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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Une poignée de trios de François Devienne

Francois Devienne Trios

  • François Devienne : Trios pour flûte, violon et violoncelle, op.66, Nos 1, 2 & 3. Trios pour basson, violon et violoncelle op.17, Nos 4 & 5
  • Le Petit Trianon
  • 1 CD Ricercar : RIC 416 (Distribution : Outhere Distribution)
  • Durée du CD : 71 min 36 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

François Devienne est l'un des parfaits représentants du classicisme français. Sa vaste production chambriste comprend, entre autres, des trios pour flûte et pour basson, ses deux instruments de prédilection. L'ensemble Le Petit Trianon en propose quelques-uns, d'une sûre élégance mélodique. Des moments bien rafraîchissants pour l'esprit cartésien et les autres.

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Parmi les musiciens français du XVIIIème, il en est un, François Devienne (1759-1803), fort prolifique, qui maîtrisait aussi bien la flûte que le basson, s'illustrant au Concert Spirituel en particulier. C'était aussi un pédagogue réputé qui fit beaucoup pour améliorer la pratique instrumentale des instruments à vent. Sa ''Méthode de flûte théorique et pratique'', admirée par Berlioz, est essentielle pour montrer les évolutions de la facture instrumentale, ouvrant de nouvelles possibilités en matière de phrasé. Au sein de son importante musique de chambre, figurent deux séries de trios, constitués chacun de six œuvres, l'op.17 pour basson et cordes (1782) et l'op.66 (1783) pour flûte et cordes. Le Petit Trianon en offre une sélection significative. Les trios pour basson sont en deux mouvements. Ainsi du Trio pour basson, violon et violoncelle op.17 N°4 qui enchaîne un Allegro montrant d'emblée combien fonctionne parfaitement la combinaison avec les cordes. L'Andante ''avec des variations'' en déploie trois à partir d'un thème généreux, successivement au violon, puis au cello, avant que le basson ne prenne le relais dans un tempo d'abord plus soutenu puis quasi adagio, nanti de traits discrets des deux cordes. Le processus est inversé avec le Trio op.17 N°5 puisque le mouvement lent, un bref Largo, le débute pour un dialogue grave frôlant la manière théâtrale dans la conduite de la partie de basson. L'Allegro tranche par son caractère enjoué et son écriture savante. On pense à des pièces contemporaines de musiciens de l’École de Mannheim, qui ont inspiré un certain WA Mozart.

Les trios conçus pour flûte, violon et violoncelle, dont trois pièces sont jouées ici, les Trios op.66 Nos 1, 2 et 3, sont bâtis sur la même structure de deux mouvements vifs encadrant un Adagio. Les deux cordes s'allient idéalement aux sonorités de la flûte. Le premier mouvement Allegro est caractérisé de manière différente et originale selon les œuvres. Ainsi de l'Allegro ''poco agitato'' de l'op.66/2, séduisant dans sa stricte forme sonate, ou ''con gusto'' de l'op.66/3, allègre, avec au médian une note mélancolique. Ou encore ''con Spiritoso'' à l'op.66/1, emmené par une flûte bondissante et charmeuse, avec un 2ème thème modifiant légèrement la perspective vers plus de raffinement encore, même lorsque le trait se fait sombre avec l'intervention du violoncelle. Les Adagios sont loin d'être monotones grâce à une veine poétique sans défaut (op.66/1), ou d'une rare profondeur mélodique (op.66/2), et d'un suave lyrisme dans le chant discret de la flûte (op.66/3). L'Allegro final prend la forme soit d'un Rondeau, presto enlevé (op.66/2), soit d'un Allegretto con variatione s'agissant des deux autres pièces, à partir d'un thème simple, varié d'abord au violon, puis au cello et enfin à la flûte, qui offre un duo amoureux avec le violon (op.66/3), ou un thème allant bien senti, à défaut d'être mémorable, dans des changements de dynamique et donc d'effets (op.66/1).

Le recours à des instruments de facture baroque, en référence à la période de composition, prérévolutionnaire, apporte aux interprétations de l'ensemble Le Petit Trianon une saveur particulière : un violon allemand de 1777 pour Amandine Solano, un violoncelle anonyme est-européen de la fin du XVIIIème pour Cyril Poulet, une copie de flûte Grenser réalisée par Eugène Krijnen pour Olivier Riehl, enfin une copie de basson Prudent, réalisée par Laurent Verjat en 2016, joué par Xavier Marquis. On admire l'imagination déployée dans la recherche des intonations comme la rigueur des tempos sans que la manière ne soit rigide. Il en émane une impression d'aisance dans un répertoire somme toute porteur. Voilà des exécutions toute de retenue, d'un goût français vrai et d'un indéniable charme.

Les enregistrements, dans la belle église Notre-Dame de Centeilles, en minervois, offrent une ambiance aérée et un superbe relief grâce à une habile disposition des trois voix.

Texte de  Jean-Pierre Robert 

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