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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Concertos de violon on ne peut plus virtuoses

Virtuosissimo

  • ''Virtuosissimo''
  • Pietro Antonio Locatelli : Concerto N° 1 en ré majeur, extrait de ''L'arte del violino'' Op. 3
  • Johann Georg Pisendel : Concerto en sol mineur
  • Jean-Marie Leclair : Concerto en ré majeur Op. 7, n° 2
  • Giuseppe Tartini : Concert en la mineur ''Lunardo Venier ''
  • Georg Philipp Telemann : Concerto en si bémol majeur
  • Il Pomo d'Oro, Dmitry Sinkovsky, violon et direction
  • 1 CD Naïve : OP30576 (Distribution : Believe Group)
  • Durée du CD : 77 min
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

La période baroque a valorisé avec le concerto de soliste, singulièrement de violon, un type de composition qu'on appelle virtuose. Antonio Vivaldi lui a donné ses lettres de noblesse en même temps qu'il introduisait la pratique de la cadence ou séquence libre laissée à la discrétion du soliste pour étaler ses talents de virtuose, voire d'improvisateur. Le présent disque décline cette notion d'hyper virtuosité au fil de cinq œuvres violonistiques de ses contemporains jouées par un maître russe de l'archet.  

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Giuseppe Tartini (1692-1770), le plus grand violoniste de son temps, a commis quelques 125 concertos pour l'instrument, dont le fameux ''Trilles du diable''. Il est pourtant célèbre aussi bien pour ses acrobaties techniques que pour son style cantabile. C'est d'ailleurs ainsi qu'il débute son Concerto en la mineur, par un Andante cantabile, alors que le mouvement Allegro assai est traversé de moments élégiaques. L'Andante qui suit est un modèle de mélodisme, par une longue méditation sereine où le violon dialogue avec les tutti orchestraux dans une harmonie parfaite. L'œuvre se conclut par un Presto truffé de trilles généreux. Pietro Locatelli (1695-1764) a entre autres composé un ''Arte del violino''. Le Concerto n° 1 en ré majeur de cet op. 3 est constitué de deux mouvements rapides encadrant un Largo orné, et munis d'un ''Capriccio'', cadence très élaborée où le violon se met en scène et soliloque avec larges sauts d'intervalles, moulinets et autres traits ébouriffants. Le français Jean-Marie Leclair (1697-1764) mêle habilement les styles français et italien dans son Concerto en ré majeur op. 7 N° 2. Il est en quatre mouvements selon le modèle de la sonate d'église : après une brève section Adagio, l'Allegro dénote une élégance toute française aussi bien à l'orchestre que pour ce qui est de la partie soliste qui reste circonscrite dans un discours virtuose bien plus raisonnable que celui de ses confrères italiens. Le second Adagio installe un suave cantabile du violon et l'Allegro final paie sa dette au genre italien par une profusion de traits paroxystiques.    

Johann Georg Pisendel (1688-1755) était également un talentueux violoniste, pour qui JS Bach a écrit ses Sonates et Partitas pour violon seul. Il a lui-même peu composé. Aussi son Concerto en sol mineur est-il une rareté. En quatre mouvements, il fait la part belle au soliste dont la partie est richement ornementée, en particulier dans les deux sections rapides, tandis que le Largo bien chantant est presque rêveur. Tout le contraire du prolixe Georg Philipp Telemann. Son Concerto en si bémol majeur, dédié à Pisendel précisément, est d'une complexité redoutable, extrêmement exigeante. Au Largo hypnotique, s'enchaîne un Vivace où le soliste tresse une ligne élégante sur un accompagnement bondissant. Mais l'originalité revient au Sempre piano qui suit : sur un lit de cordes pianissimo, à la limite du murmure, la mélopée du violon se détache, qui n'a rien à envier à celle d'une voix humaine tant le débit est suave, pour finir proche du silence. Le finale Allegro offre un plaisant contraste de son volontarisme, que le violon pare d'effets de rebonds.

Ces pièces sont interprétées par le violon solaire et bien sûr virtuose de Dmitry Sinkovsky. Violoniste, chef d'orchestre et chanteur, il s'est déjà produit avec les plus prestigieux ensembles baroques du moment, comme Il Pomo d'Oro qu'il dirige ici. La palette est d'une exceptionnelle étendue, d'une extrême douceur dans le registre cantabile, alors que les traits de haute voltige technique sont ménagés avec une apparente aisance, leur conférant tout sauf une allure d'exercice pyrotechnique. Car qu'est-ce que la virtuosité en musique ? Une prouesse inaccessible ? Une maîtrise absolue de la technique instrumentale ? Ou plus que cela : un jeu vertueux, selon l'origine italienne et avant elle, latine, du mot virtuose. L'écrin que lui fait Il Pomo d'Oro, d'une belle homogénéité, est parfaitement en accord avec cette vision souveraine.

Dans l'ambiance joliment réverbérée d'une villa italienne, l'image sonore est raffinée mettant bien en valeur le soliste.

Texte de Jean-Pierre Robert

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