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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

Concert : un savoureux concert Offenbach à La Monnaie

Jodie Devos
Jodie Devos ©DR

  • Jacques Offenbach : Airs pour soprano colorature extraits de Vert-Vert, Mesdames de la Halle, Fantasio, Les Contes d'Hoffmann, Orphée aux Enfers, Le Roi Carotte, Un Mari à la porte, Robinson Crusoé
  • Extraits instrumentaux tirés de Orphée aux Enfers, Les Contes d'Hoffmann, La Vie parisienne,
  • Harmonies du soir, op. 68. ''Les Larmes de Jacqueline'', extrait des Harmonies des bois, op. 76
  • Jodie Devos, soprano
  • Ensemble Contraste : Arnaud Thorette (alto et direction artistique), Antoine Pierlot (violoncelle), Jean-Luc Votano (clarinette), Johan Farjot (piano et transcriptions & arrangements)
  • Théâtre de La Monnaie, Bruxelles, vendredi 13 décembre 2019 à 20 h
  • https://www.lamonnaie.be/fr

Dans le cadre de sa saison de récitals 2019-2020, et en parallèle à la nouvelle production des Contes d'Hoffmann, La Monnaie présentait un concert Offenbach marqué au coin de l'originalité. Car faire chanter une poignée d'airs colorature accompagnés par le souffle de seulement quatre instrumentistes relève de la gageure. Pari réussi pourtant, avec panache tant ce quintette a de la faconde à revendre. 

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 L'idée d'un programme conçu autour d'airs de soprano colorature de Jacques Offenbach, on la doit au Palazzetto Bru Zane, Centre de musique romantique française, qui est aussi à l'origine d'une parution discographique il y a quelques mois, à l'orée de l'année du bicentenaire : ''Offenbach Colorature'' (Alpha). Voici que pour clore ces célébrations, la soprano Jodie Devos réitère l'exploit au concert dans sa mère patrie, dernière étape d’une tournée initiée en France. Si le choix des airs est identique à celui du disque, il est une différence de taille quant à l'accompagnement, réduit cette fois à un singulier quatuor de musiciens, savoir piano, alto, violoncelle et clarinette. Ce qui confère une toute autre perspective à ces pages déjà emplies de trouvailles savoureuses. Et signe une approche créant « un véritable esprit de troupe », remarque-t-elle.

Dans les arrangements effectués avec goût et une bonne dose d'imagination par Johan Farjot, non seulement l'esprit est conservé, mais aussi ce que la chanteuse appelle « la pâte sonore », faisant éclore des couleurs insoupçonnées. Où la ligne mélodique est souvent confiée à la clarinette, ce qui ne manque pas d'offrir des clins d'œil coquins ou à l'inverse un climat d'une profondeur rêveuse. Ainsi de la romance de Rosée du soir, extraite de l'opéra-bouffe-féérie Le Roi Carotte, ''Petites fleurs que j'ai vu naître'', qui s'envole vers des ornementations suraiguës, ici soutenues par la clarinette. Jodie Devos interprète ces pages avec un grand naturel jusque dans les vocalises les plus ardues, préservant l'intelligibilité du texte et la belle élégance de la langue, et partant, la qualité littéraire des textes dont Offenbach se souciait par dessus tout. Pour une galerie de portraits féminins d'une rare pertinence. Ainsi de la femme indépendante comme Ciboulette de l'opérette bouffe Mesdames de la Halle, et son adorable refrain ''Je suis la petite fruitière que jalousent tous les marchands''. Ou du personnage d'Elsbeth de Fantasio, « femme amoureuse qui s'accomplit dans l'amour qu'elle désire, et non pas celui qu'on lui impose ». La chanteuse s'identifie à chacune de ces héroïnes avec le plus grand naturel, démontrant des talents d'actrice déjà confirmée. Enfin les fameuses pirouettes vocales, loin de faire figure d'exercice de pure virtuosité, sont abordées « afin qu'elles paraissent simples ». C'est le cas de l'air de la poupée Olympia des Contes d'Hoffmann, traité par la chanteuse dans un vrai souci de raffinement musical, alors même qu'elle donne la version encore plus acrobatique dans l'aigu que celle pratiquée habituellement. Les ''Couplets d'Eurydice : Ma mort m'apparaît souriante'', tiré d'Orphée aux Enfers instaurent une note soudain plus grave, où Jodie Devos déploie une ligne de chant immaculée.

Jodie Devos Ensemble Contraste 
Jodie Devos & l'Ensemble Contraste ©DR 

Si l'essentiel du concert est dévolu à la voix, les airs sont cependant assortis de pages instrumentales, ce qui créé de subtils enchaînements. Là encore la formation chambriste apporte une saveur toute particulière à l'inspiration du maître. Ainsi de l''Entr'acte et Barcarolle'' qui débute l'acte de Venise des Contes d'Hoffmann, où l'atmosphère est toute de finesse. La barcarolle est introduite par le violoncelle dont le chant se substitue ici au pénétrant ''Belle nuit, ô nuit d'amour'' de Nicklausse. Le ''Pot-pourri en forme de fantaisie sur Orphée aux Enfers'', dans un arrangement pour clarinette et piano de Johan Farjot, d'après celui pour piano à quatre mains effectué dans les années 1869, offre un piquant kaléidoscope des morceaux les plus connus de l'opérette. Il en va de même du ''Menuet et Galop infernal'', extrait de cette œuvre, qui culmine sur le fameux cancan, joué ici avec un brio pour le moins communicatif. Quant à l''Air du Brésilien'', tiré de La Vie parisienne, son arrangement purement instrumental est d'une réelle cocasserie, car le quatuor simule un air de ténor. Deux autres morceaux méritent le détour. Harmonies du soir, op. 68, dans une transcription pour alto et piano de l'original pour violoncelle, se termine par une éloquente cadence de l'alto. Quant à la pièce intitulée ''Les larmes de Jacqueline'', extraite des Harmonies des bois, op.76 (1853), sa mélodie toute mélancolique rappelle combien était souveraine la maîtrise d'Offenbach pour le violoncelle, lequel lui offrit ses premiers emplois de musicien d'orchestre.

Le celliste Antoine Pierlot, tout comme ses acolytes Johan Farjot au piano, Arnaud Thorette à l'alto et Jean-Luc Votano, intarissable à la clarinette, enluminent ces pages avec infiniment de goût et une jolie faconde. En bis, ils offrent à un public conquis deux airs tirés des opérettes Les Bavards et Le Voyage dans la lune : des dames qui ne s'en laissent pas compter et font étalage d'humeurs malicieuses ou massacrantes. Là encore la chanteuse montre combien ce naturel qui est sa marque, se conjugue avec d'exceptionnelles aptitudes vocales et un non moins vrai talent scénique, sans parler d'une justesse de ton qui lui vaut la sympathie.  

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Texte de Jean-Pierre Robert



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