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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Chausson, le littéraire

Chausson le litteraire

  • Ernest Chausson : Chanson perpétuelle op.37. La Tempête op.18. Concert op.21
  • Eléonore Pancrazi, mezzo-soprano ; Louise Pingeot, soprano
  • Pablo Schatzman, violon ; Jean-Michel Dayez, piano & célesta
  • Ensemble Musica Nigella, dir. musicale et reconstitution : Takénori Némoto
  • 1 CD Karthe : K102 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 66 min 05 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise (4/5)
  • Sortie digitale : immédiate - sortie physique : reportée au 23 octobre 2020

Le propos de ce CD est de focaliser sur le rapport étroit entretenu par le compositeur Ernest Chausson avec la littérature, forgé aussi bien auprès de Maurice Bouchor que de Shakespeare. En offrant deux œuvres vocales marquantes, auxquelles est jointe une exécution de son célèbre Concert pour violon, piano et quatuor à cordes. Ces pièces sont interprétées par un collectif de musiciens de talent réunis dans un festival en Pas-de-Calais, Musica Nigella.

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La vaste culture littéraire d'Ernest Chausson l'amena à fréquenter poètes et écrivains comme Maurice Bouchor, dont il mit en musique les ''Poèmes de l'Amour et de la Mer''. Il composa encore son Poème pour violon et orchestre en s'inspirant d'une nouvelle de Tourgueniev, et aussi deux œuvres pour la voix sur des textes de Charles Cros et de Shakespeare. Ce sont ces dernières qui occupent la place de choix de ce disque. La Chanson perpétuelle op.37, de 1898, est écrite sur le poème ''Nocturne'' de Charles Cros. Elle sera la dernière partition achevée de Chausson. Elle est jouée ici dans sa version d'origine pour piano et quatuor à cordes. Elle se situe dans la suite du Poème de l'Amour et de la Mer, dont elle prolonge la poétique, mais en plus tragique : l'histoire d'une femme abandonnée se remémorant de bien doux instants. La partie chantée est précédée et suivie de courts commentaires instrumentaux. Dix ans plus tôt, en 1888, Chausson avait écrit La Tempête op.18, musique de scène orchestrale en douze numéros pour la pièce éponyme de Shakespeare, traduite en français par Bouchor. Partant de l'information selon laquelle il aurait existé une version de l'œuvre réduite à 5 pièces et pour une formation de chambre, Takénori Némoto s'est attaché à en réaliser la reconstitution pour voix, flûte, trio à cordes, harpe et célesta. Trois des 5 morceaux sont vocaux : le ''Chant d'Ariel'', pour soprano, correspondant au début de la pièce (acte I, scène 1), d'une écriture expressive et toute en légèreté, puis le ''Duo de Junon et de Cérès'' (acte IV), pour mezzo-soprano et soprano, et enfin la ''Chanson d'Ariel'', à l'acte V, de facture mélancolique. Les sections instrumentales se situent en seconde et quatrième position : ''Air de danse'' (acte III), intermède joyeux et bucolique, et ''Danse rustique'' (acte IV), introduite par un aérien solo de flûte. Ces deux œuvres sont interprétées avec goût par les présents musiciens, n'était une partie peu à l'aise de la part de la soprano.

Le Concert pour violon, piano et quatuor à cordes op.21, de 1889, est une des œuvres majeures de Chausson. Cette singulière combinaison instrumentale ne doit pas conduire à la considérer comme un sextuor. Mais plutôt comme une conversation en musique dans la tradition du ''concert'' comme pratiqué au XVIIIème siècle, où les quatre voix du quatuor à cordes dialoguent entre elles et avec les deux solistes, violon et piano. Le procédé franckiste du thème cyclique se retrouve dans ses quatre mouvements : ''Décidé'', mouvement « porté tour à tour vers l'inquiétude ou l'agitation, vers des élans passionnés ou retenus » (Jean Gallois) ; puis  ''Sicilienne'' et son élégant balancement, morceau d'une fulgurante beauté ; ''Grave'' ensuite, centre organique de l'œuvre, plainte obsessionnelle sur une lugubre pédale du piano, qui conduit à une interrogation lourde de sens, et ce malgré une section plus élégiaque ; ''Très animé'', enfin, en contraste total, pour un finale qui « resplendit d'une éloquence limpide », le tempo allant de l'avant, irrésistible. De cette œuvre magistrale où pas une note ne semble de trop, tant l'inspiration demeure continûment au sommet, Pablo Schatzman (violon), Jean-Michel Dayez (piano) et les membres de Musica Nigella offrent une interprétation nourrie, généreuse, soucieuse des équilibres et des contrastes de couleurs.

Les enregistrements, en partie live durant le Festival Musica Nigella de 2019, offrent pour les deux œuvres vocales une acoustique vaste, flattant peu les voix placées à gauche du spectre et captées dans une sorte de résonance, même si l'ensemble instrumental l'est de manière satisfaisante. Ce dernier, dans le Concert op.21, est saisi clair et immédiat quoique pas toujours amène avec la sonorité du violon solo.

Texte de Jean-Pierre Robert

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