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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : les sonates pour clavecin et violon de JS Bach

Bach Sonates

  • Johann Sebastian Bach : Intégrale des Sonates pour clavecin et violon, BWV 1014 -1019
  • Stéphanie-Marie Degand (violon), Violaine Cochard (clavecin)
  • 2 CDs MoMadMusic : NMM 071 (Distribution : PIAS)
  • Durée des CDs : 41 min 29 s + 50 min 24 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

Les Sonates pour clavecin obligé et violon de Bach constituent un ensemble d’œuvres d'une immédiate séduction, tant l'art de la conversation en musique y est maîtrisé à la perfection. Violaine Cochard et Stéphanie-Marie Degand en livrent une interprétation d'un poli instrumental et d'une plasticité qui placent cette nouvelle version aux côtés des références au disque.

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« Musique complexe, subtile, exigeante », selon les deux artistes, les Sonates pour clavecin obligé et violon BWV 1014-1019 appartiennent vraisemblablement à la période dite de Cöthen. Elles sont écrites, à l'exception de la sixième et dernière, sur le schéma quadripartite lent-vif-lent-vif, issu du modèle de la sonata di chiesa, c'est-à-dire une sonate en trio : une invention à trois voix pour un échange à deux, entre le violon et la main droite du clavecin, la main gauche se voyant confier le rôle de la basse continue. On a pu y voir une suite des œuvres de cette nature d'Arcangelo Corelli. Question hiérarchie des instruments, si le violon semble tenir la première place, le clavecin ''obligé'' n'est nullement réduit au rôle d'accompagnateur. Selon les dames Cochard et Degand, Bach lui-même indiquait expressément le titre de « Sonates pour ''clavecin et violon'' ou pour ''clavecin avec accompagnement de violon obligé'' ».  

Elles indiquent encore que ces pièces allient la rigueur d'un contrepoint d'Allemagne du nord et la finesse du cantabile italien. Cela se vérifie dès la Sonate N°1 BWV 1014 et ses deux premiers mouvements, tandis que l'Andante privilégie le chant du violon, comme le finale, un Allegro enjoué dans ses répétitions du motif et ses curieux effets de saute-mouton. La Sonate N°2 BWV 1015 se signale par le Dolce du début et le motif sinueux initié par le violon plutôt serein, et l'Andante un poco, en troisième position, dialogue du violon et de la main droite du clavecin et ses notes piquées, produisant un bel effet contrapuntique, jusqu'à une fin comme suspendue. Le Presto final l'emporte par sa thématique séduisante. De la Sonate N°3 BWV 1016, se détachent les deux Adagios : extrêmement expressif pour l'un, offrant, pour l'autre, la sérénité d'une vraie inspiration de Bach, non sans un certain pathétisme dans le dessin violonistique, que le finale dissipe par une réelle faconde. 

Deux Largos distinguent la Sonate N°4 BWV 1017 : le premier, dont la mélodie rappelle une aria de Passion, intense dans sa déclamation émue, le second, développé dans le registre grave de l'instrument à cordes, chant d'une souveraine plénitude. Un Largo introduit aussi la Sonate N°5 BWV 1018 qui voit la partie de clavecin initier le discours dont procède le thème mélancolique du violon, là encore exposé dans le registre grave. Ce long mouvement progresse dans le recueillement jusqu'à la fin et le silence. Comme en écho, l'Adagio est l'expression d'une grande douleur dans la partie de violon et ses accords répétés, alors que le clavecin disserte comme consolateur. Le Vivace final conclut pourtant sur une note plus avenante. La Sonate N°6 BWV 1019 est composée de cinq parties. En fait, un mouvement rapide précède le schéma habituel. Cet Allegro impose un climat tout de clarté, que suit un bref Largo retenu, que l'Allegro N°2 transforme en une jolie badinerie du seul clavecin. Le plus conséquent de la pièce, ce mouvement évolue fluide sous les doigts de Violaine Cochard. On y reconnaît l'art de Bach d'honorer son instrument favori, même au sein d'une sonate en trio. L'Adagio offre une nouvelle séquence expressive. Le troisième Allegro parachève dans la joie une pièce d'une sûre inventivité, les deux partenaires rivalisant de brio en une sorte de dialogue ininterrompu.

C'est le sentiment que donnent les deux musiciennes : un sens du partage, forgé à une longue amitié musicale, une symbiose qu'on sent évidente, un sens inné du rythme et de la couleur, des enchaînements savamment ménagés, pour révéler les divers climats dans la succession des mouvements. Les deux instruments y sont pour beaucoup. Violaine Cochard joue un clavecin construit par Ryo Yoschida, d'après un clavecin allemand de Gottfried Silbermann, et Stéphanie-Marie Degand un violon baroque de Joseph Catenari, de 1710, à la belle sonorité voilée, non brillante.

Les enregistrements, au Studio Sextan à Malakoff, offrent clarté et parfait équilibre des deux voix, relief et présence. Un bel exemple de prise de son chambriste.

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Texte de Jean-Pierre Robert

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