitri Maslennikov (violoncelle)
  • 1 CD Ad vitam : AV 200615 (Distribution : PIAS) www.advitam-records.com
  • Durée du CD : 53 min 35 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise (4/5)

La musique de film a la cote ces temps. Aux côtés d'interprètes stars, comme Anne-Sophie Mutter distillant les morceaux de John Williams (DG), de Lang Lang ''at the movie'' (Sony), ou encore de Renaud Capuçon et ''Cinéma'' (Erato), voici maintenant un trio avec piano, l'Ensemble Triptikh : trois musiciens russes venus du classique pour revisiter des standards et titres cultes du genre. Avec flair et panache. Une petite heure de musique bien agréable.

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Les arrangements, confiés à une formation de chambre, de musiques de film composées pour l'orchestre, improbables a priori, se révèlent parfaitement en situation. Au même titre que les transpositions pour violon. Témoin de la haute valeur musicale du produit d'origine. Une musique bien sûr à part entière, qui n'a pas à rougir de la comparaison avec la ''musique classique''. La synergie particulière des sons et des images fonctionne tout autant dans ces versions plus intimistes qui n'enlèvent rien à la puissance évocatrice de ces compositions, à leur richesse thématique et émotionnelle. On le vérifie à chaque instant de cet ingénieux programme qui mêle grands titres du genre et morceaux peut-être moins connus, au disque du moins. Ennio Morricone est une figure incontournable. Comme le montrent les trois extraits donnés ici. ''Lolita'', musique pour le film d'Adrian Lyne (1997), offre un grand solo de violoncelle que rejoint le violon sur un joli balancement du piano, pour une grande déclaration amoureuse. ''L'estasi dell'oro'' du film « Le Bon, la Brute et le Truand » de Sergio Leone (1966), dans un arrangement chambriste de Jean-Claude Gandrille, magnifie encore le violoncelle et il y a là quelque chose de lancinant. On se régale à l'écoute de la ''Fantaisie sur les thèmes de « Cinema Paradiso »'' du film de Guiseppe Tornatore (1988), un ''classique'' multi oscarisé de Morricone. Ce pot-pourri de tunes est idéalement adapté à la formation de trio avec piano. Et on est séduit une fois de plus par toute la magie d'un film culte sur le 7ème art, immortalisé par Philippe Noiret.

John Williams, autre grand de la musique de film, est illustré par une ''Fantaisie sur les thèmes de « Sabrina »'', film éponyme de Sydney Pollak (1995), d'un lyrisme généreux, vrai. Le ''Thème de « La liste de Schindler »'' est un standard du genre, déjà immortalisé par Renaud Capuçon dans son magistral CD. Le film de Steven Spielbeg (1993) ne peut se concevoir sans la musique du compositeur américain et son art du mélodisme qui fait mouche à chaque mesure, jusqu'à cette magique péroraison, au violon solo ici. Astor Piazzolla est représenté par « Libertango » (1974), morceau utilisé dans deux films : « Frantic » de Polanski ( 1988) et « Les liens du sang » de Jacques Maillot ( 2008). Puis par ''La muerte del Angel'', composé en 1964 : un dialogue rageur entre violon et cello, sur le crin de l'archet, arbitré par le piano, sur un rythme de pseudo tango. Et surtout par ''Oblivion'', musique pour le film de Marco Bellocchio « Henri IV, le roi fou » (1984) : après un prélude au piano, surgit ppp le violoncelle qui introduit le thème, que réchauffe le violon. C'est hautement évocateur d'un climat mélancolique. ''Olga'' de Nigel Hess, pour le film « Ladies in Lavander » de Charles Dance ( 2004) montre combien est pertinente l'adéquation d'un arrangement, dû à Russell Hancock, pour trio avec piano, car le thème dramatique vit peut-être encore mieux qu'à l'orchestre symphonique. Comme il en va de ''My reason'', thème du film « Modigliani » de Mick Davis (2004).

On explore aussi des musiques conçues pour des séries télévisées : ''Mission impossible'' de Lalo Schifrin pour la série diffusée de 1966 à 1973, tunes vraiment ''infectious'', ou ''November'', extrait de l'album « Memoryhouse », de Max Richter, écrit en 2002 pour la série ''The Leftovers'' qui fit les beaux soirs du petit écran entre 2014 et 2017. La pianiste de l'ensemble Natacha Medvedeva a conçu ici un arrangement brillant pour cette sorte de perpetuum mobile qui va s'amplifiant sur un thème répétitif et enivrant. On savoure le traitement audacieux des trois instruments jouant sur les oppositions aigu-grave, dont le registre le plus aigu du violoncelle. À quand un CD de musique de film chapeauté par un celliste célèbre ?

On applaudit au choix original opéré par les trois musiciens russes et la pertinence des arrangements. Dans un CD qui n'a que le défaut d'être trop court ! L'interprétation est aussi chaleureuse que rigoureuse et pleine d'images. La qualité des instruments y est pour beaucoup : un violon Amati joué par David Galoustov, familier de l'exercice pour avoir travaillé avec Vladimir Kosma (« Rabbi Jacob ») et Philippe Rombi (« Bienvenue chez les Ch'tis »), un violoncelle de Gagliano des années 1730/1780 que joue Dimitri Maslennikov, Ier prix à l'unanimité au CNSM de Paris. Et un piano Pleyel pour Natacha Medvedeva qui a étudié à l’École Normale de Musique de Paris. Ils sont enregistrés avec soin au Château gersois de Lacassagne, même si dans une acoustique un peu sèche par moments. L'équilibre des trois voix est excellent et le relief indéniable.

Texte de Jean-Pierre Robert 

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