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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Charles Richard-Hamelin joue les Ballades et Impromptus de Chopin

Hamelin Ballades Chopin

  • Frédéric Chopin : Ballades N° 1 op. 23, N° 2, op. 38, N° 3, op. 47 & N° 4, op. 52. Impromptus N° 1, op. 29, N° 2, op. 36, N° 3, op. 51. Fantaisie-Impromptu op. posth. 66
  • Charles Richard-Hamelin, piano
  • 1 CD Analekta : AN 29145 (Distribution : Outhere Music)
  • Durée du CD : 59 min 38 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5) 

Le pianiste canadien Charles Richard-Hamelin offre pour son troisième CD consacré à Chopin l'intégrale des Ballades et Impromptus. Intéressant couplage qui révèle des interprétations toutes en finesse et d'une belle imagination dans la technique de jeu.  

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Chopin compose ses quatre ballades entre 1831 et 1842. On a prétendu, en se référant à une entrevue du musicien avec Robert Schumann, que ces œuvres trouveraient leur origine dans des récits du poète polonais Adam Mickiewicz. Ce qui n'est pas certain lorsqu'on connaît l'aversion de Chopin pour les références littéraires et sa nette préférence pour la notion de musique pure. Quoi qu'il en soit, ces pièces constituent les premières ballades instrumentales, le genre étant jusqu'alors réservé à des morceaux vocaux. La liberté de la forme en est le maître-mot, ce qui n'empêche pas le souffle narratif, que Charles Richard-Hamelin déploie à profusion. Singulièrement dans la Ballade N°1 op.23 en sol mineur, avec des ralentissements et autres pauses, notamment avant la phrase finale. Un mélange de tempos retenus et très rapides qui confère à sa vision un léger manque de spontanéité. Rien de tel dans la Ballade N°2 op.38 en fa majeur où le pastoral côtoie le fiévreux, savoir un andantino serein que suit un épisode vigoureux, jusqu'à ce que les deux modes s'entremêlent, même si la force semble l'emporter. La Ballade N°3 op.47 en la bémol majeur offre une atmosphère plus claire, le schéma conflictuel des deux précédentes pièces laissant la place à ce que le pianiste Alfred Cortot qualifie de « conjonction d'idées » : un tendre dialogue qui se résout dans un tempo ondoyant de barcarolle et progresse dans un halo presque orchestral jusqu'à une conclusion triomphante. La Ballade N°4 op.52 en fa mineur, la plus développée, achevée à Paris en 1842, est méditative et plus lyrique encore que la troisième. Elle annonce le style tardif de Chopin. Après une introduction douce, le 2ème thème est pure rêverie, travaillé subtilement en des sortes de variations aux étonnantes transitions jusqu'à l'agitato final superposant ses divers motifs. À la fluidité élégiaque succède la pression libérée. Ce passage difficultueux est surmonté avec une belle aisance par Charles Richard-Hamelin.

Les impromptus offrent plus de simplicité et ils sont proches de l'improvisation. Là où, selon Cortot, « la musique doit paraître en quelque sorte naître sous les doigts de l'exécutant ». Mais Chopin transcende comme toujours cette matière, fût-elle du ressort de la miniature en son schéma ABA où la section médiane est plus introspective. Comme il en est de l'Impromptu N°1 op.29 en la bémol majeur, où la fluidité est primordiale. L'Impromptu N°2 op.36 en fa dièse majeur est proche du nocturne, un chant modulant de manière extrêmement libre. Dans l'Impromptu N°3 op.51 en sol bémol majeur, le thème nonchalant se teinte de mélancolie, encore plus marquée dans la section centrale sostenuto. Quant à la Fantaisie-Impromptu en do dièse mineur, op. posth.66, pourtant la première composée, en 1834, elle est toute séduction dans son amorce rapide foisonnante puis son chant s'épanchant généreusement, proche de l'abandon. Ce que Charles Richard-Hamelin traduit souverainement, et ne fera pas démentir le statut accolé à cette pièce de la plus populaire des quatre.

Ce récital Chopin devrait permettre de mieux connaître ce pianiste canadien, déjà auréolé de la gloire de plusieurs prix internationaux, dont une Médaille d'argent au Concours de Varsovie 2015. Dans un répertoire très fréquenté au disque, Charles Richard-Hamelin se taille une place de choix par une extrême sensibilité, un jeu lumineux et très pensé. Jamais ne cherche-t-il à faire étalage de virtuosité gratuite lorsque la palette requiert l'épique, encore moins de pathos. Son instrument est magnifiquement enregistré dans une des salles du Palais Montcalm de Québec.

Texte de Jean-Pierre Robert

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