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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : des concertos de violon de Vivaldi sous le signe du théâtre

Julien Chauvin Vilvaldi Concerti per violoni VIII

  • ''Concerti per violini VIII ''Il teatro''
  • Antonio Vivaldi : concertos pour violon RV 187 en do majeur, RV 387 en si mineur, RV 235 en ré mineur, RV 217 en ré majeur, RV 321 en sol mineur, RV 366 ''Il Carbonelli'' en si bémol majeur
  • Le Concert de la Loge, Julien Chauvin, violon & direction
  • 1 CD Naïve Édition Vivaldi vol. 63 : OP 30585 (Distribution : Believe Group)
  • Durée du CD : 62 min
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5)

Le  huitième volume des concertos de violon de Vivaldi marque l'entrée du Concert de la Loge dans le roster de l’Édition Vivaldi de Naïve, sous la houlette du violoniste et chef Julien Chauvin. Son choix s'est porté sur quelques œuvres placées sous le signe du théâtre, un univers cher au cœur du Prete rosso.  

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L'opéra est en effet un des points cardinaux de la production vivaldienne. Rien d'étonnant à ce que sa musique instrumentale en soit imprégnée par une écriture épousant la tension dramatique comme le cantabile le plus subtil. Les deux domaines s'interpénètrent très tôt et bien des arias déploient un langage instrumental recherché là où les mouvements des concertos se veulent comme de vrais morceaux de théâtre musical. Et il n'est pas rare que des citations d'airs d'opéras se retrouvent dans tel ou tel morceau concertant. Il en va en particulier des concertos de violon. On le sait d’œuvres emblématiques comme ceux titrés ''La Tempesta di mare'' ou 'L'Inquietudine'', sans parler des fameuses ''Quatre Saisons''. Mais il en est bien d'autres dans lesquels ce rapport étroit se manifeste tout autant. Dans un vocabulaire s'inspirant des figures sonores à la fois mélodiques et rythmiques de ces arias si magistrales. Julien Chauvin et ses musiciens du Concert de la Loge ont opté pour six pièces, la plupart de style tardif, où le sens du théâtre caractérise aussi bien le discours orchestral, ou ritornello, que la partie de violon soliste.

Le triomphe de la théâtralité, on le perçoit dans le Concerto RV 235 en ré mineur. Et ce dès l'Allegro initial nerveux où le violon se voit gratifié des traits les plus originaux. Débutant sotto voce au ritornello, l'Adagio introduit un climat de radieuse beauté, presque voluptueuse, magistral écrin pour l'entrée du soliste dont le chant s'étire généreusement. Suit un finale animé, presque motorique dans la présente exécution. La partie soliste l'est tout autant, bardée de traits virtuoses et de force coups d'archet audacieux, où Chauvin étale un joli brio. Dans le Concerto RV 217 en ré majeur, la théâtralité se manifeste par l'imprévisibilité dans la conduite de la partie soliste en autant de coups de théâtre. On a l'impression aussi que le violon improvise à l'Allegro d'entame. Le Largo est d'une poésie presque ensorcelante aussi bien au ritornello qu'au violon solo très chantant. L'Allegro final renoue avec la faconde du début tandis que le violon continue de se montrer aussi imprévisible. Le Concerto RV 187 en do majeur offre une extrême inventivité de l'écriture pour le soliste au fil de ses trois mouvements : deux Allegros où le violon se voit gratifier d'arpèges, de jeu en doubles cordes, de sauts de registre impressionnants, et le ritornello de brusques accents, accentués par Chauvin et consorts. Au Largo médian, des grands accords scandés introduisent un climat sombre sur lequel se détache le cantabile du soliste, très orné, qui n'est pas sans rappeler quelque aria mélodieuse d'opéra.

Avec le Concerto RV 387 en si mineur, qui fait partie du répertoire d’Anna Maria, élève préférée de Vivaldi à l'Ospedale della Pietà, on perçoit un ton pathétique nettement en avant au Largo. Celui-ci est construit en variations libres sur une basse chromatique descendante, ce qui apporte une couleur expressive et théâtrale de par l'accompagnement articulé du ritornello qui tranche avec la ligne soliste. Qui est elle-même basée sur la musique d'une des arias de l'opéra Il Giustino. Les deux allegros sont l'un d'un beau lyrisme, l'autre très animé dans un tempo de gigue, ce que Chauvin ne se fait pas faute de souligner. Le Concerto RV 321 en sol mineur promeut un jeu aisé pour l'amateur éclairé, c'est-à-dire dépourvu de difficultés, sans pour autant renoncer à une certaine forme de théâtralité. Comme à l'Allegro initial ''Ballo'' et ses rythmes pointés quasiment déclamatoires. Ce qui se poursuit au Largo, légèrement emphatique dans son débit majestueux, que le soliste épouse de son chant épanoui. L’œuvre se termine par un vigoureux Allegro. Pour conclure, est présenté le Concerto RV 366 ''Il Carbonelli'' en si bémol majeur, du nom de son dédicataire Giovanni Carbonelli. Là encore, pas de virtuosité excessive, même si le premier Allegro offre un tourbillon rageur du ritornello. À part quelques ruptures, la partie de violon ne présente pas d'aspérités. Fort orignal, le ''Grave Adagio'' offre un solo d'un lyrisme mesuré sur une basse discrète et une mini cadence ravissante.

On est séduit par la manière naturelle que Julien Chauvin inculque à son ensemble du Concert de la Loge, contrastée mais sans outrance aucune, juste ''théâtrale''. La rythmique, souvent bien sentie, y est toujours au service de l'expression. Et les instrumentistes déploient une manière ductile enviable et un indéniable zest vivaldien. Il en va de même du jeu du violoniste singulièrement expressif, en parfaite symbiose avec l'ensemble orchestral. La sonorité colorée de Chauvin fait la différence et place ce nouveau CD au rang des belles réalisations de l’Édition Vivaldi. More please !

L'enregistrement, dans la Galerie dorée de l'hôtel de La Vrillière, siège de la Banque de France à Paris, se distingue par son naturel sonore et l'équilibre soigné réalisé entre soliste et ritornello.

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Texte de Jean-Pierre Robert 

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